La guerre en ukraine fait à nouveau parler d’elle. Vendredi dernier, la Russie a mené une vaste série de frappes sur plusieurs villes d’Ukraine, dont la capitale Kiev, avec « un nombre record de missiles ». Des frappes qualifiées par le secrétaire général de l’ONU d’« effroyables », alors que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a affirmé que « la Russie a utilisé presque tous les types d’armes de son arsenal » et que la Pologne, pays membre de l’Otan, a dénoncé une « violation » de son espace aérien « par un missile de croisière », appelant la Russie à « cesser immédiatement ce genre d’opération ».
Dénonçant des « frappes lâches », le chef de la diplomatie de l’Union Européenne (UE), Josep Borrell, a promis que l’UE se tiendrait « aux côtés de l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra ». De son côté, le secrétaire général adjoint de l’Onu, Mohamed Khiari, a affirmé, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité vendredi à New York, que l’Organisation soutient toujours Kiev, estimant que les dernières frappes « ne sont que les dernières d’une série d’attaques de plus en plus fréquentes de la part de la Fédération de Russie ».
Côté russe, Moscou s’est limité à indiquer que « toutes les cibles avaient été atteintes », affirmant avoir visé, lors de plus de 50 frappes, dont une « d’envergure » entre le 23 et 29 décembre, des infrastructures militaires, des dépôts de munitions et des lieux de déploiement des soldats ukrainiens.
En riposte, l’armée ukrainienne a mené samedi 30 décembre une attaque meurtrière qui a fait une vingtaine de morts et une centaine de blessés à Belgorod, une ville russe proche de la frontière. La frappe la plus meurtrière pour les civils en Russie depuis le début du conflit en février 2022 à laquelle la Russie a promis de répliquer.
Ces derniers développements viennent clore une année difficile pour l’Ukraine, marquée par l’échec de sa contre-offensive estivale et une reprise d’initiative des forces de Moscou, qui ont revendiqué la semaine dernière la prise de la ville de Marinka sur le front est. Elles interviennent aussi dans un contexte d’essoufflement de l’aide occidentale à Kiev, tant en Europe qu’aux Etats-Unis, menaçant le pays de manquer de munitions et de fonds. Ce qui a poussé le président américain, Joe Biden, à appeler le Congrès, qui refuse pour l’heure d’allouer plus d’argent à Kiev, à « agir sans plus attendre » après ces « bombardements massifs ». Alors que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté, une nouvelle fois, les Etats-Unis à maintenir leur assistance. En revanche, le premier ministre britannique, Rishi Sunak, a annoncé que son pays avait envoyé à l’Ukraine environ 200 missiles anti-aériens pour renforcer ses défenses et a estimé que ces frappes démontraient que Vladimir Poutine « ne reculera devant rien ».
« Aux premiers temps de la guerre, le soutien militaire et financier occidental à l’Ukraine s’est vite organisé avec pour objectif de permettre à l’Ukraine de vaincre rapidement la Russie. Or, la défaite de la Russie, une grande puissance militaire qui a aussi des alliés, n’est pas facile. Et la guerre s’est prolongée plus que prévu. D’un autre côté, le prolongement de la guerre est voulu par Washington qui veut épuiser Moscou. Or, c’est une arme à double tranchant, car cela risque de finir par un fait accompli, comme ce qui s’est passé avec l’annexion de la Crimée », explique Dr Mona Soliman, professeure de sciences politiques à l’Université du Caire et politologue. Et de conclure : « Moscou n’entend ni faire de concessions, ni se retirer des territoires qu’il a occupés ».
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