Le développement de la guerre en Ukraine, ainsi que la conjoncture internationale sont à l’avantage du président russe. (Photo : Reuters)
Vladimir Poutine tient bon. Fort de ses succès militaires en Ukraine, où la contre-offensive de Kiev s’est soldée par un échec, et des résultats économiques satisfaisants malgré les sanctions occidentales, le président russe a annoncé cette semaine être candidat à sa propre réélection en 2024. L’annonce a été faite lors d’une conversation informelle vendredi 8 décembre entre Vladimir Poutine et des participants à l’opération militaire spéciale de la Russie, à la suite d’une cérémonie au cours de laquelle il a remis des médailles Etoile d’or aux Héros de la Russie. « Je ne cacherai pas que j’ai eu diverses pensées à différents moments. Mais maintenant, vous avez raison, c’est le moment de décider. Je serai candidat à la présidence de la Fédération de Russie », a déclaré Poutine, selon le Kremlin.
Une annonce qui intervient parallèlement à une activité diplomatique intense : discussions avec le président iranien, Ebrahim Raïssi, jeudi 7 décembre à Moscou et visite éclair aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite mercredi 6.
Il s’agit du premier voyage du président russe dans la région depuis l’époque précédant la pandémie de coronavirus et le déclenchement de la guerre envers l’Ukraine, et alors qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt délivré par la Cour Pénale Internationale (CPI). Et comme ni l’Arabie saoudite ni les Emirats arabes unis n’ont signé le traité fondateur de la CPI, ils n’ont aucune obligation d’arrêter le président russe. Deux visites au Golfe axées sur le pétrole et le conflit israélo-palestinien. Mais bien plus : il s’agit notamment pour le Kremlin d’un retour sur la scène diplomatique mondiale.
Parler aux alliés, mais pas que
Vladimir Poutine a d’abord fait escale aux Emirats. Reçu dans l’imposant palais présidentiel d’Abu-Dhabi, il s’est entretenu avec son homologue, Mohamed bin Zayed Al Nahyane. « Grâce à votre position, nos relations ont atteint un niveau sans précédent », a souligné Poutine au début de la rencontre. Le chef de l’Etat russe a assuré que les Emirats étaient « le principal partenaire commercial de la Russie dans le monde arabe », évoquant des « projets dans le secteur du gaz et du pétrole ». A Riyad, Poutine a été reçu par Mohamed bin Salman, le prince héritier de l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut. « Rien ne peut empêcher le développement de nos relations amicales », a déclaré le président russe, invitant le dirigeant saoudien à effectuer une visite à Moscou. « Il est très important pour nous tous d’échanger avec vous des informations et des évaluations sur ce qui se passe dans la région. Notre rencontre est certainement opportune », a-t-il ajouté. De son côté, Mohamed bin Salman a estimé que la coopération bilatérale avait « aidé à éliminer des tensions au Moyen-Orient et contribué à améliorer la sécurité », ce qu’elle continuera à faire à l’avenir. Selon le Kremlin, les deux hommes ont parlé des investissements, ainsi que de « leur coopération dans le secteur de l’énergie », garante d’une « situation stable et prévisible » sur le marché international.
Aussitôt de retour à Moscou, Poutine a loué l’étendue des liens entre Moscou et Téhéran, en recevant au Kremlin son homologue iranien, Ebrahim Raïssi, pour des pourparlers devant notamment aborder le conflit israélo-palestinien. « Nos relations se développent très bien », s’est félicité Poutine, qui a cité de « grands projets d’infrastructure » communs et la coopération dans le secteur de l’énergie et dans « presque tous les domaines ». Il a aussi indiqué que Moscou et Téhéran devraient signer « dans les tous derniers jours de décembre » un accord sur la création d’une zone de libre-échange entre l’Iran et l’Union économique eurasiatique chapeautée par Moscou et réunissant d’ex-républiques soviétiques.
Vladimir Poutine, que les Occidentaux cherchent à isoler depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, s’est un temps fait plus rare à l’étranger en réservant ses déplacements à ses plus proches alliés, mais il effectue un retour sur la scène internationale. Cette fois, il fait le choix de rendre visite à des partenaires économiques jugés importants. Désormais, Poutine voit un contexte international plus favorable à ses intérêts. La contre-offensive ukrainienne, très attendue, s’est fracassée cet été contre les défenses russes. Quant au soutien jusqu’alors inconditionnel des Occidentaux à Kiev, il montre des signes d’effritement, à la faveur des divisions politiques, comme l’espérait le Kremlin. Après une longue absence de la scène internationale, le président russe profite ainsi de la guerre à Gaza et du manque de confiance du monde arabe qui s’en est suivi par rapport aux Etats-Unis pour revenir au-devant de la scène.
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