La colonisation, illégale mais ininterrompue
Les colonies constituent une « violation flagrante du droit international ». Tous les secrétaires généraux de l’Onu qui se sont succédé ces trente dernières années n’ont cessé de le répéter. Tout comme l’ensemble des leaders mondiaux. Mais rien n’y fait. Israël poursuit sans relâche sa politique de colonisation. Outre l’annonce régulière de projets de construction de nouvelles colonies ou d’extension de celles existantes, Israël en simplifie davantage les procédures. Depuis juin dernier, là où, auparavant, il fallait franchir six étapes avant que les projets soient définitivement validés, il n’y en a plus que deux. Bezalel Smotrich donnera le feu vert initial, puis la proposition sera revue par un comité de planification. Aucune autre instance politique ou militaire ne sera impliquée. Smotrich a clairement fait savoir qu’il entendait doubler le nombre de colons israéliens en Cisjordanie. Le nombre des colons frôle les 700 000, avec 208 000 colons à Jérusalem-Est et 399 000 dans la zone C, en Cisjordanie. Depuis 2007, plus de 13 000 colons s’installent en moyenne chaque année dans les territoires occupés.
Dangereuse judaïsation de Jérusalem
Jérusalem est l’une des questions les plus épineuses qui, lors de la signature des Accords d’Oslo, devait être reléguées aux discussions finales, à l’instar de la question des réfugiés, de celle des colonies et de celle des frontières. Car bien avant Oslo, en 1980, Jérusalem a été déclarée capitale « indivisible » d’Israël par une loi fondamentale votée à la Knesset. Pour les Israéliens, qu’importe le monde entier, Jérusalem est leur capitale. Ce que ne reconnaît pas la communauté internationale. Jusqu’à ce que Donald Trump casse le consensus international en reconnaissant, en 2017, Jérusalem en tant que capitale d’Israël et y transfert, un an plus tard, l’ambassade de son pays. Jérusalem-Est reste, en revanche, considérée comme un « territoire occupé » du point de vue du droit international. Elle est censée être la future capitale d’un hypothétique Etat palestinien. Mais Israël oeuvre depuis des années à judaïser la ville sainte : destruction de maisons de Palestiniens, expulsions de familles palestiniennes, changement des noms de rues. Un vaste programme de judaïsation portant sur le patrimoine archéologique, historique et culturel en même temps qu’une politique de colonisation au détriment de la population palestinienne et de son identité. Une stratégie agressive que les autorités israéliennes mettent en oeuvre pour assurer leur domination physique de la ville à travers de nombreuses mesures politiques destinées à créer une intégrité géographique et une supériorité démographique en faveur d’une « Jérusalem juive ». Cette stratégie s’est intensifiée à partir des années 2000 sous la forme d’une instrumentalisation du passé et du sacré. Et se poursuit toujours au vu et au su du monde entier.
Les ambitions d’une annexion de la Cisjordanie
Juin 2023, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, farouche partisan du Grand Israël, est nommé à la tête de l’organe de planification des colonies, une instance qui relevait jusque-là du ministère de la Défense. Sa nomination est considérée un pas important vers une annexion de la Cisjordanie. L’objectif de Smotrich, clairement énoncé dans l’accord de coalition négocié par son parti avec Netanyahu, est de contraindre ce dernier à travailler à l’annexion formelle de la Cisjordanie. Un plan qu’il a dévoilé en août dernier qui comprend la suppression de toute restriction de construction ou d’expansion des colonies en Cisjordanie et le gel des subventions aux municipalités palestiniennes. En mars dernier déjà, Smotrich s’était vu accordé le pouvoir civil sur la zone C de la Cisjordanie (voir sous-encadré sur les différentes zones). Netanyahu avait mis en suspens son plan officiel d’annexion de larges pans de la Cisjordanie pour permettre justement à Israël de normaliser ses relations avec plusieurs pays arabes à travers les Accords d’Abraham conclus en 2020. Or, selon The Times of Israël, l’engagement israélien avait une échéance. Le journal israélien affirme que le président américain de l’époque, Donald Trump, s’était engagé que Washington ne reconnaîtrait aucune initiative d’annexion de la part d’Israël jusqu’en 2024 au plus tôt. C’est-à-dire qu’après cette date, ce serait possible.
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