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L’Ukraine en quête d’encore plus de soutien

Abir Taleb , (avec Agences) , Vendredi, 15 septembre 2023

L’Ukraine hausse le ton contre ses alliés occidentaux et réclame davantage d’armes lourdes, justifiant la lenteur de sa contre-offensive par l’insuffisance de l’aide militaire occidentale.

L’Ukraine en quête d’encore plus de soutien
La défense aérienne ukrainienne a affirmé, dimanche 10 septembre, avoir abattu plus d’une vingtaine de drones russes qui visaient Kiev.

Kiev le reconnaît : la contre-offensive qu’elle a lancée en juin dernier piétine. Elle s’est heurtée à de puissantes lignes de défense construites par les Russes, faites notamment de champs de mines et de pièges antichars. Un aveu d’échec de la part de l’Ukraine ? Sans doute pas. Kiev marchande pour obtenir davantage d’aides militaires de la part des Occidentaux. En reconnaissant une « lenteur » dans sa contre-offensive, Kiev entend faire porter la responsabilité à ses alliés occidentaux. Son objectif : obtenir encore plus d’armement, encore plus d’argent.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky l’a, en effet, dit clairement cette semaine, reconnaissant que la Russie, forte de sa supériorité aérienne, était en train de stopper la contre-offensive ukrainienne. « Si nous ne sommes pas dans le ciel et que la Russie l’est, elle nous arrête depuis le ciel. Ils stoppent notre contre-offensive », a déclaré, lors d’une conférence à Kiev, le président ukrainien, dénonçant en outre « des processus qui deviennent plus compliqués et plus lents, s’agissant des sanctions ou de l’approvisionnement en armes » occidentales. « La guerre ralentit, on reconnaît ce fait », a-t-il dit, ajoutant : « Quand des partenaires nous disent quelle est la prochaine étape de la contre-offensive, ma réponse est qu’aujourd’hui, nos étapes sont plus rapides probablement que les nouveaux paquets de sanctions » visant la Russie.

Quant au nouveau ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, il a réclamé vendredi 8 septembre aux Occidentaux de fournir « davantage d’armes lourdes » à son pays. « Nous en avons besoin aujourd’hui. Nous en avons besoin maintenant », a-t-il insisté. « Les guerriers ukrainiens sacrifient aujourd’hui leurs vies pour les valeurs fondamentales de démocratie et de liberté. Ils ont besoin d’un soutien de votre part, chers partenaires. Et ce soutien, ce sont des armes », a souligné le ministre, deux jours après sa nomination.

L’Ukraine se plaint régulièrement de la lenteur des mesures de rétorsion censées freiner l’effort de guerre russe. Volodymyr Zelensky a une nouvelle fois souligné que si les Occidentaux livraient plus vite des munitions de longues portées, qui permettent de pilonner les défenses, les arrières et la logistique russes, l’armée ukrainienne avancerait également plus vite. Pour le moment, les Occidentaux n’ont livré qu’au compte-gouttes des munitions de ce type, de crainte que Kiev ne s’en serve, malgré ses promesses, pour pilonner le territoire russe, ce qui pourrait entraîner une escalade de la guerre. En même temps, l’Ukraine se plaint aussi depuis des mois de la lenteur des négociations sur la livraison de chasseurs F-16, alors que le pays ne dispose que d’une flotte réduite et vieillissante d’avions élaborés à l’époque soviétique.

Un total d’un milliard de dollars d’aide américaine

Pour pousser les Occidentaux à faire plus et plus vite, Kiev a également admis que la Russie avait déployé plus de 420 000 soldats dans les zones occupées dans l’est et le sud de l’Ukraine, dont la Crimée, annexée par la Russie en 2014. C’est ce qu’a déclaré Vadym Skibitsky, chef adjoint du renseignement au sein du ministère ukrainien de la Défense, samedi 9 septembre. Ce chiffre, a-t-il dit, « n’inclut pas la Garde nationale russe et d’autres structures spéciales chargées de maintenir le pouvoir d’occupation sur nos territoires ». Selon le responsable, la Russie utilise, depuis un mois, la Crimée pour « attaquer des infrastructures portuaires » dans le sud de l’Ukraine. Parallèlement, le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, a affirmé samedi 9 septembre, lors d’une rare apparition publique pendant la conférence internationale Yalta European Strategy (YES) à Kiev, que les frappes ukrainiennes contre la Russie visaient « avant tout des entreprises du complexe militaroindustriel russe ».

Toutes ces déclarations sont intervenues suite à la visite du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, à Kiev, les 6 et 7 septembre. Pour Washington, cette visite surprise, la 4e depuis le début de la guerre, vient réaffirmer le soutien des Etats-Unis à l’Ukraine. Et pour preuve, Blinken a annoncé une nouvelle aide « totalisant plus d’un milliard de dollars » pour faire face à « l’invasion russe ». « Les Etats-Unis se sont engagés à donner à l’Ukravw ine les moyens d’écrire elle-même son avenir ». C’est dire que Washington ne lésine pas dans son soutien à l’Ukraine. Mais l’Ukraine veut, semble-t-il, plus pour inverser la donne sur le terrain. En attendant, la guerre des drones se poursuit. Dimanche 10 septembre, la défense aérienne ukrainienne a affirmé avoir abattu plus d’une vingtaine de drones russes qui visaient Kiev dimanche à l’aube, ont annoncé les autorités ukrainiennes, qui ont fait état d’un blessé par des chutes de débris. « Des drones sont entrés dans la capitale par groupes et depuis des directions différentes. Les forces de défense aérienne ont réussi à détruire plus de deux douzaines de drones ennemis », a indiqué l’administration militaire de Kiev sur son compte Telegram. En même temps, l’Ukraine continue de lancer drone sur drone à l’intérieur du territoire russe, en ciblant tout particulièrement Moscou.

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