La guerre arrive-t-elle en Russie, comme l’a déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky ? Ce dernier a affirmé, dimanche 30 juillet : « Progressivement, la guerre revient sur le territoire de la Russie, dans ses centres symboliques et ses bases militaires, et c’est un processus inévitable, naturel et absolument juste ». Et ce, alors que la Russie a annoncé, le même jour, avoir repoussé deux attaques distinctes de drones ukrainiens. Sans faire de victimes, ces attaques ont visé la Crimée annexée et l’aéroport international Vnoukovo, dans le sud-ouest de Moscou. Ce dernier a été brièvement fermé au trafic et les vols déroutés, avant d’annoncer leur reprise peu après. « Seize drones ukrainiens ont été détruits par la défense anti-aérienne en Crimée », a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué, tout en ajoutant que « neuf autres drones ukrainiens ont été neutralisés par des moyens de guerre électronique et se sont écrasés dans la mer Noire ». Ce n’est pas la première fois que l’armée ukrainienne frappe cet aéroport. Vendredi 28 juillet, le Kremlin a dit avoir intercepté deux missiles ukrainiens au-dessus du sud-ouest de son territoire, les débris du premier ayant fait au moins 16 blessés dans leur chute sur la ville de Taganrog, proche de la frontière avec l’Ukraine. Plus tôt en juillet, cinq drones ukrainiens ont frappé cet aéroport et ont perturbé son fonctionnement.
En effet, les attaques contre Moscou et ses environs, situés à près de 500 kilomètres de la frontière ukrainienne, étaient assez rares depuis le début du conflit en février 2022, jusqu’à ce que plusieurs incursions de drones se produisent en 2023. Celles rapportées dimanche sont les dernières d’une série d’attaques de drones, dont celle contre le Kremlin et des villes russes près de la frontière avec l’Ukraine, que Moscou attribue à Kiev. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a blâmé ces attaques qui « seraient impossibles sans l’aide apportée au régime de Kiev par les Etats- Unis et ses alliés de l’Otan », selon lui. L’ancien président russe Dmitri Medvedev a, quant à lui, affirmé que la Russie n’hésiterait pas à utiliser l’arme nucléaire en cas de succès de la contre-offensive ukrainienne. Un nouveau risque d’embrasement alors que, côté ukrainien, les combats font rage. L’armée russe a affirmé dimanche avoir frappé la veille un centre de commandement de l’armée ukrainienne à Dnipro, dans le centre-est de l’Ukraine. Près de la frontière, la ville de Soumy a été frappée samedi 29 juillet par un missile russe. La veille, Zaporijia, la grande ville du sud de l’Ukraine, a été la cible d’un fort raid aérien. Autant d’indices qui ne prédisent pas d’une fin prochaine du conflit. « Cette guerre durera longtemps, car chaque côté campe sur sa position et veut réaliser de vrais gains. Les deux camps refusent la défaite, on peut même dire que chaque camp a profité de cette guerre », estime Dr Mona Soliman, politologue. Selon elle, seuls la négociation et le règlement politique pourront mettre fin au conflit.
Mais l’heure des discussions n’a pas encore sonné. Soliman rappelle que « jusque-là, une trentaine de tentatives de médiation ont été proposées par différents pays et organisations ». Si l’objectif est de rapprocher les points de vue et de parvenir à des compromis, « la tâche reste difficile, car les deux rivaux et leurs alliés ne veulent ni céder, ni présenter de concessions ». C’est pourquoi, explique-t-elle, le conflit est devenu une guerre de longue haleine. « Car elle oppose, en effet, la Russie aux alliés de l’Ukraine, c’est-à-dire les vraies puissances influentes dans le monde entier. Et pour elles, cette guerre est un véritable défi qui va donner un nouveau poids au vainqueur », conclut l’analyste.
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