Al-Ahram Hebdo : Lors du premier Sommet Russie-Afrique qui s’est tenu en 2019 à Sotchi, 45 chefs d’Etat africains s’étaient rendus en personne. Cette année, seuls 17 chefs d’Etat étaient présents à Saint-Pétersbourg. Pourquoi ?
Mohamed Abdel-Wahed : Le sommet s’est déroulé dans un timing et dans des circonstances difficiles, alors que les répercussions de la guerre Russie-Ukraine menacent le monde, notamment les pays africains, surtout avec la hausse des prix du carburant et le non-renouvellement de l’accord céréalier, 10 jours avant la tenue du sommet. J’imagine aussi qu’il y a eu des pressions américaines et européennes sur certains chefs d’Etat africains pour ne pas assister au sommet, dans le but de faire échouer la rencontre. Or, ces absences n’ont pas eu d’effets sur le déroulement du sommet.
— Quels sont les gains concrets des pays africains ?
— D’abord, l’effacement par Moscou de 23 milliards de dollars des dettes. Ils ont aussi sécurisé leurs besoins en énergie et en céréales. Notant que les exportations russes de l’énergie en Afrique ont été multipliées par 14 depuis le début de la guerre en Ukraine. Des accords ont été signés dans plusieurs domaines en faveur des deux côtés et sans conditions. Cependant, le volume des échanges commerciaux entre l’Afrique et la Russie, qui est de 18 milliards de dollars, ne correspond pas au niveau des relations et doit être augmenté.
— Et la Russie, qu’a-t-elle gagné ?
— Le premier gain réside dans la rupture de l’isolement international. En plus, Moscou a envoyé un message à l’Occident qu’elle a des partenaires en Afrique. Les pays africains présentent également un important soutien politique pour la Russie dans les forums internationaux. En outre, Moscou a trouvé de nouveaux marchés en Afrique, afin de réduire les répercussions des sanctions internationales qui lui sont imposées. La Russie veut aussi renforcer sa présence et son influence dans le continent. Et ce rassemblement était pour elle l’occasion de lancer certains messages, comme celui d’appeler à créer un ordre mondial multipolaire.
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