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Rania Makram : La stratégie de l’Iran est de diversifier les partenaires

Sabah Sabet , Jeudi, 20 juillet 2023

Rania Makram, experte au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, explique les enjeux de la récente tournée du président iranien, Ebrahim Raïssi, en Afrique de l’Est.

Rania Makram

Al-Ahram Hebdo : Comment évaluez-vous la tournée estafricaine menée la semaine dernière par le président iranien ?

Rania Makram : Cela faisait 11 ans qu’un président iranien n’avait pas foulé l’Afrique, Ahmadinejad était le dernier à se rendre en Afrique en 2013. D’où l’importance de la visite d’Ebrahim Raïssi. Cette visite au Kenya, en Ouganda et au Zimbabwe est un prélude à un retour en force de l’Iran au continent et à la restauration d’alliances ignorées ces 10 dernières années. Car dans sa politique étrangère, l’ancien président Hassan Rohani privilégiait les relations avec l’Occident et avait comme priorité le dossier nucléaire. Désormais, la stratégie de l’Iran est de diversifier les partenaires. Téhéran veut aussi réduire son isolement. Et ce, pour contrer les répercussions des sanctions économiques américaines et leur lourd impact sur l’économie iranienne. L’Iran fait face à de nombreuses crises depuis le rétablissement de ces sanctions suite au retrait unilatéral américain de l’accord nucléaire signé en 2015.

— Le volet économique est-il donc le plus important de cette visite ?

— Cette tournée peut, en effet, être considérée comme un retour iranien à travers le volet économique. La délégation accompagnant le président iranien était essentiellement économique avec des hommes d’affaires, les secteurs public et privé, etc. Et les accords économiques signés entre l’Iran et les trois pays prouvent cela.

— Mais pourquoi ces trois pays ?

— L’Iran a choisi les trois pays en raison des relations étroites qu’il entretient avec eux. Le soft power est l’une des stratégies de l’Iran en Afrique. Au Kenya et au Zimbabwe par exemple, le Croissant-Rouge iranien y joue un rôle important. Par ailleurs, malgré leurs indicateurs économiques modestes par rapport à leur potentiel, ces trois pays sont pleins de richesse. Dans ce contexte, l’Iran trouve d’importantes opportunités d’investissement dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture et des technologies. C’est ce qu’a confirmé Raïssi lors de sa tournée. Il a également expliqué que la part de l’Iran dans l’économie africaine ne dépasse pas 1,2 milliard de dollars. Un chiffre peu important mais qui va sans doute augmenter après les accords signés lors de cette visite. On s’attend à ce que le volume des échanges atteigne plus de 2 milliards de dollars pendant le reste de cette année, selon ce qui a été annoncé par le ministère iranien des Affaires étrangères à l’issue de la tournée de Raïssi.

— Mais la concurrence est grande en Afrique entre les grandes puissances, l’Iran y trouvera-t-il sa place ?

— Actuellement, l’Iran est présent dans différents pays africains à travers ses mécanismes de soft power, ses activités dans plusieurs domaines et sa stratégie basée sur le développement. Vu que Téhéran s’efforce actuellement à améliorer ses relations extérieures, on s’attend à ce que le gouvernement actuel accorde plus d’importance à un retour en Afrique.

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