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L’Otan, la Russie et les autres …

Abir Taleb , (avec Agences) , Jeudi, 20 juillet 2023

De peur d’un élargissement du conflit, l’Otan s’engage à poursuivre son soutien à l’Ukraine sans pour autant acter son adhésion à l’Alliance. Sa stratégie reste cependant dominée par l’action anti-russe. Comme au bon vieux temps.

L’Otan, la Russie et les autres …
Les procédures d’une future adhésion de l’Ukraine à l’Otan étaient au centre des discussions du sommet de Vilnius.

« Depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022, une majorité d’Alliés se sont engagés à investir davantage dans leur défense, et à un rythme plus soutenu ». C’est ce qu’on peut lire sur le site de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Et c’est ce qui signifie que la guerre en Ukraine a bel et bien redéfini l’influence et les priorités des différents Etats membres au sein de l’Alliance, poussé l’organisation à revoir sa stratégie globale et changé la donne pour ce qui est des relations internationales.

Mais comment ce conflit a-t-il touché à l’essence même de l’Otan ? Comment le conflit en Ukraine a-t-il accéléré les changements ? Et quels risques cela représente-t-il sur la guerre ellemême et, plus généralement, sur les relations internationales ?

Pour commencer, revenons aux origines de la création de l’Otan. C’est après la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’avènement de la Guerre froide que naît l’Otan, en 1949. Une alliance militaire qui a pour but d’assurer la sécurité de l’Europe, à l’ouest du rideau de fer. Parallèlement, le Pacte de Varsovie, également une alliance militaire, regroupait les pays d’Europe de l’Est avec leur parrain qu’était alors l’Union soviétique. Chaque camp cherchait à impressionner et à étendre son influence, notamment en termes militaires. Mais la Guerre froide, qui a opposé l’Ouest à l’Est de 1946 jusqu’à 1991, année de la dissolution de l’Union soviétique, a fini par prendre fin. Or, l’Otan y a survécu, pas le Pacte de Varsovie, dissous en 1991.

Autre point, pendant les années de Guerre froide, plusieurs vagues d’élargissement ont eu lieu, le nombre de membres de l’Otan passant de 12 lors de sa création à 31 aujourd’hui, bientôt 32 avec le feu vert donné à la Suède. Avec d’abord l’entrée « naturelle » de pays comme la Grèce et la Turquie, l’ex- Allemagne de l’Ouest et l’Espagne. Mais avec la fin de la Guerre froide, l’Otan commençait à tourner les yeux vers l’Est, malgré un accord tacite que cela ne se produirait pas. L’entrée de pays d’Europe de l’Est n’allait pas de soi dans les premières années qui ont suivi l’après-Guerre froide. D’un côté, tous les membres de l’Alliance atlantique ne voyaient pas d’avantage militaire à son élargissement à l’Est qui signifiait accroître le territoire à défendre tout en faisant entrer des Etats plus faibles, de l’autre, pour certains pays d’Europe centrale, rejoindre l’Otan signifiait retrouver la famille occidentale, à une époque où l’adhésion à l’Union européenne apparaissait comme une lointaine perspective.

Contrer « l’expansion russe »

Et plus l’Otan s’élargissait vers l’Est, plus l’inquiétude de la Russie grandissait. Il y a 30 ans en effet, les frontières de l’Otan étaient situées à 1 200 km de Saint-Pétersbourg ; aujourd’hui, elles ne sont qu’à 100 kilomètres. On oublie souvent que c’est là l’origine du déclenchement du conflit en Ukraine, la Russie voyant d’un très mauvais oeil les forces de l’Alliance à ses portes. Paradoxalement, le processus d’élargissement a été accéléré et le conflit ukrainien a redéfini les priorités : alors que certains pays ont augmenté leur contribution financière en vue de renforcer les capacités militaires communes de l’organisation, la Finlande et la Suède ont mis fin à des décennies de neutralité puis de nonalignement militaire depuis la fin de la Guerre froide.

Quelques heures avant le sommet de l’organisation tenu les 11 et 12 juillet à Vilnius, en Lituanie, la Turquie, qui s’opposait à une adhésion de la Suède, a donné son feu vert. Elle avait fait de même avec la Finlande, qui a rejoint l’Otan en avril dernier. Un revirement de taille d’autant plus que la Finlande détient une armée importante, et surtout qu’elle partage plus de 1 300 kilomètres avec la Russie. Ce qui signifie que l’Otan a désormais 1 300 km terrestres de plus avec la Russie, qui a déjà annoncé renforcer ses capacités militaires à la frontière finlandaise.

Outre ces deux pays, c’est aujourd’hui l’adhésion de l’Ukraine qui est la plus problématique. La question était au centre de la majeure partie des discussions du sommet de Vilnius. Mais contrairement au souhait du président ukrainien, Kiev devra encore patienter et se contenter du soutien, important, que l’Otan continuera à lui fournir. La crainte principale concerne une implication de l’Alliance dans la guerre, comme l’a dit le président américain, Joe Biden, la semaine dernière. Si l’Ukraine entre dans l’Otan « alors que la guerre se poursuit, alors nous serons tous en guerre avec la Russie ». Une référence à l’article 5 du traité, qui prévoit une assistance mutuelle des Etats membres en cas d’agression.

Si l’Otan s’est montrée assez sage à ce sujet, l’animosité avec la Russie, elle, se fait de plus en plus claire. Les commandants de l’Otan ont convenu d’un nouveau plan pour contrer l’expansion russe. Il précise comment les forces doivent être déployées si la Russie attaque dans l’une des trois zones suivantes : l’Arctique et l’Atlantique Nord, l’Europe centrale, ou la région méditerranéenne. L’Otan dispose actuellement de 40 000 soldats qui peuvent être mobilisés à court terme. Il est proposé d’avoir 300 000 soldats prêts à intervenir dans les 30 jours. Il y a un an, lors du sommet de l’organisation tenu en Espagne, les alliés désignaient nommément la Russie comme la principale menace pour l’Alliance. Une position qui ne fait que se durcir.

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