La destruction du barrage de Kakhovka a inondé des dizaines de villages et de villes. (Photo : AP)
D’intenses combats font rage depuis le début de juin dans le sud de l’Ukraine. Les deux camps affirment avoir fait des avancées et l’échec de leurs adversaires. Ainsi, l’armée ukrainienne a revendiqué dimanche dernier la prise d’un village dans le sud. Il s’agit du premier gain territorial annoncé depuis des mois par Kiev, hormis les quelques centaines de mètres gagnés récemment en périphérie de Bakhmout, ville dévastée de l’est de l’Ukraine, dont Moscou a revendiqué la prise en mai. Le président Volodymyr Zelensky a affirmé qu’une contre-offensive contre les forces russes était en cours, tout en refusant de donner des détails sur cette opération prévue de longue date. « Des actions de contre-offensive et défensives ont lieu en Ukraine et je n’en parlerai pas en détail », a déclaré le président au cours d’une conférence de presse avec le premier ministre canadien, Justin Trudeau, en visite surprise à Kiev. Les autorités ukrainiennes entretiennent le flou sur leur stratégie, alors que l’armée russe signale des assauts d’ampleur, y compris avec des équipements livrés par les Occidentaux, sur ses positions, notamment dans le sud de l’Ukraine.
Du côté russe, le président Vladimir Poutine a affirmé que l’armée russe avait repoussé plusieurs attaques et que la contre-offensive ukrainienne avait commencé et avait échoué. « Nous pouvons totalement affirmer que cette offensive a commencé. Les troupes ukrainiennes n’ont atteint leur objectif sur aucun des champs de bataille », a-t-il déclaré, estimant que Kiev, dont l’armée est désormais dotée d’équipements modernes occidentaux, disposait encore d’un potentiel offensif. En effet, l’Ukraine pourra notamment compter sur une nouvelle tranche de 2 milliards de dollars d’aide militaire annoncée par les Etats-Unis, portant principalement sur des équipements de défense antiaérienne et des munitions. Premier pays donateur de l’Ukraine, les Etats-Unis ont livré ou promis plus de 39,7 milliards de dollars d’armements divers aux forces de Kiev depuis le début de l’offensive russe le 24 février 2022.
« On est habitué à ce genre de guerre verbale entre l’Ukraine et la Russie. Les deux rivaux annoncent régulièrement des offensives et des reculs de leurs rivaux. Mais sur le terrain, il n’y a rien de nouveau. Les combats se poursuivent et chaque camp cherche à réaliser des gains importants pour avoir plus de puissance et d’influence lors de prochaines négociations. Cette guerre ne finira pas par les combats. Autrement dit, il n’y aura pas de vainqueurs. La fin de cette guerre se fera sur la table de négociations entre les deux pays », explique Dr Mona Soliman, professeure de sciences politiques, ajoutant que selon l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), « les forces ukrainiennes ont mené des opérations de contre-offensive dans au moins 4 zones du front le 10 juin ». Selon des sources russes, « les forces ukrainiennes disposaient d’avantages tactiques pour mener des assauts de nuit grâce à des équipements fournis par les Occidentaux ». Pour de nombreux observateurs, l’armée ukrainienne pourrait couper les lignes logistiques russes allant du nord au sud le long de la mer d’Azov et isoler le sud et la Crimée. Ces dernières semaines, l’Ukraine a semblé tester les positions russes le long de la ligne de front, du sud à l’est. Il s’agissait, selon les experts, de se préparer avant un assaut pour reprendre les territoires sous contrôle russe, dont la Crimée, annexée en 2014.
De son côté, Moscou jure vouloir prendre l’ensemble du Donbass dans l’est du pays et la totalité des régions méridionales, Kherson et Zaporijia. Cette annonce survient peu après la destruction du barrage hydroélectrique de Kakhovka dans le sud de l’Ukraine. Une catastrophe qui a provoqué l’inondation de dizaines de villes et de villages sur les deux rives du fleuve Dniepr. D’après le dernier bilan du ministère ukrainien de l’Intérieur, 5 personnes sont mortes et 27 sont portées disparues dans les zones sous contrôle ukrainien en raison de cette brusque montée des eaux. Les autorités d’occupation russes ont déploré, de leur côté, au moins 8 morts. Des évacuations de populations locales ont eu lieu sur les deux rives du Dniepr, chaque camp accusant l’autre de continuer à bombarder les zones inondées. 3 000 personnes ont été évacuées des zones sous contrôle ukrainien. S’y ajoutent 5 000 sous contrôle russe. Les deux camps s’accusent mutuellement de la destruction du barrage. L’Institut de sismologie norvégien a indiqué, de son côté, avoir détecté une « explosion » au moment où le barrage a cédé, sans attribuer d’origine à l’explosion.
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