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Ukraine : Souffler sur les braises

Abir Taleb , (avec Agences) , Mercredi, 19 octobre 2022

L’Europe s’apprête à assister militairement l’Ukraine, les Etats-Unis augmentent leur aide militaire, et la Russie persiste et signe. En Ukraine, rien ne va plus. Décryptage.

Ukraine : Souffler sur les braises
(Photo : AFP)

Offensive russe versus contre-offensive ukrainienne. Sur le terrain, la guerre se poursuit. Loin du terrain, la poursuite de la guerre se prépare. Au vu de la conjoncture actuelle, rien ne prédit d’une fin proche de la guerre en Ukraine. Au contraire, toutes les parties semblent jouer avec le feu, et pas seulement celles en conflit. Alors que rien ne semble arrêter la Russie dans ce qu’elle appelle son « opération spéciale », l’Ukraine est de plus en plus soutenue par les pays occidentaux. Lundi 17 octobre, lors d’un Conseil des ministres des Affaires étrangères à Luxembourg, l’Union Européenne (UE) a établi une mission d’assistance à la formation des militaires ukrainiens dite « EUMAM Ukraine ». L’UE s’y était engagée le 30 août dernier à Prague. La France va notamment former « jusqu’à 2000 soldats ukrainiens » sur son sol, a annoncé samedi 15 le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, dans un entretien avec le journal français Le Parisien. Le ministre français a également confirmé la livraison prochaine de systèmes antiaériens Crotale, « particulièrement utiles dans la lutte anti-drones et contre les bombardements aériens », et ce, « dans les deux mois ». Deux quartiers généraux, en Allemagne et en Pologne, permettront de coordonner l’entraînement de 15 000 soldats ukrainiens dans l’ensemble des pays membres de l’UE. La Pologne est déjà l’un des points de passage obligés des armements transférés au gouvernement de Kiev.

Les Etats-Unis, de leur côté, ont annoncé cette semaine 725 millions de dollars supplémentaires d’aide militaire à l’Ukraine. « Ce versement portera le total de l’aide militaire américaine fournie à l’Ukraine à un montant sans précédent de plus de 18,3 milliards de dollars » depuis l’entrée en fonction de Joe Biden, a précisé le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, dans un communiqué. Le Pentagone détaille que le nouveau lot promis par Washington comprend notamment des munitions de Himars, un lance-roquettes monté sur des blindés légers qui joue un rôle important dans les contre-offensives ukrainiennes dans l’est et le sud du pays. Biden l’a clairement dit la semaine dernière en promettant à son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, « de continuer à fournir à l’Ukraine ce dont elle a besoin pour se défendre, y compris des systèmes perfectionnés » de défense antiaérienne.

Poutine : La Russie agit « comme il faut »

Côté russe, les premiers soldats russes du nouveau « groupement militaire » entre Moscou et Minsk sont arrivés samedi en Biélorussie. Ce déploiement survient une semaine après l’annonce de la création de ces troupes communes. Elles sont destinées, selon Minsk, à défendre les frontières biélorusses. Allié de Moscou depuis le début de la guerre, Minsk va donc un peu plus loin. La Russie et la Biélorussie n’ont apporté aucune information sur ce groupement militaire commun, ni sur le nombre d’hommes déployés, ni sur la position de ce déploiement. L’entrée des forces biélorusses chez son voisin marquerait une nouvelle escalade du conflit en Ukraine. Car même si la Biélorussie a déjà prêté son territoire à l’armée russe pour son offensive contre l’Ukraine, l’armée biélorusse n’a jamais participé jusqu’ici aux combats sur le territoire ukrainien. « Du fait de l’aggravation de la situation aux frontières occidentales de l’Union (russo-biélorusse), nous avons convenu de déployer un groupement régional de la Fédération de Russie et de la République de Biélorussie », a justifié le président biélorusse, Alexandre Loukachenko. « L’entraînement en Pologne, en Lituanie et en Ukraine de combattants comprenant des radicaux biélorusses, pour mener des sabotages, des actes terroristes et un soulèvement militaire dans le pays, devient une menace directe », a-t-il dit.

Quant au président russe, Vladimir Poutine, il a déclaré, vendredi 14 octobre, dans une conférence de presse à la sortie d’un sommet régional à Astana, au Kazakhstan, que la Russie faisait « tout comme il faut » en Ukraine, assurant ne pas avoir « pour objectif de détruire l’Ukraine ». Poutine a assuré ne pas prévoir, « dans l’immédiat », de « frappes massives » sur l’Ukraine. Il s’est dit « ouvert » aux négociations avec Kiev et aux médiations de pays tels que la Turquie ou les Emirats arabes unis.

Mais l’option de pourparlers semble lointaine. Tout comme celle de la paix.

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