Les référendums ouvrent la voie à une annexion des régions séparatistes.
Aux promesses d’escalade militaire se sont ajoutés cette semaine les référendums d’annexion par la Russie, du 23 au 27 septembre, dans quatre régions de l’est et du sud de l’Ukraine contrôlées en partie par Moscou. Ces scrutins, fermement condamnés par les Occidentaux, se déroulent dans les régions de Donetsk et de Lougansk, qui forment le Donbass (est), ainsi que dans les zones occupées de Kherson et de Zaporijia, dans le sud. Le résultat ne sera pas une surprise. Le président américain, Joe Biden, a averti du risque de mesures de rétorsion « rapides et sévères » en cas d’annexion, estimant que « les référendums de la Russie sont un simulacre, un prétexte fallacieux pour essayer d’annexer des parties de l’Ukraine par la force ». Auparavant, dans un communiqué conjoint, les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) avaient appelé « tous les pays à rejeter sans équivoque ces référendums fictifs », des « simulacres » qui « n’ont ni effet juridique ni légitimité ».
Ces référendums interviennent quelques jours après un appel à la mobilisation partielle. Depuis cet appel, Moscou multiplie les annonces. Le président russe, Vladimir Poutine, a signé, samedi 24 septembre, des amendements prévoyant jusqu’à 10 ans de prison pour les militaires qui désertent ou refusent de combattre en période de mobilisation. Il a aussi signé une loi qui facilite l’accès à la nationalité russe pour les étrangers qui s’engagent pour une durée d’au moins un an dans l’armée. Autre mesure, le ministère russe de la Défense a annoncé que le général d’armée, Dmitri Boulgakov, vice-ministre de la Défense, avait été transféré à un « autre poste » et remplacé par le colonel général Mikhaïl Mizintsev, qui dirigeait jusque-là le Centre de contrôle de la défense nationale.
En fait, Moscou cherche par tous les moyens à recruter plus d’hommes pour combattre en Ukraine, mais semble aussi à la recherche d’une nouvelle stratégie pour tenter d’enrayer les revers enregistrés depuis le début du mois face aux forces ukrainiennes et l’armement fourni par les Occidentaux.
Aveu de faiblesse ou escalade ?
En appelant à une mobilisation des Russes en âge de combattre, soit 300000 réservistes, Moscou ouvre la voie à une escalade majeure dans le conflit en Ukraine. Dans son discours mercredi 21 septembre, Poutine a aussi laissé entendre qu’il était prêt à user de l’arme nucléaire pour défendre la Russie face à l’Occident, qu’il accuse d’être déterminé à détruire son pays. Ces renforts seront déployés pour consolider et contrôler les lignes arrière, le long d’une ligne de front qui fait plus de 1000 kilomètres dans le sud et l’est de l’Ukraine.
Cette décision intervient alors que les forces ukrainiennes ont mené une série de contre-offensive en septembre, forçant en particulier à la retraite l’armée russe dans la région de Kharkiv (nord-est de l’Ukraine). Moscou a reconnu par ailleurs un bilan de 5937 soldats tués depuis le début de son offensive fin février, un bilan largement en deçà des estimations ukrainiennes et occidentales.
« En organisant ces référendums et en appelant à la mobilisation, Moscou hausse le ton et annonce une escalade. Le ministère russe de la Défense se prépare à une intensification des combats, il prépare ses forces pour être déployées dans la région de Donbass (est), ainsi que dans les zones occupées de Kherson et de Zaporijia, surtout après les référendums. Pour Moscou, ces régions sont devenues des territoires russes et il faut les défendre », explique Dr Mona Soliman, professeure de sciences politiques à l’Université du Caire, ajoutant que « Poutine ne cédera jamais même s’il perd économiquement et politiquement ».
Côté occidental, l’annonce d’une mobilisation est vue comme un aveu de faiblesse face aux récentes contre-offensives ukrainiennes, mais aussi comme une volonté d’escalade. Pour Peter Stano, porte-parole de la Commission européenne, la mobilisation et les référendums « sont un signal clair adressé à la communauté internationale durant la semaine de l’Assemblée générale des Nations-Unies de sa volonté de poursuivre sa guerre destructive qui a des conséquences négatives sur le monde entier et est un nouveau signe de son désarroi ». « Cette action aura des conséquences de notre part », a-t-il dit.
L’Union Européenne (UE), qui a déjà adopté 6 trains de sanctions économiques contre la Russie, doit se prononcer sur l’allocation d’un nouveau financement pour la poursuite de son assistance militaire à l’Ukraine. Les dirigeants de l’UE se réunissent pour un sommet informel les 6 et 7 octobre à Prague. Une réunion des ministres des Affaires étrangères suivra le 17 octobre et une réunion des ministres de la Défense des pays de l’Otan est prévue les 13 et 14 octobre à Bruxelles. La guerre est loin d’être finie.
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