Kiev affime avoir libéré plus de 6 000 km2. (Photo : AFP)
Le gouvernement ukrainien a déclaré que ses troupes avaient réussi à libérer plus de 6000 km2 ces derniers jours. Plus de 200 jours après le début de l’offensive russe, les Ukrainiens reprennent du terrain de manière remarquable. Cependant, la réponse des forces armées russes fait craindre une accentuation du conflit. En riposte à l’avancée des troupes ukrainiennes dans le nord-est et leur avancée dans le sud, l’armée russe a annoncé répondre par des frappes massives sur tous les fronts. Les Etats-Unis ont qualifié ces nouvelles attaques russes de changement d’élan en annonçant une nouvelle aide militaire dans les prochains jours. Par ailleurs, le ministère russe de la Défense, les forces aériennes, balistiques et l’artillerie russes effectuent des frappes massives contre les unités des forces armées ukrainiennes dans toutes les zones opérationnelles, avec des bombardements près de Sloviansk, Kostiantynivka et Bakhmout (est), dans les régions de Mykolaïv et Zaporijia (sud), ainsi qu’à Kharkiv (nord-est).
Dans la région de Kherson, Kiev a revendiqué la reconquête de 500 km2 en deux semaines, sa première estimation chiffrée de ses avancées dans le sud. De son côté, l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW) confirmait, sur la base d’images de satellites, le retrait des forces russes de plusieurs localités. Ce qui pourrait compromettre leur capacité à défendre les faubourgs au nord-ouest de Kherson et suggère qu’elles perçoivent dans cette zone une menace imminente pour leurs positions.
« La complexité de la guerre en Ukraine est essentiellement due à la divergence de la perception de l’opération des deux pays », explique un diplomate qui a requis l’anonymat. « Pour les Russes, la guerre est considérée comme une opération militaire spéciale visant à assurer la sécurité nationale du pays, alors que pour les Ukrainiens, la guerre représente une invasion compréhensive de leurs territoires, ce qui exige une mobilisation totale », ajoute-t-il.
Des crimes de guerre évoqués
Si l’avancée des troupes ukrainiennes ne constitue pas forcément un tournant dans la guerre, elle risque cependant de changer la donne. Chacun des belligérants doit désormais changer sa stratégie. Kiev, comme Moscou, communiquent moins sur leur stratégie militaire. L’armée russe aurait commencé à déployer de nouveaux drones d’attaque livrés par l’Iran.
Parallèlement, l’Ukraine entame en même temps une guerre de communication, accusant la Russie de crimes de guerre. A Izioum, ville reprise par les forces ukrainiennes la semaine passée, les exhumations de corps se poursuivaient tout au long de la semaine et devraient encore durer deux semaines, selon les informations données par le maire de la ville. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a indiqué que « de nouvelles preuves de torture ont été trouvées ». Les charniers découverts dans un territoire repris aux Russes ont soulevé l’indignation en Ukraine et au monde entier. L’Onu promet une enquête, alors que l’Union européenne a appelé à la création d’un tribunal international pour les crimes de guerre, après la découverte de centaines de corps sommairement enterrés en Ukraine.
Pour le moment, la guerre de communication menée par Kiev semble réussir. En attendant un vrai tournant sur le plan militaire. Mais ceci est loin d’être acquis. « A mon avis, le facteur principal qui pourrait faire basculer la guerre en Ukraine serait un changement de la doctrine militaire des Russes vers une guerre totale visant tous les territoires ukrainiens », estime le diplomate. Reste à savoir si Moscou va opter pour ce scénario.
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