
L’Iran exige un certain nombre de garanties dans le texte final.
Engagés dans une course contre la montre, tous les camps impliqués dans le dossier nucléaire iranien intensifient leurs pressions pour tirer le maximum de profit dans l’éventuel accord à venir. Toutes les parties veulent parvenir à signer le nouveau texte avant novembre prochain: date des élections de mi-mandat.
En effet, tous les camps craignent un changement dans la politique américaine, surtout un changement entre les Républicains et les Démocrates dans les deux Chambres américaines: le Sénat et le Congrès.
A cet égard, l’Union Européenne (UE) et les Etats-Unis examinent actuellement la réponse de l’Iran au texte « final » proposé par l’UE pour relancer l’accord sur le nucléaire, une étape cruciale après des mois de difficiles négociations. Les grandes lignes du « texte final » proposé par l’UE permettent le retour des Etats-Unis dans l’accord, dont ils s’étaient retirés unilatéralement en 2018, et la levée des sanctions américaines imposées à l’Iran, à condition que ce pays respecte ses engagements et cesse de dépasser les limites prescrites sur l’enrichissement et les autres activités nucléaires sensibles.
Quelles garanties ?
« Les grandes lignes de cet accord sont connues, mais les détails ne sont toujours pas annoncés. Et ce sont justement les détails qui comptent le plus », explique Dr Ali Atef, spécialiste des affaires iraniennes, tout en ajoutant qu’il reste 3 points importants en discussion. « Tout d’abord, les garanties écrites demandées des deux côtés sont devenues une nécessité. Le premier point concerne la garantie d’un accord durable, c’est-à-dire que l’Iran exige des garanties détaillées en cas du moindre changement dans le nouveau accord, soit dans la position du côté américain comme en 2018 ou n’importe quel autre pays. Ces garanties portent sur deux niveaux : l’Iran veut une compensation financière en cas d’annulation de l’accord », explique l’analyste. Autre exigence, l’Iran veut augmenter l’enrichissement de son programme nucléaire sans retourner à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) et sans sa surveillance. « L’autre garantie demandée par les Américains concerne les fonds iraniens: Washington veut des garanties que Téhéran utilisera ses fonds pour améliorer l’économie et la vie quotidienne des Iraniens », ajoute Dr Ali Atef. Les avoirs iraniens gelés dans les banques internationales dépassent les 100 milliards de dollars, la levée des sanctions sur le secteur énergétique iranien et les exportations iraniennes doit apporter des milliards de dollars annuellement à Téhéran. « L’Administration américaine veut donc des garanties que ces fonds ne seront pas utilisés contre ses intérêts ou pour financer les alliés de l’Iran dans la région comme le Hezbollah ou les Houthis », affirme Dr Ali Atef.
Quant au troisième point, l’Iran a demandé le retrait de la liste noire américaine des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran, les négociateurs ont trouvé un compromis accepté par les Iraniens et les Américains, mais les détails ne sont pas encore connus.
Après des négociations chaotiques, suspendues à deux reprises, l’UE a fait état, le 8 août, d’un « texte final » non négociable. « Nous avons reçu la réponse iranienne. Nous l’étudions et consultons les autres participants du JCPOA et les Etats-Unis sur la voie à suivre », a affirmé le porte-parole de Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne et facilitateur des négociations indirectes à Vienne entre l’Iran et les Etats-Unis. Avant lui, l’Iran a annoncé avoir transmis ses dernières remarques à l’UE. « L’Iran a soumis sa réponse écrite et juge un accord possible si les Etats-Unis réagissent avec réalisme et flexibilité. Les questions en suspens ne sont pas difficiles à résoudre. Elles sont liées aux craintes de l’Iran en raison des violations passées des Etats-Unis et de l’UE », a affirmé Mohammad Marandi, un conseiller de l’équipe des négociateurs iraniens.
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