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Ukraine : La guerre s’installe dans la durée

Elza Goffaux , (avec Agences) , Mercredi, 08 juin 2022

Alors que l’armée russe se concentre désormais sur la conquête de l’ensemble du Donbass, les Occidentaux continuent d’armer l’Ukraine. Une guerre d’usure semble s’installer.

Ukraine

C’est désormais vers le Donbass que tous les regards se tournent. Les batailles y font rage, notamment à Sievierodonetsk, capitale administrative de la province de Louhansk et épicentre des combats pour le contrôle du Donbass par les forces russes. Depuis cette ville, les informations de part et d’autre sont contradictoires. L’armée ukrainienne a affirmé dimanche 5 juin avoir repris « la moitié » de Sievierodonetsk et avoir progressé dans cette ville-clé du Donbass, assurant qu’elle fait mieux que tenir tête et qu’elle reprend du terrain.

Moscou affirme de son côté que c’est l’armée ukrainienne qui a quitté la ville. « Des unités de l’armée ukrainienne ayant subi des pertes critiques lors des combats pour la défense de Sievierodonetsk se retirent vers Lyssytchansk », ville voisine sous contrôle ukrainien, a affirmé le ministère de la Défense russe dans un communiqué le 4 juin. Les forces russes sont entrées dans Sievierodonetsk le 27 mai et ont progressivement encerclé la ville. Pour les Russes, mettre la main sur la ville se révèlerait déterminant en vue du contrôle intégral du bassin houiller du Donbass, déjà tenu en partie par des séparatistes prorusses depuis 2014.

Après trois mois de combats, la prise de Marioupol avait été le premier succès militaire majeur russe. Face à l’échec de la guerre éclair et de la tentative de prendre Kiev et Kharkiv, les forces russes se sont concentrées sur la conquête du Donbass et ont adopté une stratégie de guerre d’usure depuis la mi-avril. La guerre d’usure, menée par la Russie dans les provinces de Louhansk et de Donetsk, au Donbass, s’appuie sur la mobilisation massive de l’arsenal militaire russe, une tactique du rouleau compresseur qui vise à gagner lentement du terrain. « L’armée russe a jeté tout son poids et ses réserves » dans la bataille de Sievierodonetsk, a déclaré le gouverneur de la région de Louhansk, Serguei Gaïdaï, samedi 4 juin. Les forces russes bénéficient d’une aviation dix fois supérieure à celle des Ukrainiens et mettent cet avantage à profit pour écraser l’adversaire sous des bombardements aériens ou d’artillerie afin de percer des brèches qui facilitent l’avancée des blindés au sol.

Kiev à nouveau frappée

Si les combats se concentrent sur le sud et l’est, particulièrement à Sievierodonetsk, « Kiev demeure l’objectif principal de l’occupant russe », a assuré dimanche 5 juin la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Malyar, aux médias locaux, demandant aussi un « soutien constant » de l’Occident. La capitale ukrainienne a en effet été frappée par plusieurs frappes russes dimanche matin, pour la première fois depuis fin avril. Moscou dit avoir visé un atelier de réparation de wagons de marchandises, dans le sud-est de Kiev à 10 km du centre-ville, et y avoir détruit des blindés fournis à l’Ukraine par des pays d’Europe de l’Est. Le président russe, Vladimir Poutine, a menacé d’autres frappes sur « des sites que nous n’avons pas visés jusqu’à présent », si les Occidentaux fournissaient des missiles de longue portée à l’Ukraine, ce qui, selon lui, vise à « prolonger le conflit ». Cet avertissement n’a pas empêché Londres d’annoncer, lundi 6 juin, la livraison à Kiev de lance-roquettes d’une portée de 80 kilomètres (M270 MLRS), venant en complément des Himars américains, lance-roquettes montés sur des blindés légers, d’une même portée, promis la semaine dernière par Washington. Auparavant, le président américain, Joe Biden, s’était engagé à fournir des systèmes de missiles et de munitions « plus avancés », soutenu par le chancelier allemand, Olaf Scholz. Cependant, Joe Biden a souligné qu’il ne livrerait pas de système de lance-roquettes capable d’atteindre le territoire russe depuis l’Ukraine.

Pour les Occidentaux, le soutien militaire à l’Ukraine est une variable-clé dans le déroulement du conflit, il permettrait même de renverser l’équilibre des forces, actuellement en faveur de la Russie. Pour Moscou, les livraisons d’armes ne font que « prolonger le conflit » .

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