Le jcpoa, cet accord de Vienne sur le nucléaire, connu officiellement sous le nom de Plan d’action global conjoint, pourra-t-il trouver le jour et mettre fin à la tension dans la région ou plutôt au monde? La réponse n’est toujours pas claire, alors que l’Iran est engagé depuis un an dans des négociations avec la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine directement, et les Etats-Unis indirectement dans la capitale autrichienne. A chaque fois que l’espoir d’arriver à un compromis s’approche, les tensions reprennent entre les deux principaux acteurs de la crise: Washington et Téhéran. Dimanche 10 avril, le ministre iranien des Affaires étrangères a accusé les Etats-Unis de chercher à « imposer de nouvelles conditions » lors des pourparlers de Vienne sur le rétablissement de l’accord nucléaire. « Concernant la levée des sanctions, ils (les Américains) sont intéressés à imposer de nouvelles conditions en dehors des négociations », a déclaré Hossein Amir Abdollahian, cité par l’agence de presse officielle IRNA. Selon le ministre iranien, au cours des 2 ou 3 dernières semaines, « la partie américaine a formulé des exigences excessives qui contredisent certains paragraphes du texte ».
Depuis un an, une lueur d’espoir a eu lieu avec l’engagement de l’Iran dans des pourparlers avec les grandes puissances mondiales, et les Etats-Unis indirectement, surtout que selon les deux parties, des décisions politiques sont nécessaires de la part de Téhéran et de Washington pour régler les questions restantes.
« L’Iran a pleinement accepté le principe d’un accord qui interviendra rapidement, surtout avec la crise que traverse le régime et l’état d’instabilité résultant des mouvements de contestation due à la situation économique. Par contre, côté américain, il existe des désaccords entre le président Biden et le Congrès américain, ce dernier refusant l’idée de présenter des compromis à Téhéran », explique Tarek Fahmy, analyste et professeur de sciences politiques.
Les Gardiens de la Révolution, une question délicate
Ce désaccord se voit clair dans les affirmations américaines contradictoires. Alors que, selon des confirmations des sources iraniennes et occidentales à l’agence Reuters, les Etats-Unis envisagent de retirer le Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (CGRI) iranien de la liste noire des Organisations terroristes étrangères (FTO) en échange de l’engagement de Téhéran de maîtriser la force d’élite. Un haut responsable de l’Administration américaine aurait toutefois déclaré que le président, Joe Biden, n’avait pas l’intention de retirer le groupe de la désignation de sa liste noire, a rapporté, vendredi dernier, le chroniqueur du Washington Post David Ignatius, spécialisé dans les questions de renseignement. Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a affirmé lui aussi que le CGRI était bien une organisation terroriste.
En effet, la demande de Téhéran de retirer les Gardiens de la Révolution, le bras idéologique de l’armée iranienne, d’une liste terroriste américaine était parmi les principaux points de friction. Un diplomate iranien a de son côté déclaré à Reuters que Téhéran avait rejeté une proposition américaine visant à surmonter ce point de blocage, visant au maintien sur la liste des organisations terroristes de la branche étrangère du CGRI, la Force Qods, tout en radiant le CGRI en tant qu’entité.
Le CGRI est une faction très puissante en Iran, qui contrôle un empire commercial ainsi que des forces armées et de renseignement d’élite que Washington accuse de mener des opérations terroristes dans le monde entier.
En réaction aux propos américains, le président iranien, Ebrahim Raïssi, a déclaré samedi 9 avril que Téhéran ne renoncerait pas à son droit de développer son industrie nucléaire à des fins pacifiques, et que toutes les parties impliquées dans les pourparlers pour relancer l’accord nucléaire de 2015 devraient respecter cela.
Mais, si les pourparlers entre l’Iran et les Etats-Unis à Vienne sont difficiles, les deux parties, voire la région, ont intérêt à parvenir à une entente, surtout avec les changements régionaux et l’apparition des nouveaux acteurs mondiaux comme la Chine, la Corée du Sud et le Brésil. « La balle est maintenant dans le camp américain, et je pense que malgré ces tensions, l’arrivée à un compromis est une question de temps », conclut Fahmy.
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