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Sahel : Les inconnues de l’après-Barkhane

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 20 décembre 2021

Dans le cadre de la fin programmée de l’opération Barkhane au Sahel, la France a quitté sa troisième base militaire au nord du Mali. Un retrait qui soulève des interrogations sur l’avenir sécuritaire de la région.

Après Kidal et Tessalit vient le tour de Tombouctou, une ville du nord du Mali où le drapeau français ne flotte plus, après le retrait, la semaine dernière, des forces militaires françaises. La mission sécuritaire à Tombouctou, une ville de valeur symbolique, où l’ex-président François Hollande avait officialisé en 2013 le début de l’intervention française au Mali, théâtre depuis 2012 des opérations de groupes djihadistes liés à Al-Qaëda et à l’organisation Daech, est transférée aux Forces Armées Maliennes (FAM).

Par la suite, le Mali a donné, vendredi 17 décembre, son accord pour le déploiement supplémentaire de 1000 soldats, venus du Tchad, au sein de la Mission de l’Onu au Mali (Minusma). Cette dernière, déployée au Mali depuis 2013, est composée de 16 500 membres, dont 10700 soldats, selon son site Internet. Elle est actuellement la mission de paix des Nations-Unies comptant le plus de morts dans le monde, selon les statistiques de l’Onu.

Sur le terrain, le retrait français a soulevé diverses réactions variant entre une certaine satisfaction de voir partir les Français et la peur de l’inconnu sécuritaire, surtout avec l’apparition d’autres groupes terroristes comme ceux de l’EIGS (Daech au Grand Sahara), et le JNIM (nébuleuse djihadiste affiliée à Al-Qaëda) fort d’un enracinement durable et d’un recrutement endogène dans les zones délaissées par l’Etat. Des questions se posent alors sur la capacité défensive des FAMa, ou encore des soldats onusiens de la Minusma, et encore moins de l’Etat qui, à plus de 1500 km de la capitale Bamako, n’y contrôle plus rien ou presque depuis longtemps.

Wagner, une alternative ?

Après le désengagement partiel des troupes conventionnelles françaises dans le nord du Mali succèdera une phase de réorganisation des forces en présence, a expliqué le commandant de l’opération Barkhane, le général Laurent Michon, en ajoutant qu’« il s’agit d’approfondir la collaboration avec les partenaires sahéliens, et d’augmenter les effectifs spéciaux dédiés au combat au sein d’une action désormais européenne : la force Tabuka ».

Tabuka est une force opérationnelle composée principalement d’unités des forces spéciales de plusieurs pays de l’Union européenne. Elle est placée sous commandement français et assiste les forces maliennes dans les opérations antiterroristes qu’elles mènent dans le pays. Plus largement, l’action des unités déployées s’inscrit en coordination avec les partenaires du G5 Sahel, de la Minusma et d’autres acteurs internationaux dans les conflits armés au Sahel qui opposent les Etats de la région à plusieurs groupes armés.

Mais les défis à l’horizon de cette force européenne et de ses alliés africains sont multiples. Sans compter l’orientation du Mali vers la Russie, qui constitue une alternative de l’absence française. Des contacts ont eu lieu entre Bamako depuis 2020, et la société paramilitaire russe Wagner pour se charger de la sécurité. Or, cette coopération militaire avec Moscou constitue une source d’inquiétude pour la France, ce qui a aggravé le climat de tension entre Paris et Bamako. Cela signifierait un revers stratégique majeur pour l’Occident et une profonde rupture avec la France.

Les sanctions européennes votées la semaine dernière et les mises en garde américaines contre l’arrivée de Wagner sont, à n’en pas douter, l’un des préalables aux discussions entre Maliens et Français la semaine prochaine à Bamako

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