Les Occidentaux préviennent Téhéran que ces négociations sont celles de la « dernière chance ».
Entre menaces et pressions, le septième tour des négociations sur le nucléaire entre l’Iran et les Etats-Unis, par l’intermédiaire de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la Russie et de la Chine, a repris jeudi 9 décembre àVienne.
D’un ton sévère, les Européens ont exhorté l’Iran ànégocier sérieusement, afin de sauver l’accord sur le nucléaire iranien. «C’est la dernière chance pour l’Iran », a prévenu dimanche 12 décembre la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, àla clôture du sommet du G7 àLiverpool.
La cheffe de la diplomatie britannique, dont le pays préside actuellement le groupe des grandes puissances, a exhorté Téhéran àvenir «avec une proposition sérieuse »car, selon elle, «nous ne laisserons pas l’Iran se doter de l’arme nucléaire ».
Face à ces avertissements et à ce que semble être un scepticisme européen, l’Iran a, de son côté, fait état d’une avancée. «Les deux parties sont sur le point de se mettre d’accord sur les questions qui devraient être à l’ordre du jour. C’est une évolution positive et importante car, au début, elles n’étaient même pas d’accord sur les questions à négocier », a déclaréle négociateur en chef iranien Ali Bagheri à l’agence officielle iranienne Irna. Il a expliqué qu’il existait deux questions essentielles à résoudre : «La première c’est la différence d’opinions des parties sur ce qui devrait être négocié, et la deuxième ce sont les différences de position sur les questions proprement dites ».
Dans ces négociations, Téhéran a présenté deux textes à la négociation, l’un sur les sanctions et l’autre sur les négociations sur son activité nucléaire. Mais de l’aveu des Iraniens, plusieurs questions restent en suspens. «Il reste plusieurs points de divergence qui nécessitent une prise de décision à haut niveau, et ceux-ci sont toujours sur la table sans être résolus », a déclaréle principal négociateur iranien àla chaîne publique Press TV.
Quel plan B de Washington ?
Contrairement à son prédécesseur, Joe Biden, l’actuel président des Etats-Unis, s’est dit prêt àrevenir dans l’accord si l’Iran renoue aussi avec ses engagements. Pourtant, Téhéran est accusé par les Américains et les Européens de vouloir gagner du temps pour parallèlement développer son programme nucléaire. D’où le «plan B »de Washington, aux contours encore flous.
Un plan B qu’Israël voudrait offensif. Décriant ces pourparlers, Israël, premier ennemi d’Iran, a appelé Washington ày mettre fin ainsi qu’à prendre des «mesures concrètes »contre l’Iran. Dans ce cadre, de hauts responsables américains et israéliens de la défense ont discuté d’éventuels exercices militaires qui leur permettraient de se préparer à un scénario prévoyant la destruction des installations nucléaires iraniennes en cas d’échec des négociations diplomatiques. L’option militaire est-elle sur la table en cas d’échec des pourparlers ?
Elle est peu probable, sans être exclue, estiment les observateurs. Selon Dr Tarek Fahmy, professeur de sciences politiques, «l’option militaire augmente à mesure que les espoirs s’amenuisent, d’autant plus que les négociations piétinent ».
Il ajoute : «Contrairement aux Israéliens, le président américain ne préfère pas le recours à l’option militaire. En même temps, il veut rassurer son allié israélien. Bref, le recours à la force est loin, mais reste toujours une alternative en cas d’échec de toutes les tentatives diplomatiques ». Par ailleurs, explique-t-il, «les Européens ne possèdent pas de fortes cartes de pression sur l’Iran, qui reste toujours évasif ».
Pourtant, côté déclarations, Téhéran veut faire bonne figure. Le président iranien Ebrahim Raïsi a ainsi affirmé, samedi 11 décembre, que l’Iran était sérieux dans ses négociations avec les puissances occidentales. «Le fait que nous ayons présenté le texte de la proposition de l’Iran aux parties négociatrices montre que nous sommes sérieux dans les discussions, et si l’autre partie est également sérieuse en ce qui concerne la suppression des sanctions (américaines), nous parviendrons à un bon accord », a déclaré Raïsi. Reste à joindre les actes aux paroles.
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