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Moscou, nouveau partenaire de Bamako

Sabah Sabet avec agences, Mercredi, 17 novembre 2021

Le Mali a fait appel à la Russie pour contrer la menace terroriste sur son territoire après le retrait partiel des troupes françaises de l’opération Barkhane. Une décision rejetée par Paris.

Le mali a trouvé dans la Russie un nouveau partenaire militaire après que la France, son partenaire historique, avait partiellement retiré ses troupes de l’opération Barkhane. L’engagement de la Russie au Mali n’a pas été apprécié par la France. Lors d’une rencontre à Paris entre les ministres français des Affaires étrangères et des Armées, Jean-Yves Le Drian et Florence Parly, avec leurs homologues, Sergueï Lavrov et Sergueï Choïgou, Paris a averti Moscou que le déploiement de mercenaires de la société paramilitaire russe Wagner dans la bande sahélo-saharienne serait « inacceptable ». Paris a réitéré ses mises en garde quant aux risques de déstabilisation régionale et d’atteinte aux intérêts de la France et de ses partenaires engagés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, ceci lors d’un communiqué publié à la suite de cette rencontre.

Les mises en garde de Paris font suite à une rencontre, jeudi 10 novembre, entre le ministre malien des Affaires étrangères et son homologue russe, à Moscou, afin de se mettre d’accord sur un partenariat militaire. « A chaque fois que le Mali s’est retrouvé dans une situation difficile depuis notre indépendance, la Russie a été avec nous », a déclaré le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, à Moscou. « Nous sommes dans une situation difficile et nous nous tournons encore vers cet ami pour qu’il puisse nous aider à en sortir », a-t-il poursuivi, précisant que jusqu’à 80 % des équipements militaires de son pays sont d’origine russe. Son homologue, Sergueï Lavrov, a indiqué que Moscou continuerait de livrer au Mali « des équipements, des munitions, des armements » et de former des officiers maliens pour que Bamako puisse se défendre « efficacement » contre la menace terroriste, surtout après le retrait français. « Avec ce retrait annoncé, les terroristes se sentent de plus en plus à l’aise au nord du Mali », a soutenu Lavrov.

« Aucun contrat avec Wagner »

En ce qui concerne la société Wagner, le ministre malien des Affaires étrangères et son homologue russe ont démenti tout contrat avec le groupe de sécurité russe Wagner. « Aucun contrat n’a été signé dans ce secteur », a affirmé Diop. Et d’ajouter que ces allégations visaient à discréditer Bamako. Wagner aurait comme mission de sécuriser les hauts responsables maliens et de former les forces de sécurité et l’armée. Lavrov a assuré que Moscou n’intervenait pas dans les activités des « structures créées par des citoyens russes qui concluent eux-mêmes leurs contrats ». Les mercenaires russes du groupe Wagner, décrits comme proches du président russe Vladimir Poutine, sont accusés par les Occidentaux de servir les intérêts de Moscou, sous couvert d’activités privées, ce que dément le Kremlin. Ces mercenaires ont été signalés ces dernières années en Syrie et dans certains pays d’Afrique comme la Libye, la Centrafrique et le Mozambique. Le recours à la Russie par certains pays de la région a encouragé le Mali à faire ce choix, surtout que ce pays subsaharien avait établi une coopération militaire avec l’Union soviétique, et donc une présence militaire de la Russie n’est pas loin de la réalité malienne.

Par ailleurs, la relance des relations russo-maliennes aura certainement de graves répercussions sur les relations franco-maliennes qui se sont raidies après le coup d’Etat à Bamako en mai, et avec la décision de Paris en juin de réorganiser son dispositif militaire au Sahel, en quittant notamment ses trois bases au nord du Mali, pour recentrer ce dispositif autour de Gao et Ménaka, aux confins du Niger et du Burkina Faso. Ce plan prévoit une réduction des effectifs de 3000 à 2500 soldats d’ici 2023. La tension est montée d’un cran en septembre, lorsque le premier ministre de transition malien, Choguel Kokalla Maïga, a accusé Paris d’un « abandon du Mali en plein vol ». La France tente de faire adopter des sanctions européennes contre la junte au pouvoir au Mali, dans la foulée de celles annoncées par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à cause de « l’absence de progrès dans la préparation des prochaines élections » prévues en février 2022.

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