Qui sera le nouveau président américain ? Telle est la question qui hante tous les esprits à trois semaines de la présidentielle américaine prévue le 6 novembre. D’ores et déjà, une course contre la montre s’engage entre les deux rivaux : Barack Obama et Mitt Romney. S’affrontant publiquement le 3 octobre lors de leur premier débat présidentiel dans l’Etat du Colorado (ouest), les deux candidats se sont bornés aux deux priorités nationales : l’économie et l’emploi. Deux autres débats sur des thèmes différents sont à attendre les 16 et 22 octobre. Aux antipodes de toutes les attentes, ce débat suivi par 67 millions d’Américains — un record depuis 20 ans — a tourné en faveur de Romney, qui a paru plus éloquent, plus offensif et mieux préparé. Au contraire, le président semblait fatigué et parfois même battu. De quoi inquiéter sur le sort d’Obama les jours à venir, même s’il est, jusqu’à cette heure, en position de force, avec une avance nette dans tous les sondages. La dernière enquête de l’institut Gallup lui accorde 50 % des intentions de vote contre 44 % pour Romney, un écart supérieur à la marge d’erreur. Samedi, un ballon d’oxygène a soufflé la vie à Obama après son débat raté, quand le rapport officiel sur l’emploi aux Etats-Unis a révélé une baisse du chômage à son niveau le plus faible depuis l’entrée en fonction du président en janvier 2009.
Or, la crise économique n’est pas le seul point faible du mandat d’Obama. Sa politique étrangère était toujours critiquée par les républicains. Bien que Romney ait focalisé sa campagne électorale sur la crise économique que son rival n’a pas pu gérer, il a ouvert récemment un nouveau front contre la politique étrangère de son rival. Une évolution qui prouve les difficultés auxquelles il fait face, affirment les experts. En fait, le candidat républicain a saisi l’occasion des violentes manifestations anti-américaines dans des pays arabo-musulmans à cause du film dénigrant le prophète Mohamad, et qui ont coûté la vie à 51 personnes, dont l’ambassadeur américain en Libye, pour utiliser des mots beaucoup plus violents contre son rival, allant jusqu’à l’accuser de « passivité » et de « naïveté » qui ont conduit au « chaos » au Moyen-Orient.
Rejetant les critiques visant sa politique étrangère, Obama n’a cessé de mettre l’accent sur ses réalisations à ce propos, affirmant qu’il a alourdi les sanctions contre Téhéran pour l’obliger à stopper son programme nucléaire et a insisté sur la nécessité de conclure la paix au Proche-Orient. Il a aussi rappelé qu’Ossama ben Laden avait été tué dans une opération qu’il avait ordonnée, que la guerre en Iraq était terminée, et que l’Afghanistan devrait assurer sa propre sécurité d’ici 2014.
« Pêche en eaux troubles »
Malgré ce long plaidoyer, la tâche de M. Obama ne semble pas facile les jours à venir, surtout après la coalition entre son rival et le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, avec qui il entretenait des relations tendues depuis un mois à cause du dossier nucléaire iranien. Une coalition jugée comme une « pêche en eaux troubles ». En fait, Netanyahu s’est fortement imposé à la campagne électorale américaine en faveur de Romney. Un soutien qui profite fort aux deux hommes. Pour le candidat républicain, il espère tirer avantage des relations dégradées entre Obama et « Bibi », afin de gagner les voix de l’électorat juif. Quant à « Bibi », c’est une façon d’arracher à Obama un maximum de concessions avant le scrutin, en usant de la carte de l’électorat juif.N’oublions pas que déjà, Netanyahu et Romney partagent les mêmes visions « dures » sur la cause palestinienne et la crise iranienne : deux graves épines dans les pieds de l’Etat hébreu.
Soucieux de mener à bien son stratagème, Romney a mis de l’huile sur le feu entre Tel-Aviv et Washington, en donnant des gages de soutien à Israël, accusant le président sortant d’avoir « laissé tomber » Tel-Aviv, en proposant à Netanyahu de négocier les frontières d’un Etat palestinien sur la base des lignes de 1967. Romney a aussi reproché à Obama de ne pas avoir rencontré Netanyahu à New York la semaine dernière à l’Assemblée générale des Nations-Unies.
Pour satisfaire son allié et frapper son adversaire d’un seul coup, Romney a déclaré la guerre à la politique étrangère d’Obama en Israël et en Iran, affirmant que le traitement du dossier iranien par Obama était son « plus gros échec », tout en promettant une approche différente s’il est élu, sans préciser les mesures qu’il prendrait concernant la République islamique. « Le président n’a pas réussi à nous éloigner de la menace d’un Iran doté de l’arme nucléaire et, en fait, l’Iran est plus près d’avoir l’arme nucléaire aujourd’hui que lorsqu’il a pris ses fonctions il y a quatre ans », a-t-il ajouté.
Passant au dossier israélo-palestinien, le candidat républicain a affirmé que les efforts d’Obama depuis 2009 pour relancer les négociations de paix israélo-palestiniennes ont tous « échoué ». Romney s’était déjà attiré les foudres des Palestiniens à la suite de sa visite fin juillet à Jérusalem, où il était chaleureusement accueilli par « Bibi ». Les Palestiniens s’étaient, en particulier, élevés contre des déclarations « racistes » du candidat républicain, qui a qualifié Jérusalem de « capitale d’Israël ». Selon Romney, la paix entre Israël et les Palestiniens est une « chimère », optant pour la solution des « deux Etats ». En substance, s’il était élu, Romney n’interviendrait jamais pour tenter de relancer le processus. En d’autres termes, le processus de paix serait enterré à jamais.
Selon les experts, la coalition « Netanyahu-Romney » fâche fort en Israël. A Tel-Aviv, on met en garde contre des représailles d’Obama en cas de réélection. On reproche à Netanyahu d’avoir brisé un tabou en optant pour Romney plutôt que d’observer une attitude de stricte neutralité. « Barack Obama va-t-il punir Israël, s’il est réélu le 6 novembre ? », s’interroge le quotidienYediot Aharonot. Reprise des débats le 16 octobre ...
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