« Je vous invite à prendre ici et maintenant des décisions fortes pour demander pardon au continent africain ». « Arrêtez votre discours paternaliste ! Nous n’avons pas besoin d’aide, nous avons besoin de coopération ». « Programmez un retrait progressif et définitif de vos bases militaires en Afrique ! ». « Les questions essentielles ici, ce n’est pas l’entrepreneuriat ou le sport, c’est la politique ! » … Telles sont quelques-unes des sentences formulées par les onze jeunes Africains lors d’une séance de questions-réponses électrique, sans complaisance et avec humour, avec le président français, Emmanuel Macron. Pour ce premier Sommet France-Afrique hors norme, ce dernier a été à plusieurs fois interpellé, parfois de manière un peu trop vive, par ces jeunes qui ne l’ont pas ménagé. Emmanuel Macron a ainsi été bousculé par les jeunes Africains, un panel de jeunes sélectionné à l’issue de dialogues menés pendant des mois à travers le continent par l’intellectuel camerounais Achille Mbembe, chargé de piloter le sommet. De jeunes intervenants très à l’aise qui ont fustigé tour à tour le « colonialisme », « l’arrogance » de la France, « la relation de dépendance » de l’Afrique à la France, ou qui ont comparé celle-ci à une « marmite sale », demandant au président français de la « récurer ». Et le président français de répondre à chacune de ces diatribes. La marmite, il faut la laver, mais « il y aura forcément des traces », a-t-il dit, autrement dit, on ne peut pas effacer l’Histoire … Quant à la délicate question du pardon, Macron a dit : « Je ne crois pas à une politique de pardon mais de reconnaissance. A une politique qui doit mettre en place un processus de mémoire et d’histoire commune », privilégiant « un travail de vérité » et non de « honte de soi et de repentance ».
Pari gagné ?
Car cette 28e édition du Sommet France-Afrique s’est tenue sous un nouveau format, sans chefs d’Etat, privilégiant la société civile. Le président français a voulu mettre en oeuvre un engagement pris en novembre 2018, dans le cadre de cette « nouvelle relation » que la France entend nouer avec son pré-carré africain. Avec l’objectif, selon la présidence française, d’« écouter la parole de la jeunesse africaine » et de « sortir des formules et des réseaux obsolètes ». Bref, de rompre, encore et toujours, avec la fameuse et si mal vue Françafrique.
Difficile pourtant d’atteindre cet objectif. La Françafrique, c’est toute une histoire, des relations intrinsèques et complexes. Ce sommet nouvelle formule est-il donc un pari gagné pour le président français ? Pas forcément, estiment les observateurs. Pour certains, c’était un « non-événement », un « vrai-faux lifting » et pour d’autres, un simple exercice de communication à l’approche de la présidentielle française où tous les ingrédients d’une campagne étaient réunis.
30 millions d’euros
Montant du Fonds d’innovation pour la démocratie, réparti sur 3 ans, promis lors du sommet.
10 millions d’euros
Montant promis lors du sommet pour soutenir les start-up africaines.
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