« La guerre en Afghanistan est entrée dans une nouvelle phase, plus meurtrière et plus destructrice ». C’est la sonnette d’alarme tirée par l’Onu, lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur l’Afghanistan, tenue vendredi 6 août. « L’Afghanistan se trouve actuellement à un dangereux point de basculement », a averti Deborah Lyons, représentante spéciale du secrétaire général pour l’Afghanistan.
En effet, depuis plusieurs semaines, les combats s’aggravent entre le mouvement taliban et le gouvernement afghan. Et l’avancée des talibans ne fait que progresser. Dimanche 8 août, les talibans se sont emparés de la grande ville de Kunduz, au nord, et de celle de Sar-e-Pul (nord-ouest). La prise de Kunduz, grand noeud commercial entre Kaboul, à 300km au sud, et le Tadjikistan, à 50 km au nord, est une victoire sans précédent pour les talibans sur la voie de la reconquête du pouvoir. Kunduz est déjà tombée deux fois aux mains des talibans dans le passé, en 2015 et en 2016. C’est la troisième capitale provinciale à tomber aux mains des talibans, et cela en quelques jours. Les talibans se sont emparés, vendredi 6 et samedi 7 août, de deux lointaines capitales de province, Sheberghan dans le nord, la capitale provinciale de Jawzjan, et Zaranj, la capitale de Nimroz dans le nord-ouest. Elles ont été les premières capitales provinciales à tomber entre leurs mains depuis le début de leur offensive éclair en mai.
Vendredi également, le chef du service de communication du gouvernement afghan a été tué à Kaboul par les talibans. Ils savaient auparavant qu’ils allaient lancer de nouvelles attaques contre des responsables du gouvernement afghan, au lendemain d’un attentat visant le ministre afghan de la Défense à Kaboul, tout en continuant de combattre pour le contrôle de plusieurs grandes villes assiégées. C’est « le début d’opérations de représailles » contre de hauts responsables gouvernementaux pour la campagne de bombardements qu’ils ont ordonnée, a prévenu dans un communiqué Zabihullah Mujahid, porte-parole des talibans.
Une avancée qui inquiète la communauté internationale. L’Union Européenne (UE) a appelé jeudi 5 août à « un cessez-le-feu urgent, complet et permanent », en condamnant l’intensification des attaques menées par les talibans. « L’offensive militaire des talibans est en contradiction directe avec leur engagement à un règlement négocié du conflit et au processus de paix de Doha », a indiqué un communiqué conjoint du chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, et du commissaire européen chargé de la gestion des crises, Janez Lenarcic. Des négociations de paix entre le gouvernement afghan et les talibans ont commencé l’an dernier à Doha, la capitale du Qatar, lors desquelles les talibans avaient signé un accord avec Washington prévoyant le retrait de tous les soldats étrangers d’Afghanistan. Depuis, aucun progrès réel ne s’est réalisé sur terrain, au contraire, les combats s’intensifient jour après l’autre et le nombre de victimes augmente. Le mois dernier, le nombre des victimes a atteint 1 000 personnes. La représentante spéciale de l’Onu a rappelé qu’une diminution de la violence était attendue après l’accord de février. Au contraire, une augmentation de 50% du nombre de victimes civiles a eu lieu. « Il y en aura beaucoup plus à mesure que les villes seront attaquées », a-t-elle prédit.
L’Onu s’est dite aussi être profondément préoccupée quant à la sécurité de dizaines de milliers de personnes piégées dans la ville de Lashkar Gah. La diplomate canadienne a ajouté que les souffrances causées par la guerre sont aggravées par la crise humanitaire croissante, 18,5 millions de personnes, soit près de la moitié de la population du pays, ayant besoin d’une aide d’urgence. Cette situation dramatique est aggravée par la grave sécheresse qui frappe le pays.
Après 20 ans de présence, les Américains quittent ainsi l’Afghanistan, laissant le pays dans une situation aussi chaotique qu’à leur arrivée .
Lien court: