Rien ne va plus entre l’Iran et Israël. Téhéran est une nouvelle fois dans la ligne de mire de l’Etat hébreu, qui n’a jamais caché que la République islamique était son ennemi numéro un. Cette fois-ci, il accuse Téhéran d’être responsable d’une attaque qui a visé un pétrolier israélien en mer d’Oman. Mercer Street, le pétrolier israélien géré par un milliardaire israélien, a été visé, jeudi 29 juillet, par une attaque en drone, dans une zone stratégique où des bateaux israéliens ont déjà été visés. Bien que l’attaque n’ait pas été revendiquée, le premier ministre israélien, Naftali Bennett, a assuré, dimanche 1er août, que son pays avait des « preuves de l’implication » de l’Iran dans cette offensive. Son ministre des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, a accusé, vendredi, la République islamique d’être « un exportateur de terrorisme, de destruction et d’instabilité qui fait mal à tout le monde ». Il a de même appelé à une action internationale contre l’Iran. « J’ai donné des consignes aux ambassades à Washington, Londres et l’Onu pour qu’elles oeuvrent auprès de leurs interlocuteurs gouvernementaux et des délégations compétentes au siège de l’Onu à New York », a indiqué Lapid, vendredi 30 juillet, sur Twitter, en ajoutant que l’Iran n’est pas un problème israélien uniquement, en appelant à ne pas rester silencieux « face au terrorisme iranien, qui porte atteinte aussi à la liberté de navigation ».
Selon le New York Times, qui a cité des sources anonymes israéliennes, l’attaque semble avoir été menée par plusieurs drones iraniens qui se sont écrasés dans l’espace de vie situé sous le centre de commandement du bateau. Dans un communiqué, le porte-parole du département d’Etat américain, Ned Price, a indiqué que le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, et le ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, se sont entretenus et « ont convenu de travailler avec le Royaume-Uni, la Roumanie et d’autres partenaires internationaux, pour enquêter sur les faits, apporter leur soutien et envisager de prochaines étapes appropriées ». A noter que les deux personnes tuées dans l’incident étaient un Britannique et un Roumain.
Mais Téhéran a tout rejeté en bloc, jugeant « infondées » les accusations israéliennes. En Iran, seule la chaîne en arabe de la télévision d’Etat a cité des « sources informées dans la région » qui affirment que l’attaque était une réponse à une « récente attaque israélienne » en Syrie, sans donner plus de détails.
La tension était déjà palpable avant l’attaque. L’Iran avait lui aussi accusé Israël d’être derrière la vague de protestations qui a eu lieu dans le pays en juillet contre la pénurie de l’eau et de l’électricité. Le 27 juillet, le ministère iranien des Renseignements a annoncé l’arrestation d’agents travaillant pour Israël « après être entrés par la frontière ouest du pays ». Les autorités auraient mis la main sur une « cache d’armes et de munitions » que, selon elles, « des agents du Mossad prévoyaient d’utiliser lors d’émeutes urbaines et pour des assassinats ».
Depuis des années, Israël et l’Iran s’affrontent directement ou indirectement au Liban, en Syrie et dans la bande de Gaza palestinienne. Mais ces derniers mois, cette rivalité s’est transposée en mer avec l’émergence d’une mystérieuse série de sabotages et d’attaques. Le 10 mars dernier, un cargo de la compagnie de transport maritime publique iranienne IRISL, l’Iran Shahr-e-Kord, avait été touché à la coque par un engin explosif en Méditerranée. Téhéran avait alors affirmé que « tout laisse penser que le régime d’occupation de Jérusalem est derrière cette opération ». En avril également, l’Iran avait annoncé que le Saviz, un navire commercial iranien, avait été endommagé en mer Rouge par une explosion d’origine indéterminée. Le New York Times avait alors expliqué que le Saviz avait été visé par une attaque de « représailles » israélienne après « des frappes antérieures de l’Iran contre des navires israéliens ».
Selon des analystes, ce bras de fer en mer n’est pas sans lien avec les négociations sur le nucléaire iranien, qui ont repris en avril dernier, mais qui restent bloquées jusqu’à l’entrée en fonction du nouveau président iranien, l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, ce mois d’août. Téhéran tenterait de faire monter la pression afin d’obtenir un nouvel accord lui étant favorable, tandis que l’Etat hébreu cherche à l’en empêche.
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