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Israël: Netanyahu ou la fin de mandat chaotique

Maha Salem avec agences, Mardi, 08 juin 2021

Alors que la coalition hétéroclite menée par le centriste Yaïr Lapid attend son approbation par le parlement, le premier ministre israélien sortant, Benyamin Netanyahu, manoeuvre pour empêcher le vote de confiance, dans un climat politique tendu qui inquiète jusqu'aux services de sécurité locaux.

Confronté à la perspective d

Tous les regards sont désormais braqués sur le parlement israélien. C’est ce mercredi, ou lundi prochain, selon les médias israéliens, que doit se réunir la Knesset pour donner ou non sa confiance au nouveau gouvernement de coali­tion formé par le chef de l’oppo­sition, le centriste Yaïr Lapid. Une séance attendue dans un cli­mat de tension. Car le premier ministre sortant, Benyamin Netanyahu, ne compte pas quitter la scène calmement. A la veille du vote de confiance, Netanyahu accentue ses pressions sur les députés pour les convaincre d’abandonner leur appui au pro­jet de gouvernement de coalition mené par son rival. « Tous les députés élus grâce au soutien de la droite doivent s’opposer à ce dangereux gouvernement de gauche », a-t-il déclaré, tout en appelant ses anciens alliés de droite à « retirer maintenant » leurs signatures. Qui plus est, ces derniers jours, des soutiens du premier ministre sortant ont orga­nisé des rassemblements devant les domiciles de plusieurs membres du parti Yamina, dirigé par Naftali Bennett, qui devrait prendre en premier la tête du gouvernement, selon les termes d’un accord de partage du pou­voir signé avec Yaïr Lapid.

Ce qui a valu à Netanyahu des accusations d’incitations à la vio­lence, sur fond de craintes sérieuses. Samedi 5 juin, Nadav Argaman, le patron du Shin Bet (le service de renseignement intérieur israélien), est sorti de son habituelle réserve pour mettre en garde contre « une aug­mentation des discours incitant à la violence, notamment sur les réseaux sociaux ». Il a exhorté les responsables politiques de tous les partis à « appeler claire­ment à la fin de ces discours », qui peuvent être « compris par certaines personnes ou certains groupes comme un permis pour commettre des violences » pou­vant aller jusqu’à entraîner des « blessures mortelles ». Et Netanyahu de répondre: « Il y a une ligne très fragile entre la critique politique et l’incitation à la violence (...) et on ne peut pas dire que, quand la critique vient de droite, c’est de l’incitation à la violence et que, quand elle vient de gauche, c’est une utilisa­tion justifiée de la liberté d’ex­pression. Je condamne toute inci­tation à la violence ». C’est ainsi qu'il s'est défendu dimanche 6 juin devant les cadres de son parti, le Likoud. Et il est allé jusqu’à estimer être la cible d’une campagne « encore plus grave » dirigée contre lui et ses proches et a qualifié de « gouver­nement de gauche dangereux » la coalition hétéroclite formée par Yaïr Lapid.

Fragilité persistante

En effet, juste avant l’expiration du délai, Lapid a annoncé, mer­credi 2 juin, la formation d’une coalition inédite dans sa composi­tion. Cet accord de coalition a été signé par les chefs de 8 partis israéliens, 2 de gauche, 2 du centre, 3 de droite et un arabe. Ce dernier est la formation arabe isla­miste Raam, dirigée par Mansour Abbas, une première en Israël. « Ce gouvernement travaillera pour tous les citoyens d’Israël, ceux qui ont voté pour lui et ceux qui ne l’ont pas fait. Il fera tout pour unir la société israélienne », a assuré au président Réouven Rivlin le centriste Yaïr Lapid. Le soutien du chef du parti de droite radicale, Yamina, et ancien allié du premier ministre, Naftali Bennett, a été crucial à la forma­tion de la coalition anti-Netanya­hu. Naftali Bennett, ancien assis­tant de Benyamin Netanyahu devenu son rival, sera le premier chef du gouvernement, jusqu’en 2023, avant d’être remplacé par Yaïr Lapid jusqu’en 2025.

S’il obtient le vote de confiance, ce gouvernement pourrait mettre un terme à plus de deux ans de crise politique en Israël, avec à la clé quatre élections n’ayant pas jusque-là débouché sur un gou­vernement stable. Or, rien ne garantit la fin de la crise. « Il faut noter que cette coalition est divi­sée sur des questions essen­tielles: des questions écono­miques, sécuritaires et d’autres concernant la question sensible de la relation entre Etat et reli­gion. Les partis de cette coalition se sont mis d’accord sur un seul objectif: déloger Netanyahu », explique Dr Saïd Okasha, spécia­liste du dossier israélien au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. « Pour atteindre cet objectif, ils vont essayer dès le premier jour d’arracher une loi interdisant à n’importe quel député sujet à des procès en justice de se présenter aux élections. Ils ont besoin d’une seule semaine après avoir prêté serment pour obtenir cette loi afin d'empêcher Netanyahu de se représenter aux prochaines élec­tions. Mais cette coalition est fragile, et si un seul parti change d’avis, la coalition risque d’écla­ter », conclut Okasha .

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