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Présidentielle iranienne : Les réformistes hors jeu

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 31 mai 2021

La publication de la liste finale des candidats de la présidentielle iranienne du 18 juin, vidée des candidats modé­rés, a donné lieu à une certaine déception parmi la population, qui souffre déjà d’une grave crise socioécono­mique.

Présidentielle iranienne  : Les réformistes hors jeu
Depuis l’élimination de ses adversaires les plus sérieux, l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi est présenté comme le favori de ce scrutin. (Photo:AFP)

Un nom est à retenir parmi les sept concurrents dont la candidature pour la présidentielle iranienne du 18 juin a été validée le 25 mai par la Conseil des gardiens de la révolu­tion, celui d’Ebrahim Raïssi, un ultraconservateur présenté comme le favori de ce scrutin. Les 12 membres du conseil, dont une moitié est nommée par le Guide suprême, ont disqualifié près de 600 candidatures. Certaines par­fois farfelues, mais pas seule­ment : le vice-président réforma­teur, Eshaq Jahangiri, l’ancien chef du parlement Ali Larijani et l’ancien président ultraconserva­teur Mahmoud Ahmadinejad ne pourront pas concourir.

Mais ce qui a surtout attiré l’at­tention, c’est l’élimination de tous les candidats potentiels qui auraient pu être classés comme « réformistes ». Le président sor­tant lui-même, Hassan Rohani, qui, en vertu de la Constitution, ne peut pas se présenter aux élec­tions, a exprimé son inquiétude. « Le coeur des élections, c’est la concurrence. Si vous enlevez cela, vous avez un cadavre », a-t-il déclaré dans un discours télévisé, au lendemain de l’annonce du rejet inattendu des candidatures de Jahanguiri et de Larijani. « J’ai commencé à passer des appels et je suis en train de mener des consultations afin que l’élection soit plus concurrentielle et mar­quée par une forte participation », a de son côté déclaré M. Raïssi sur Twitter.

En février 2020, les législa­tives ont été marquées par une abstention record (57%) sur fond d’invalidation massive de candidats modérés et réforma­teurs, et de désenchantement face à l’échec de la politique d’ouverture de Hassan Rohani. La crainte d’un tel scénario a poussé l’ayatollah Khamenei de plaider pour une participation « massive » et « révolution­naire ». « Ceux qui ne voteront pas le 18 juin ne sont pas musul­mans », a carrément dit Ahmad Alamolhoda, représentant du Guide suprême dans la province du Khorasan, lors de la grande prière du vendredi 28 mai.

Or, renforçant chez certains l’idée que le résultat de l’élection est couru d’avance, l’agence Fars a publié la semaine dernière les résultats d’un sondage réalisé par un institut « réputé » et, selon lequel, 72,5% des personnes déci­dées à aller voter donneraient leurs voix à M. Raïssi. Alors qu’un net désenchantement s’ex­prime dans la société, le même sondage donne un taux de partici­pation de 53%. Par ailleurs, un climat de mécontentement général règne parmi les Iraniens, notam­ment depuis la répression violente des vagues de contestation de l’hi­ver 2017-2018, puis en novembre 2019.

La campagne électorale coïn­cide avec les pourparlers de Vienne sur le nucléaire iranien. Pour les réformateurs et les modé­rés qui gouvernent avec Hassan Rohani depuis 2013, la solution aux problèmes du pays réside dans les discussions de Vienne pour tenter de relancer l’accord international sur le nucléaire ira­nien de 2015 en y réintégrant les Etats-Unis. Au contraire, les ultra­conservateurs et bien des conser­vateurs accusent Rohani de s’exo­nérer de ses responsabilités .

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