Depuis l’élimination de ses adversaires les plus sérieux, l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi
est présenté comme le favori de ce scrutin.
(Photo:AFP)
Un nom est à retenir parmi les sept concurrents dont la candidature pour la présidentielle iranienne du 18 juin a été validée le 25 mai par la Conseil des gardiens de la révolution, celui d’Ebrahim Raïssi, un ultraconservateur présenté comme le favori de ce scrutin. Les 12 membres du conseil, dont une moitié est nommée par le Guide suprême, ont disqualifié près de 600 candidatures. Certaines parfois farfelues, mais pas seulement : le vice-président réformateur, Eshaq Jahangiri, l’ancien chef du parlement Ali Larijani et l’ancien président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad ne pourront pas concourir.
Mais ce qui a surtout attiré l’attention, c’est l’élimination de tous les candidats potentiels qui auraient pu être classés comme « réformistes ». Le président sortant lui-même, Hassan Rohani, qui, en vertu de la Constitution, ne peut pas se présenter aux élections, a exprimé son inquiétude. « Le coeur des élections, c’est la concurrence. Si vous enlevez cela, vous avez un cadavre », a-t-il déclaré dans un discours télévisé, au lendemain de l’annonce du rejet inattendu des candidatures de Jahanguiri et de Larijani. « J’ai commencé à passer des appels et je suis en train de mener des consultations afin que l’élection soit plus concurrentielle et marquée par une forte participation », a de son côté déclaré M. Raïssi sur Twitter.
En février 2020, les législatives ont été marquées par une abstention record (57%) sur fond d’invalidation massive de candidats modérés et réformateurs, et de désenchantement face à l’échec de la politique d’ouverture de Hassan Rohani. La crainte d’un tel scénario a poussé l’ayatollah Khamenei de plaider pour une participation « massive » et « révolutionnaire ». « Ceux qui ne voteront pas le 18 juin ne sont pas musulmans », a carrément dit Ahmad Alamolhoda, représentant du Guide suprême dans la province du Khorasan, lors de la grande prière du vendredi 28 mai.
Or, renforçant chez certains l’idée que le résultat de l’élection est couru d’avance, l’agence Fars a publié la semaine dernière les résultats d’un sondage réalisé par un institut « réputé » et, selon lequel, 72,5% des personnes décidées à aller voter donneraient leurs voix à M. Raïssi. Alors qu’un net désenchantement s’exprime dans la société, le même sondage donne un taux de participation de 53%. Par ailleurs, un climat de mécontentement général règne parmi les Iraniens, notamment depuis la répression violente des vagues de contestation de l’hiver 2017-2018, puis en novembre 2019.
La campagne électorale coïncide avec les pourparlers de Vienne sur le nucléaire iranien. Pour les réformateurs et les modérés qui gouvernent avec Hassan Rohani depuis 2013, la solution aux problèmes du pays réside dans les discussions de Vienne pour tenter de relancer l’accord international sur le nucléaire iranien de 2015 en y réintégrant les Etats-Unis. Au contraire, les ultraconservateurs et bien des conservateurs accusent Rohani de s’exonérer de ses responsabilités .
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