Delaware, Etats-Unis, Correspondance
Le nouveau conseiller à la sécurité nationale à la Maison Blanche, Jake Sullivan, a mené des changements significatifs au sein du Conseil de la sécurité nationale. Des changements qui portent à croire que le nouveau président américain, Joe Biden, va se tourner davantage vers l’Asie. En effet, l’équipe chargée des dossiers moyen-orientaux s’est restreinte, au grand avantage de celle chargée des politiques asiatiques. Bien qu’aucune annonce officielle n’ait été faite dans ce sens, de nombreux indices montrent que les priorités de la politique étrangère de la nouvelle Administration américaine vont vers l’Asie. Et ce, après la montée en puissance de la Chine au cours des 20 dernières années. Une montée en puissance qui inquiète tant les démocrates que les républicains. Sullivan a d’ailleurs déclaré que la restauration de bonnes relations avec les alliés et avec le reste du monde, si ternies par la présidence de Donald Trump, doit pouvoir obtenir des résultats fructueux, que ce soit dans la coopération internationale contre la pandémie, contre le réchauffement climatique ou contre les pratiques abusives de la Chine. Sur la Chine, Sullivan constate également que les efforts de Donald Trump pour contrer la Chine, via la hausse des barrières tarifaires notamment, n’ont pas donné les résultats escomptés auprès du monde industriel ou agricole américain. Pour lui, cela tient au fait que l’Amérique était seule dans ce bras de fer, sans alliés en Asie ou en Europe, pour l’aider à faire levier.
Kurt Campbell a été choisi comme secrétaire d’Etat adjoint chargé des affaires en Asie- Pacifique du département d’Etat américain, tandis que Brett McGurk, ancien envoyé spécial de la coalition anti-Daech, a été nommé nouveau conseiller de la politique de la Maison Blanche au Moyen-Orient. Son service sera restreint contrairement à l’époque du démocrate Barack Obama, lorsque le département Moyen-Orient au sein du Conseil de sécurité nationale était plus grand.
Il semble donc que l’équipe Biden estime que les plus grands défis, notamment sécuritaires, proviennent des « puissances » rivales des Etats- Unis, comme la Russie et la Chine. Les déclarations de la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, confirment cette tendance. « Ce que nous avons vu au cours des dernières années, c’est que la Chine est de plus en plus autoritaire sur son territoire, plus assurée à l’étranger et que Pékin remet désormais en question notre sécurité, notre prospérité et nos valeurs de manière significative qui nécessite une nouvelle approche », a déclare Jen Psaki. « Notre point de vue, le point de vue du président, est que nous devons adopter une meilleure défense, en faisant notamment en sorte que la Chine ait à rendre des comptes pour ses pratiques déloyales et illégales et en nous assurant que les technologies américaines ne favorisent pas le renforcement militaire de la Chine », a-t-elle ajouté.
D’autre part, il semble que l’équipe Biden veuille éviter de se noyer dans un nouveau chaos au Moyen-Orient. Elle privilégie une promotion des alliances essentielles avec l’Asie et l’Europe, lesquelles avaient été mises à mal par la présidence de Donald Trump. Le choix des membres du Conseil de sécurité nationale va donc dans ce sens.
Outre la relation avec la Chine, l’un des dossiers brûlants sur la table est le nucléaire iranien. C’est Robert Malley qui a été nommé fin janvier dernier à la tête de l’équipe chargée de renégocier un accord avec l’Iran sur le nucléaire. Ce diplomate chevronné, fils d’un juif égyptien, diplômé de Harvard, a servi sous les Administrations Clinton et Obama. Ami d’enfance du secrétaire d’Etat, Antony Blinken, il a été l’un des principaux artisans de l’accord sur le nucléaire signé en 2015 avec l’Iran, qui avait nécessité des années de tractations complexes. Robert Malley devra donc relever l’un des défis les plus compliqués de la diplomatie américaine : contraindre l’Iran à se conformer à ses engagements, avant de lever les sanctions prises par l’Administration Trump. La Maison Blanche espère ensuite élargir l’accord de 2015 sur le nucléaire, notamment à la question des missiles. Un objectif très ambitieux, pour lequel l’Administration américaine se garde bien de donner le moindre calendrier.
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