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Etats-Unis : Tourner la page Trump

Abir Taleb avec agence, Mardi, 26 janvier 2021

Climat, santé, immigration … Le nouveau président américain, Joe Biden, a, dès son entréeà la Maison Blanche, pris des décisions pour se défaire de certaines des politiques-clés de son prédécesseur, Donald Trump.

Etats-Unis : Tourner la page Trump
Biden a signé une dizaine de décrets dès son entrée à la Maison Blanche. (Photo : AFP)

Même après son départ de la Maison Blanche, le désormais ancien président des Etats-Unis fera face à un deuxième procès de destitution. Vendredi 22 janvier, les démocrates ont annoncé que le procès commencera la deuxième semaine de février au Sénat, après la transmission à la chambre haute de l’acte de mise en accusation de l’ancien président en début de semaine prochaine. Ce délai de deux semaines entre la remise de l’acte d’accusation et le début des débats permettra que le procès ne monopolise pas les sessions à la chambre haute pour le début du mandat de Joe Biden. Le Sénat pourra ainsi notamment confirmer les membres de son gouvernement, ce qui a d’ores et déjà commencé. Donald Trump doit être jugé pour « incitation à l’insurrection », Trump étant accusé d’avoir encouragé ses partisans à se lancer à l’assaut du Capitole le 6 janvier, au moment où les élus du Congrès certifiaient la victoire de son rival démocrate à la présidentielle. Mais la Constitution impose un seuil des deux tiers pour condamner un président, et il faudrait que 17 sénateurs républicains se rallient aux 50 démocrates pour atteindre cette majorité qualifiée, ce qui est à ce stade très incertain.

Si Donald Trump était déclaré coupable, il ne serait pas destitué puisqu’il a déjà quitté la Maison Blanche, mais il deviendrait inéligible, alors qu’il a caressé l’idée d’une nouvelle candidature à la présidentielle de 2024. Et c’est là l’objectif de la procédure. Et pourtant, en faisant ses adieux, Donald Trump a promis à ses partisans que son mouvement « Make America Great Again » allait se poursuivre. S’il a vanté ses réussites, a soigneusement évité de verser dans la polémique sur le résultat des élections et s’est adressé à son successeur, Joe Biden, dont il n’a toutefois pas voulu prononcer le nom, lui souhaitant « succès », il a surtout souligné que « le mouvement lancé il y a quatre ans ne fait que commencer ». Une manière de donner rendez-vous à ses partisans en 2024.

Commencer par le plus facile

L’Amérique n’a donc peut-être pas tourné la page Trump. C’est ce que tente pourtant de faire le nouveau locataire de la Maison Blanche. Juste après sa prestation de serment, le 20 janvier, Joe Biden s’est mis au travail en signant une dizaine de décrets. Premier sujet de préoccupation : la lutte contre le coronavirus. A ce sujet, il a promis une mobilisation comme « en temps de guerre » face au Covid-19. Prenant le contre-pied de Donald Trump, la nouvelle Administration a remercié, jeudi 21 janvier, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour son rôle de chef de file dans la lutte planétaire contre la pandémie, et l’a assurée de son soutien financier, et ce, après avoir annoncé le retour des Etats-Unis à l’OMS. En ce qui concerne l’immigration, le nouveau président américain a rétorqué la déclaration d’urgence de son prédécesseur qui avait contribué à financer la construction d’un mur le long de la frontière mexicaine et a annulé le décret qui interdisait aux ressortissants de certains pays musulmans de se rendre aux Etats-Unis.

Autres revirements par rapport à la politique de son prédécesseur : Biden a décidé le retour des Etats-Unis dans les accords de Paris sur le climat ; il a aussi signifié à Kaboul sa volonté de revoir l’accord avec les Talibans, un accord conclu par l’Administration Trump prévoyant le retrait total des forces américaines d’ici à la mi-mai 2021, en échange de l’engagement des insurgés à ne pas laisser des groupes terroristes agir depuis des zones qu’ils contrôlent.

En revanche, les Etats-Unis ne reviendront pas sur la décision controversée de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, a déclaré le futur secrétaire d’Etat. Ce dernier a ajouté que Biden estime cependant que la seule issue viable au conflit israélo-palestinien est la solution « à deux Etats », reconnaissant toutefois qu’une telle solution n’était pas « réaliste » à « court terme » et appelant dans l’immédiat Israéliens et Palestiniens à « éviter des mesures unilatérales qui rendent cela encore plus complexe ». Pas de surprise à ce sujet, puisque le soutien à Israël a toujours été une constante dans la politique américaine, et ce, quelle que soit l’administration.

Or, selon les analystes, cette série de décisions constitue la partie relativement facile. Mais aussi et surtout, les premiers mois de Biden à la Maison Blanche risquent d’être semés d’embûches : si le 46e président des Etats-Unis est poussé par une partie des Américains à marquer une rupture aussi nette que possible avec son prédécesseur, il doit aussi gérer avec la frange la plus pro-Trump de la population qui n’a toujours pas accepté la défaite de son champion et qui peut, à la moindre provocation, faire preuve de violence comme elle l’a démontré lors de l’assaut sur le Capitole le 6 janvier.

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