La fermeture des ambassades américaines a été motivée par l'interception de massages émanant de responsables d'Al-Qaëda. (Photo : AP)
Alerte d’interpol, fermeture de plusieurs ambassades américaines, allemandes, françaises et britanniques, jamais depuis le 11 septembre 2011, les pays occidentaux n’ont autant redouté Al-Qaëda. Washington a ainsi annoncé dimanche la prolongation de la fermeture de plusieurs de ses ambassades et ses consulats jusqu’au samedi 10 août par mesure de sécurité après des menaces crédibles de la part d’Al-Qaëda. Le Département d’Etat américain a également indiqué qu’un petit nombre de missions diplomatiques supplémentaires seraient fermées, alors que d’autres ont rouvert lundi. « Il ne s’agit pas d’une indication concernant une série de nouvelles menaces, mais plutôt d’une indication de notre engagement à faire preuve de prudence et à prendre les mesures appropriées pour protéger notre personnel, y compris les employés locaux et les visiteurs dans nos missions », a déclaré la porte-parole du Département d’Etat, Jen Psaki, dans un communiqué. Et une réunion au sommet consacrée aux menaces terroristes d’Al-Qaëda a eu lieu samedi à la Maison Blanche. Présidée par la conseillère pour la Sécurité nationale, Susan Rice, cette réunion s’est déroulée en présence du secrétaire d’Etat, John Kerry, du secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, et de la secrétaire à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano. Y assistaient également les chefs de la CIA, du FBI et de l’Agence de sécurité nationale, ainsi que l’ambassadrice des Etats-Unis aux Nations-Unies.
Pour ce qui est de l’alerte de l’Interpol, elle invite à la plus grande vigilance tous les pays membres et survient « après une série d’évasions de prison dans 9 pays membres, parmi lesquels l’Iraq, la Libye et le Pakistan ». L’Interpol rappelle que le mois d’août est une date anniversaire liée à plusieurs « violentes attaques terroristes » en Inde, en Russie et en Indonésie. « Cette semaine marque aussi le 15e anniversaire des attentats contre l’ambassade des Etats-Unis à Nairobi, au Kenya, et à Dar es-Salaam, en Tanzanie, au cours desquels 200 personnes, majoritairement africaines, avaient péri, et 4 000 avaient été blessées », a notamment souligné l’Interpol.
Depuis ces annonces, les déclarations fusent de toutes parts. Les Etats-Unis sont en état d’alerte, a déclaré, sur la chaîne américaine CBS, Michael McCaul, président de la Commission de la sécurité intérieure de la Chambre des représentants, évoquant « l’une des menaces les plus crédibles et les plus précises que j’ai vues depuis le 11 septembre », tout en ajoutant qu’un attentat semble « imminent ». Peter King, membre de la Commission du renseignement de la Chambre des représentants, a, de son côté, souligné que les renseignements évoquaient « le fait que ça doit être un attentat énorme, et quelques dates étaient citées aussi ». « Nous pensons que cela va le plus probablement se passer au Moyen-Orient ou autour d’une ambassade, mais il n’y a aucune garantie », a-t-il ajouté.
Le chef d’état-major américain, le général Martin Dempsey, a lui annoncé sur ABC que « les menaces d’attentats d’Al-Qaëda visent l’ensemble des intérêts occidentaux », ajoutant qu’elles étaient « plus spécifiques » que ce qu’il avait pu y avoir jusqu’à présent. « Il y a un flot significatif évoquant des menaces et c’est à cela que nous réagissons », a-t-il dit.
Cependant, concrètement parlant, on ne sait rien de ces menaces, les déclarations sont certes nombreuses, mais floues. Aussi, on se demande pourquoi une telle médiatisation de cette information, surtout lorsque l’on sait que l’attaque arrive toujours quand on s’y attend le moins.
Le Yémen, un cas à part
Le dispositif de sécurité a été renforcé autour des ambassades occidentales à Sanaa, dont certaines ont fermé leurs portes après une alerte sur un risque d’attentat lancée par Washington, qui a fermé 25 ambassades et consulats au Moyen-Orient et en Asie.
Des membres des Forces spéciales yéménites, soutenus par des blindés, étaient postés devant les chancelleries fermées des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de France et d’Allemagne, ainsi que celles d’autres pays dont les accès étaient quasiment fermés. « Nous sommes déjà en état d’alerte, mais nous avons redoublé de vigilance », a déclaré un policier, cité par l’AFP. Aux points de contrôle mis en place depuis le début de la semaine par les forces de sécurité et l’armée sur les principaux axes routiers de Sanaa, les forces de l’ordre procèdent à des contrôles réguliers, en particulier pour les accès menant aux chancelleries occidentales, selon des habitants. Ces barrages, qui ont aussi fait leur réapparition autour de Sanaa et sur les routes reliant la capitale aux grandes villes du pays, ont été rétablis au début de la semaine, « une mesure préventive durant les 10 derniers jours du Ramadan », une période marquée parfois par des attaques d’extrémistes, a indiqué à l’AFP une source de la sécurité. Jeudi, le président américain, Barack Obama, avait remercié son homologue yéménite, Abd-Rabbo Mansour Hadi, en visite aux Etats-Unis, pour sa « coopération solide » dans la lutte contre Al-Qaëda. Washington mène de nombreuses opérations contre les extrémistes islamistes au Yémen, en particulier des attaques de drone, avec l’accord tacite de Sanaa.
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