Après une longue guerre acharnée, les autorités de Kaboul et les Talibans se dirigent vers des pourparlers de paix. Des discussions historiques, puisqu’elles doivent mettre fin à une guerre qui a longtemps déchiré le pays. Les négociations sont désormais possibles après la libération de 400 prisonniers talibans accusés de graves crimes, une condition exigée par les Talibans. Cette libération a été décidée après trois jours de discussions entre des milliers de dignitaires afghans, responsables étatiques et chefs tribaux, réunis pour une « Loya Jirga » (grande assemblée). « Afin d’enlever les obstacles à l’ouverture de pourparlers de paix, de mettre fin au carnage, et pour le bien du public, la Jirga approuve la libération des 400 prisonniers demandés par les Talibans », a annoncé, dimanche 9 août, Atefa Tayeb, membre de l’assemblée. Abdullah Abdullah, responsable gouvernemental chargé des pourparlers, a de son côté déclaré : « Nous sommes sur le point de débuter les négociations de paix ». Alors que l’ex-président, Hamid Karzaï (2001-2014), a quant à lui affirmé que les discussions interafghanes devraient débuter deux ou trois jours après la libération des 400 prisonniers talibans. L’avenir des prisonniers représente un enjeu crucial dans l’ouverture de négociations, les deux camps s’étant engagés dans un échange de prisonniers qui doit précéder ces discussions. Kaboul a déjà relâché près de 5 000 prisonniers talibans, mais les autorités afghanes ont jusqu’ici refusé de libérer les 400 derniers captifs réclamés par les insurgés. Certains sont impliqués dans des attaques meurtrières tuant Afghans et étrangers. Parmi les captifs concernés, selon une liste officielle consultée par l’AFP, se trouvent plus de 150 condamnés à mort, ainsi qu’un groupe de 44 captifs très surveillés par les Etats-Unis et d’autres pays pour leur rôle dans des attaques de premier plan.
« Les Talibans doivent maintenant démontrer qu’ils n’ont pas peur d’un cessez-le-feu national », a cependant précisé, dimanche 9 août, le président afghan, Ashraf Ghani, faisant référence à une demande de la grande assemblée pour une trêve « sérieuse, immédiate et durable » à travers le pays. Cette décision a été prise pour appliquer les recommandations de la grande assemblée qui a aussi réclamé la libération par les Talibans de « tous prisonniers civils et militaires du gouvernement », ainsi que la garantie « que les captifs libérés (par le gouvernement) ne retourneraient pas sur le champ de bataille, et que leurs activités seraient surveillées ».
Les Américains avaient insisté pour ces libérations, prévues dans l’accord signé entre Washington et les Talibans en février dernier en vue d’un retrait des troupes américaines d’ici mi-2021. A cet égard, le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, avait appelé les dignitaires à accomplir cette libération « impopulaire ». Quant au secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, il a annoncé que Washington réduirait ses troupes en Afghanistan à moins de 5 000 d’ici fin novembre si certaines conditions étaient respectées.
Avant cette décision, un cessez-le-feu avait été signé entre les Talibans et le gouvernement afghan. Cette trêve n’est que la troisième pause officielle dans les combats en près de deux décennies de conflit. « Les Talibans doivent maintenant démontrer qu’ils n’ont pas peur d’un cessez-le-feu national », a cependant ajouté le chef de l’Etat afghan, faisant référence à une autre demande la grande assemblée pour « une trêve sérieuse, immédiate et durable ».
Reste désormais le plus dur, à savoir cette trêve, mais aussi et surtout les négociations de paix entre les Talibans et Kaboul.
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