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Impasse politique en Israël

Maha Salem avec agences, Lundi, 25 novembre 2019

La pression monte en Israël contre le premier ministre sortant Benyamin Netanyahu, y compris dans son propre camp, pour exiger son départ. Sa mise en examen vient compliquer davantage la formation d’un gouvernement.

Rien ne va plus en Israël. Une impasse politique due à l’incapacité de former un gouvernement, le spectre d’une troisième législative et un premier ministre sortant mis en examen pour plusieurs affaires.

Dans une course contre la montre, Benny Gantz, chef du parti Bleu et Blanc, a invité, samedi 23 novembre, les dirigeants du parti du Likoud du premier ministre sortant Benyamin Netanyahu à le rallier pour former un gouvernement. Et ce, deux jours après que le président Reuven Rivlin avait chargé le parlement de trouver un premier ministre pour sortir Israël de l’impasse politique et éviter la tenue d’un troisième scrutin législatif en moins d’un an. Les députés ont désormais jusqu’au 11 décembre pour trouver celui qui devra recueillir le soutien d’au moins 61 d’entre eux sur 120. « Je serai premier ministre les deux premières années », a expliqué Gantz, tout en ajoutant que Benyamin Netanyahu « s’il est mis hors de cause, pourra revenir et être premier ministre pour les deux années suivantes », a déclaré Gantz lors d’une conférence de presse, samedi 23 novembre, à Tel-Aviv en s’adressant aux dirigeants du Likoud.

Selon cet ancien chef de l’armée israélienne, il s’agit là de l’unique alternative à la tenue de nouvelles élections. Or, selon les analystes, l’inculpation de Benyamin Netanyahu, premier ministre depuis 2009, pourrait diminuer ses chances de rallier à sa cause une majorité d’élus et compliquer son maintien au pouvoir.

En effet, la mise en examen de Netanyahu, inculpé pour corruption, abus de confiance et malversation dans trois affaires différentes, n’arrange pas les choses. Cette inculpation a poussé Benny Gantz à appeler son grand rival à la démission et il l’a accusé de s’être barricadé au pouvoir. Selon la loi israélienne, Netanyahu peut demeurer premier ministre malgré cette mise en examen, mais il ne peut pas devenir simple ministre dans un éventuel gouvernement de coalition. Ainsi, Netanyahu pourrait perdre des postes, car en plus du poste de premier ministre, en sursis jusqu’aux délibérations des députés, Netanyahu cumule les portefeuilles de l’Agriculture, de la Santé, des Affaires sociales et de la Diaspora, dont il devra vraisemblablement se départir.

Likoud contre Likoud

D’ailleurs, l’un des dangers qui pèsent sur Netanyahu à l’heure actuelle provient de son propre parti. Depuis sa mise en examen, les réactions se bousculent. Le député Gideon Saar (Likoud) a déposé, dimanche 24 novembre, une demande auprès du président du groupe parlementaire de son parti pour qu’il convoque de toute urgence des primaires visant à détrôner le premier ministre. « Je pense que je serais capable de former un gouvernement et d’unir le pays et la nation », a déclaré Saar. Dans le même temps, le député Nir Barkat (Likoud) a, lui, présenté une proposition alternative au président du groupe visant à créer un poste intérimaire auquel sera élu lors de primaires un député qui remplacera le chef du Likoud au cas où M. Netanyahu serait mis en congé de ses fonctions.

La pression monte contre le premier ministre sortant, qui continue de son côté de se présenter comme la victime d’un complot. Une pression qui provient de ses adversaires politiques, de son propre camp, ainsi que de la société civile et de la rue. Le « Mouvement pour un Gouvernement de Qualité en Israël », a déposé, dimanche 24 novembre, la première plainte devant la Cour suprême, demandant la destitution du premier ministre. Et d’après un premier sondage réalisé depuis la mise en examen de Benyamin Netanyahu, 56% des Israéliens sont favorables à sa démission.

La balle est donc dans le camp du Likoud, ce parti doit donc choisir s’il soutient Netanyahu ou s’il le lâche pour soutenir un autre candidat au poste de chef du parti et en suite du premier ministre.

« Le Likoud est dans une situation critique, il doit choisir un autre dirigeant s’il veut garder sa place dans le gouvernement et c’est une tâche difficile », conclut Dr Tareq Fahmi, politologue et professeur de sciences politiques.

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