Les frappes israéliennes sur la Syrie ont causé de grands dégâts. (Photo : AP)
La tension est montée d’un cran cette semaine dans la région. L’aviation israélienne a pris pour cible plusieurs sites au Liban, en Syrie, en Iraq et à Gaza. Ces frappes ont été critiquées par la communauté internationale. « Ces frappes sont une guerre indirecte entre les deux puissances que sont les Etats-Unis et l’Iran. Washington exerce de fortes pressions sur l'Iran pour l’obliger à accepter les conditions américaines et pour avoir la supériorité dans les nouvelles négociations, et ainsi imposer sa volonté. La meilleure façon de faire pression sur l’Iran est de viser ses relais dans la région. Les pays arabes et Israël sont le terrain d’une guerre indirecte entre les Etats-Unis et l’Iran », explique Mona Soliman, professeure à la faculté d’économie et de sciences politiques de l’Université du Caire.
En parallèle à cette guerre indirecte entre Téhéran et Washington, les élections israéliennes auront lieu le mois prochain et le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, veut renforcer son influence et améliorer sa position, surtout après les accusations de corruption qui ont affaibli ses chances et diminué sa popularité. « Le premier ministre israélien veut gagner des voix pour remporter les élections du mois prochain. Il essaie donc de gagner le soutien de Washington en faisant pression sur l’Iran. Et il essaie de satisfaire les Israéliens en leur montrant la puissance et la force de leur pays sous sa direction », explique Mona Soliman.
L’aviation israélienne a mené des frappes en Syrie samedi 24 août. La défense antiaérienne de l’armée syrienne est entrée en action pour contrer des missiles israéliens en provenance du Golan et visant les environs de Damas, précisant que la plupart avaient été abattus avant d’atteindre leurs cibles. Selon l’armée israélienne, le but de ces frappes est d’empêcher une force iranienne de lancer une attaque contre Israël avec des drones chargés d’explosifs, de type kamikaze. Cependant, Israël a toujours affirmé son intention de continuer à viser les positions tenues par l’Iran ou le Hezbollah en Syrie, assurant qu’il ne laisserait pas Téhéran s’implanter à sa frontière. « L’aviation israélienne a visé plusieurs cibles terroristes et installations militaires appartenant à la force Al-Qods (unité d’élite des Gardiens de la Révolution, ndlr), ainsi qu’à des milices chiites. L’aviation a été en mesure d’empêcher une tentative iranienne de la force Al-Qods de mener une attaque depuis la Syrie contre des cibles dans le nord d’Israël avec des drones », a déclaré un porte-parole de l’armée, Jonathan Conricus.
Selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), une ONG qui s’appuie sur un vaste réseau de sources à travers la Syrie, les frappes israéliennes ont visé des positions du Hezbollah, mais aussi des forces iraniennes à Aqraba, au sud de Damas. « Israël et les Etats-Unis n’ont pas le pouvoir d’attaquer différents centres iraniens et les centres de conseil militaires que nous avons (en Syrie) n’ont pas été touchés », a dit un haut responsable iranien, Mohsen Rezaie, ancien cadre de la force Al-Qods, aujourd’hui secrétaire du Conseil de discernement, un organe de contrôle du système politique iranien. « Les actions menées conjointement par Israël et les Etats-Unis en Syrie et en Iraq sont contre les lois internationales et les défenseurs de la Syrie et de l’Iraq leur répondront bientôt », a affirmé Rezaie.
Frappes au Liban, en Iraq et à Gaza
Quelques heures plus tard, un drone est tombé au Liban, dans la banlieue sud de la capitale Beyrouth, bastion du Hezbollah. Considéré comme l’essentiel allié du président syrien Bachar Al-Assad, lui-même soutenu par Téhéran, le Hezbollah a menacé dimanche Israël de représailles. L’attaque n’a pas fait de victime, mais des dégâts ont été constatés au centre médiatique du mouvement, selon le Hezbollah. Le puissant mouvement armé du Hezbollah est un acteur politique majeur au Liban. Il intervient en outre dans le conflit en Syrie en soutien au régime, aux côtés de l’Iran. « Ce qui s’est passé est une attaque au drone kamikaze contre une cible dans la banlieue sud de Beyrouth », a indiqué le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans un discours. Il a ajouté : « Je dis à l’armée israélienne aux frontières : dès cette nuit, préparez-vous et attendez-nous un jour, deux, trois, quatre. Le Hezbollah ne permettra pas la répétition de telles attaques au drone quel qu’en soit le prix, et fera tout pour les empêcher à l’avenir ». Nasrallah a présenté l’attaque comme le premier acte d’agression d’Israël au Liban depuis la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, qui avait fait 1 200 morts du côté libanais et 160 du côté israélien. Ces dernières années, l’hostilité entre le Hezbollah et Israël s’est surtout illustrée en Syrie, déchirée depuis 2011 par une guerre complexe. « La réaction du chef Hassan Nasrallah dépendra des ordres et des décisions de l’Iran. Alors, c’est l’Iran qui va décider de la réaction convenable et de l’escalade ou non », explique Mona Soliman.
Après le discours du chef chiite, un autre pays a été visé par Israël. En Iraq, la puissante force paramilitaire iraqienne Hachd Al-Chaabi a elle aussi accusé Israël, pour la première fois publiquement, d’être derrière une attaque de drones dimanche, qui a tué l’un de ses combattants dans l’ouest iraqien, près de la frontière syrienne. Cette force est composée de groupes armés pro-iraniens. « Des drones israéliens ont ciblé le Hachd Al-Chaabi en territoire iraqien. Cette attaque éhontée est survenue avec une couverture aérienne d’avions américains au-dessus de la zone, en plus d’un grand dirigeable pour surveiller le secteur proche du lieu de l’incident », a indiqué, dans un communiqué, cette alliance composée de plusieurs groupes armés pro-iraniens et opposée à la présence des forces américaines déployées en Iraq dans le cadre de la coalition internationale sous commandement américain.
Après l’Iraq, l’aviation israélienne a frappé des sites contrôlés par le Hamas dans la bande de Gaza. Les autorités israéliennes ont de plus annoncé une mesure punitive de réduction d’approvisionnement de carburant pour la principale centrale électrique de la bande de Gaza, ce qui signifie une forte réduction de la fourniture du courant. L’armée israélienne avait indiqué auparavant que trois roquettes avaient été tirées dimanche depuis les territoires palestiniens. « En réaction, des avions israéliens viennent de frapper un certain nombre de cibles terroristes dans un complexe militaire du Hamas dans le nord de la bande de Gaza, dont le bureau d’un commandant de bataillon du Hamas », a-t-elle déclaré dans un communiqué. « Bien sûr, l’Iran va profiter de tous ces actes de violence pour faire pression sur les Etats-Unis dans les négociations », explique Mona Soliman.
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