Juan Guaido lors d'un rassemblement avec ses partisans samedi 18 mai.
(Photo: Reuters)
« Les pourparlers pour progresser vers des accords de paix, de concorde et d’harmonie ont bien commencé, et je demande le soutien de tout le peuple vénézuélien pour avancer sur la voie de la paix », a déclaré le président vénézuélien, Nicolas Maduro, vendredi 17 mai en célébrant le début des discussions avec l’opposition en Norvège, lors d’une cérémonie organisée devant quelque 6500 militaires dans l’Etat d’Aragua, au nord du Venezuela. Alors que le pays est confronté à la pire crise socioéconomique de son histoire récente, le président socialiste a déclaré que le « Venezuela doit régler ses conflits » et trouver des solutions « sur la voie de la paix ».
Pays hôte du prix Nobel de la paix où ont été négociés les accords d’Oslo israélo-palestiniens, la Norvège a une longue tradition de « facilitateur » dans les processus de paix à travers le monde, notamment dans celui, réussi, entre le gouvernement colombien et les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) en 2016. Selon un communiqué du ministère norvégien des Affaires étrangères publié vendredi, la Norvège a réitéré sa « volonté de continuer à soutenir la recherche d’une solution pacifique au Venezuela ». Quelques heures auparavant, le ministère norvégien avait aussi fait état de « contacts préliminaires » avec les deux camps dans le cadre d’une « phase exploratoire ».
En effet, deux personnalités du gouvernement vénézuélien ont participé à ces pourparlers à Oslo : le ministre des Télécommunications, Jorge Rodriguez, et le gouverneur de l’Etat de Miranda, Hector Rodriguez. L’opposition était représentée par l’ancien député Gerardo Blyde, l’ex-ministre Fernando Martinez Mottola, ainsi que le vice-président du parlement, Stalin Gonzalez. Contrairement à Maduro, Guaido n’a pas donné de grande importance à cette initiative. Ce dernier s’est contenté, jeudi 16 mai, de dire que des délégués de son camp participeraient à une « médiation » engagée par la Norvège. « Il n’y a aucune négociation », avait tempéré Guaido en ajoutant que l’initiative de la Norvège n’est pas la seule. « Le groupe de contact, le Canada, le Royaume-Uni, la Norvège, le groupe de Lima, ainsi que d’autres initiatives nous aident à trouver une solution à la crise », a tweeté le chef de l’opposition.
La crise politique au Venezuela met aux prises Nicolas Maduro, président depuis la mort de son mentor Hugo Chavez en 2013, et le député de centre-droit, Juan Guaido, à la tête du parlement, qui s’est déclaré en janvier président par intérim et qui est reconnu par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis. Guaido qualifie Maduro « d’usurpateur » depuis l’élection présidentielle « frauduleuse » de mai 2018 boycottée par l’opposition et qui a permis au chef de l’Etat socialiste de se maintenir au pouvoir.
Jouer les intermédiaires
En outre, si de nombreux Etats européens ont reconnu Juan Guaido, le pays scandinave s’est contenté d’appeler à de nouvelles élections libres, une position perçue comme illustrant une volonté de jouer les intermédiaires entre les deux camps. La cheffe de la diplomatie norvégienne, Ine Eriksen Soreide, avait dit que son pays était « prêt à contribuer si et quand les parties le souhaitent ». Par ailleurs, les informations sur la tenue de pourparlers ont été saluées, mais avec prudence, par les spécialistes norvégiens des questions sud-américaines. « Il serait dangereux d’y accorder trop d’importance », a souligné Benedicte Bull, professeure à l’Université d’Oslo. « C’est très positif que les deux parties discutent, mais il est très important de ne pas nourrir trop d’espoirs (...) Il y a eu des discussions formelles à trois reprises dans le passé, et elles ont très vite échoué », a-t-elle déclaré à l’AFP, en ajoutant que la situation est vraiment critique aujourd’hui, et « il est important que quelque chose soit fait ».
Même précaution pour Leiv Marsteintredet, professeur à l’Université de Bergen. « On est encore à un stade précoce et je pense donc qu’il serait très irréaliste d’attendre des résultats rapides », a-t-il expliqué à l’AFP. Et d’ajouter : « Mais que les deux parties soient désireuses de parler est un changement récent qui peut justifier un optimisme prudent ». A la crise politique, émaillée de violences qui ont fait des dizaines de morts, s’ajoute la pire crise économique de l’histoire récente de ce pays où, selon l’Onu, 7 millions de personnes, soit un quart de la population, ont besoin d’une aide humanitaire urgente .
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