En nombre réduit, les partisans de l’opposant vénézuélien, Juan Guaido, se sont dirigés samedi 4 mai, « en paix », vers les casernes pour exhorter une nouvelle fois l’armée à lâcher le président Nicolas Maduro. Le chef de file de l’opposition, Juan Guaido, avait appelé les Vénézuéliens à remettre un tract aux soldats pour les inciter à tourner le dos à Nicolas Maduro, tentant une nouvelle fois de s’allier à l’armée, dont le poids est primordial dans l’équilibre du pouvoir, quelques jours après un appel au soulèvement militaire qui s’est rapidement dégonflé. Mais à Caracas, cette nouvelle tentative en direction des troupes semble ne pas avoir eu un grand succès. Pourtant, l’appel au soulèvement qu’il avait lancé mardi 30 avril avait déclenché des manifestations monstres en marge desquelles de violents heurts se sont produits. Les abords étaient pour la plupart gardés par la police et la Garde nationale bolivarienne, un corps militarisé qui empêchait les manifestants d’approcher et de remettre les tracts aux militaires. Les opposants à Nicolas Maduro lisaient, pour certains au mégaphone, le texte qui invite les militaires à « se mettre (...) du côté de la transition pacifique ». Pour Juan Guaido — qui s’est proclamé président par intérim le 23 janvier dernier et est reconnu comme tel par une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis —, le président vénézuélien est un « usurpateur » qui se maintient sur la base des résultats de l’élection présidentielle « frauduleuse » de l’an dernier.
En revanche, Nicolas Maduro a appelé, samedi 4 mai, l’armée à être « prête » pour l’éventualité d’une attaque de l’« empire nord-américain », lors de l’inspection d’une base dans l’Etat de Cojedes, dans le nord-ouest du pays. Le président socialiste avait lancé, depuis mardi 30 avril, une chasse aux « traîtres » et a affirmé avoir déjoué une « escarmouche putschiste » entreprise par le petit groupe de militaires entrés en rébellion pour rejoindre Juan Guaido. Quelque 25 militaires rebelles ont ensuite demandé l’asile aux ambassades du Brésil et du Panama, et Leopoldo Lopez, l'une des figures de l’opposition, s’est réfugié dans celle d’Espagne. En dehors de ce petit nombre, jusqu’à maintenant, l’état-major est resté fidèle à Nicolas Maduro, qui s’est rendu sur deux bases depuis jeudi 2 mai, pour s’assurer de la loyauté des troupes à son égard.
Côté international, Washington, qui présente le grand soutien à Guaido, tente à tout prix de pousser Nicolas Maduro vers la sortie. Mercredi 1er mai, le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, a déclaré qu’une « intervention militaire est possible ». Le président américain Donald Trump a, de manière surprenante, vanté un « échange très positif » avec son homologue russe, Vladimir Poutine, sur le Venezuela, dossier sur lequel les deux pays s’accusent mutuellement de jouer un jeu dangereux. Le ton monte depuis plusieurs mois entre Washington et Moscou, qui accuse les Etats-Unis d’essayer d’organiser un « coup d’Etat » au Venezuela. M. Trump a adopté un ton particulièrement conciliant vis-à-vis de Moscou, qui tranche singulièrement avec celui de ses principaux conseillers et du département d’Etat. « Vladimir Poutine ne cherche pas du tout à s’impliquer au Venezuela au-delà du fait qu’il aimerait voir des développements positifs », a-t-il assuré depuis le Bureau ovale. « Nous avons eu une conversation très positive », a-t-il insisté.
Le compte-rendu du Kremlin, qui a tenu à souligner que l’appel avait eu lieu à l’initiative de Washington, était, de son côté, très éloigné de la tonalité de l’hôte de la Maison Blanche. « L’ingérence dans les affaires intérieures et les tentatives de changement par la force du pouvoir à Caracas sapent les perspectives d’un règlement politique du conflit », a mis en garde Moscou.
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