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Israël, la défaite de la paix

Sabah Sabet, Mercredi, 17 avril 2019

Avec la victoire de Benyamin Netanyahu aux dernières élections législatives en Israël et la lourde défaite de la gauche, les chances de paix avec la Palestine s’amoindrissent.

Israël, la défaite de la paix
Suite aux élections législatives de mardi 9 avril, Benyamin Netanyahu a été pour la cinquième fois d'affilée.nommé premier ministre d'Israël (Photo: AFP)

Benyamin Netanyahu a été nommé premier ministre d’Israël, pour la 5e fois d’affilée, suite aux élections législatives mardi 9 avril. Selon les experts, les partis de gauche ont essuyé la pire défaite de leur histoire face à la droite, à tel point que les deux principales formations de gauche — le Parti travailliste et Meretz — ne devraient pas obtenir plus de 10 sièges à la Knesset, à l’issue des législatives. « C’est le pire résultat de l’histoire de la gauche israélienne. Le Parti travailliste — qui a établi l’Etat hébreu — ne va quasiment plus avoir d’influence sur la politique du pays », résume Yossi Mekelberg, directeur du département des relations internationales de la Regent’s University de Londres et spécialiste d’Israël, contacté par France 24, dans le cadre d’un article publié 10 avril.

Tamar Herman, politologue israélienne, confirme ce diagnostic : « Il y a eu les élections de 1977, lorsque le Parti travailliste a pour la première fois dû céder le pouvoir au Likoud, et celles de 2019 qui, d’un point de vue des résultats, sont encore pires pour la gauche ». La plupart des études d’opinion, effectuées durant la campagne, ont confirmé que les Israéliens étaient de plus en plus de droite. Un sondage de l’Institut de la démocratie israélienne a démontré qu’en 15 ans, la part de la population se revendiquant de gauche est passée de près de 30 % à seulement 12 %, rapporte le quotidien de centre gauche Haaretz.

Convaincus qu’il était leur meilleur espoir pour faire barrage à Benyamin Netanyahu, les fidèles du Parti travailliste ont eux-mêmes, en partie, voté pour Benny Gantz, le principal opposant de Netanyahu. Or, Gantz n’est pas issu des rangs de la gauche, mais de l’alliance Kahol Lavan (Bleu Blanc), constituée de plusieurs formations centristes. « La liste Bleu Blanc a pris beaucoup de voix à la gauche traditionnelle », confirme Yossi Mekelberg.

La fin de la solution à deux Etats

Avec la lourde défaite de la gauche aux dernières élections, le processus de paix déjà mort n’a aucune chance de revivre un jour. Pour certains observateurs, la réélection de Netanyahu sonne le glas de la solution à deux Etats, déjà morte et enterrée aux yeux d’autres intervenants. Au coeur des accords d’Oslo de 1993, cette « solution » préconise la création d’un Etat palestinien vivant pacifiquement aux côtés d’Israël. Bien qu’il ne se dise pas aussi pessimiste, Thomas Juneau, professeur à l’Ecole supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa, reconnaît que la « solution à deux Etats devient extrêmement difficile à atteindre ». Les démocrates ont, eux, estimé que la victoire de la droite et du Likoud serait un obstacle à toute initiative de paix. Ils ne pensent pas que Netanyahu garantisse une solution de paix.

Pour Saeb Erekat, haut responsable de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), cette victoire est un vrai choix des Israéliens qui ne souhaitent pas la paix. « L’élection de mardi 9 avril montre que les Israéliens ont dit non à la paix et oui à l’occupation », a-t-il déclaré sur Twitter.

Seul Donald Trump, le premier à saluer la victoire de Netanyahu, prétend que cette réélection donnera une chance au processus de paix. « Le fait que Bibi a gagné devrait se traduire par de bons progrès en termes de paix », a déclaré le président américain, à la presse au lendemain des résultats. « Ecoutez, tout le monde dit — et je n’ai jamais rien promis — mais tout le monde dit que la paix au Moyen-Orient n’est pas possible entre Israël et les Palestiniens. Je pense qu’on a une chance. Et je pense que nous avons, maintenant, une meilleure chance avec la victoire de Bibi », souligne-t-il.

Pourtant, Benyamin Netanyahu, soutenu aveuglément par Washington, a promis, lors de sa campagne électorale, d’étendre la souveraineté israélienne sur les implantations cisjordaniennes s’il était réélu. « Je vais appliquer la souveraineté israélienne — sur les implantations cisjordaniennes —, mais je ne distingue pas les blocs d’implantations et les implantations isolées. De mon point de vue, chacune de ces implantations est israélienne », a déclaré le premier ministre israélien. Il est donc évident qu’avec la communauté internationale qui fait la sourde oreille devant la violation à répétition d’Israël envers les droits des Palestiniens, la victoire de Netanyahu n’apportera aucun espoir vers un chemin de paix. Au contraire, les Palestiniens feront face au pire .

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