Le 6 avril 1994, le Falcon 50 du président rwandais de l’époque, Juvénal Habyarimana, est abattu au-dessus de Kigali par un missile d’origine inconnue. Le chef d’Etat était de retour des négociations de paix d’Arusha, en Tanzanie, où il rencontrait la rébellion du Front Patriotique Rwandais (FPR). Le gouvernement hutu et le FPR, composé à majorité de réfugiés tutsis, s’affrontent depuis 1990. Le lendemain de l’assassinat d’Habyarimana, les massacres de Tutsis débutent à l’instigation du régime hutu. Les Forces Armées Rwandaises (FAR) et les milices hutus Interahamwe éliminent méthodiquement cette minorité à l’aide notamment d’une liste établie par les autorités. 800000 à 1 million de personnes sont tuées en 100 jours.
Cité par le journal Le Figaro dans son édition du 7 avril le doctorant sur l’histoire du Rwanda et du génocide Florent Piton explique que le génocide résulte notamment « d’un racisme » qui s’est insinué dans la société rwandaise après la colonisation des Allemands puis des Belges, à partir du XIXe siècle. « Les colons appliquent une vision racialiste, présente en Occident à cette époque-là, au Rwanda ». Pour les colons, les Tutsis appartiennent à une « race supérieure » et il leur revient donc de gouverner. A l’époque précoloniale, Tutsis et Hutus sont plutôt considérés comme des classes sociales. Mais à l’époque coloniale, la discrimination d’installe.
D’un côté, les Tutsis ont accès à l’instruction et occupent des postes à responsabilités dans l’administration. De l’autre, les Hutus cultivent la terre et restent cantonnés dans les classes socioéconomiques inférieures. La discrimination raciale va plus loin en 1931, lorsque le colonisateur belge décide la mise en place d’une carte d’immatriculation désignant l’ethnie d’origine des Rwandais. Désormais, les habitants sont caractérisés par leur origine tutsi, hutu ou twa. Mais à l’indépendance, l’alliance historique s’inverse, et de nombreux Tutsis sont contraints à l’exil. L’animosité entre Tutsis et Hutus ne cesse de croître. La majorité hutu se révolte en 1959, massacrant des centaines de Tutsis et contraignant à l’exil des milliers d’autres. Au début des années 1990, une rébellion d’exilés tutsis s’étant réfugiée dans les pays voisins pénètre au Rwanda. A sa tête: Paul Kagame, actuel président du Rwanda. Rebelles et forces gouvernementales s’affrontent jusqu’à ce que le FPR prenne le contrôle de l’ensemble du pays en juillet 1994. Le génocide est donc le fruit de cette guerre civile, avec des facteurs bien plus anciens .
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