Depuis plus d'un an, Gaza est le théâtre de tensions persistantes. (Photo : AFP)
Dans un climat déjà tendu, Israël a lourdement pilonné vendredi des positions du mouvement islamiste palestinien Hamas, et ce, en représailles au tir de deux roquettes sur son territoire. Selon Tel-Aviv, ces roquettes « n’ont fait aucun dégât ni victimes ». Le Hamas et le Djihad islamique, l’autre mouvement islamiste, ont démenti être à l’origine de ces tirs, laissant supposer qu’ils sont le fait de groupes rivaux ou dissidents. Ces hostilités ont ravivé de nouveau le spectre d’un conflit à Gaza, où Israël et le Hamas se sont livrés à trois guerres depuis que le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007. Elles interviennent après plusieurs semaines de tensions et en pleine campagne électorale israélienne.
Il semblerait cependant que le premier ministre, Benyamin Netanyahu, et le Hamas veuillent éviter toute confrontation ouverte.
En pleine campagne électorale, le premier ministre, Benyamin Netanyahu, a réuni les responsables sécuritaires profitant de la situation pour se donner l’image du « meilleur garant de la sécurité nationale ». Le chef du gouvernement affirme qu’il n’hésitera pas à lancer une opération d’envergure si nécessaire. Il semblerait cependant qu’il préfère dissiper les tensions plutôt que de s’engager dans des opérations aux retombées incertaines en période électorale. Le chef du gouvernement israélien a reçu le soutien des Etats-Unis, son grand allié. « Israël a le droit de se protéger contre les attaques de terroristes armés et financés par leurs marionnettistes à Téhéran », a tweeté le secrétaire d’Etat américain pour les affaires étrangères, Mike Pompeo, qui visitera la région la semaine prochaine.
Mais selon les analystes, Israël a haussé le ton ces derniers jours pour plusieurs raisons. « Tout d’abord, les élections israéliennes auront lieu le 9 avril et le premier ministre doit prouver aux Israéliens qu’il est capable de défendre son pays et de protéger la sécurité nationale. Deuxièmement, les autorités israéliennes cherchent à renforcer l’aide américaine, surtout à l’approche de la visite de plusieurs responsables américains dans la région. Troisièmement, l’Onu a récemment publié un rapport accusant Israël de commettre des crimes contre les enfants et les civils. Ce document dérange beaucoup l’Etat hébreu qui cherche à réformer son image devant la communauté internationale. Enfin, la date du 15 mars marque le début de la vague de contestation appelée grande marche du retour. Cette vague a été un casse-tête pour Israël et celui-ci cherche à minimiser son importance et à affaiblir la volonté des Palestiniens », explique Dr Sameh Rashed, politologue et directeur de rédaction à la revue Al-Siyassa Al-Dawliya au Caire. Les bombardements israéliens ont obligé les Palestiniens à reporter les rassemblements le long de la frontière israélienne.
Une première
La bande de Gaza est le théâtre depuis près d’un an d’une mobilisation, souvent accompagnée de violences entre Palestiniens et soldats israéliens, le long de la barrière frontalière lourdement gardée par l’armée israélienne, et lors de laquelle plus de 250 Gazaouis ont été tués par des tirs israéliens. Ce report est une première depuis le début du mouvement lancé en mars 2018 contre le blocus israélien en faveur du retour des réfugiés palestiniens chassés ou ayant quitté leurs terres à la création d’Israël. Les organisateurs et le Hamas affirment que le mouvement est indépendant. Mais Israël accuse le Hamas de s’en servir. Ainsi, les tensions demeurent vives. La situation économique à Gaza, éprouvée par la pauvreté, les pénuries et le chômage, continue de susciter l’inquiétude. Les forces du Hamas ont dispersé, jeudi 14 mars, les rares manifestations en faveur d’une amélioration des conditions de vie.
Le Hamas est fréquemment accusé de soulager la pression domestique en détournant l’attention sur Israël. Une accusation démentie par la commission d’enquête indépendante de l’Onu. Cette dernière a affirmé que les manifestations étaient essentiellement de « nature civile » et que le Hamas n’était pas intervenu dans ces manifestations. En plus, la commission d’enquête indépendante de l’Onu a accusé l’armée israélienne d’avoir intentionnellement tiré sur des enfants, des journalistes, du personnel de santé et d’autres civils au cours des manifestations dans la bande de Gaza entre le 30 mars et le 31 décembre 2018. Israël a immédiatement qualifié ce rapport de « partial » et rejeté ses conclusions.
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