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Bataille électorale en Israël

Maha Salem avec agences, Mardi, 26 février 2019

Une importante alliance de centre et de gauche a été formée cette semaine en Israël pour affronter le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et ses alliés de la droite israélienne lors des élections législatives anticipées du 9 avril prochain.

C’est dans le but de vaincre le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, lors des élections législatives anticipées du 9 avril prochain, que deux de ses principaux adversaires ont annoncé la création d’une alliance politique. Selon le communiqué de cette alliance annoncée jeudi 21 février, Benny Gantz, ancien chef d’état-major de l’armée, et le centriste Yaïr Lapid ont formé une liste com­mune et ils assureraient ensemble une fonction de premier ministre tournante en cas de victoire. Benny Gantz a récemment créé son parti Résilience pour Israël, généralement classé au centre droit. Yaïr Lapid est à la tête du parti centriste Yesh Atid (il y a un avenir), qui compte actuellement 11 députés sur 120 au parlement.

La position de ces deux alliés est renforcée avant même la création de cette alliance. Tout d’abord, Benny Gantz s’est associé à l’ancien chef d’état-major et ministre de la Défense, Moshé Yaalon. Un autre ex-chef d’état-major, Gabi Ashkenazi, a également décidé de rejoindre Résilience pour Israël. « Motivés par une pro­fonde responsabilité nationale, Benny Gantz, Yaïr Lapid et Moshé Yaalon ont décidé de créer une liste unifiée qui constituera le nouveau parti de gouvernement en Israël », a expliqué un communiqué de Yesh Atid, tout en ajoutant que « le parti mettra en place une nouvelle équipe de direction qui garantira la sécurité d’Israël et réunira les éléments divisés de la société israé­lienne ».

Intitulée « Bleu et blanc », comme les cou­leurs du drapeau d’Israël, l’alliance Lapid-Gantz a déclaré qu’en cas de victoire, Gantz sera premier ministre pendant deux ans et demi. Yair Lapid serait aux Affaires étrangères pen­dant ces années avant de prendre la succession de Gantz à la tête du gouvernement.

« C’est la première fois que Netanyahu fait face à un front fort, puissant et influent. Autrement dit, les puissances sont égales et équilibrées aux prochaines élections. Le bloc de l’opposition de gauche, du centre avec les députés des formations arabes feront jeu égal avec le Likoud et ses alliés d’extrême droite et ultra-orthodoxes », explique Dr Saïd Okasha, politologue et spécialiste du dossier israélien au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.

Un rééquilibrage est-il donc possible alors que le point de gravité politique s’est fortement déplacé vers la droite en Israël ces dernières années, avec un gouvernement Netanyahu considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël ? Pas encore sûr. Pour renforcer sa position, Benyamin Netanyahu a déjà signé un accord poussant plusieurs formations poli­tiques à la droite de son parti à s’unir en vue des législatives du 9 avril, afin de s’assurer une coalition plus large. Netanyahu n’a pas ménagé ses efforts pour obtenir l’union des partis d’ex­trême droite afin d’assurer sa future coalition gouvernementale en cas de victoire, alors que se multiplient les listes de droite ayant peu de chances de passer aux législatives. Selon un communiqué, le Likoud, parti du premier ministre, est parvenu à un accord avec Rafi Peretz, tête de liste du Foyer juif (nationaliste religieux), promettant deux portefeuilles à son parti s’il présente une liste commune avec la formation d’extrême droite Otzma Yehoudit (pouvoir juif).

Considéré comme trop radical, le Foyer juif avait jusque-là refusé de s’unir au parti Pouvoir juif. A cet égard, les dirigeants des partis concer­nés ont utilisé le terme d’accord technique, et au lendemain des élections le 10 avril, les deux partis devraient se séparer.

Netanyahu encore plus à droite

Netanyahu, en poste depuis une décennie, met donc le cap un peu plus à droite. Il a signé un accord poussant plusieurs formations tout à la droite du spectre politique à s’unir en vue des législatives, au risque d’être accusé d’avoir fait entrer une formation d’extrême droite « raciste » à la Knesset. L’objectif est de ne pas laisser des voix de droite s’éparpiller sur de petites listes qui, au bout du compte, ne recueilleraient pas assez de votes pour être représentées au parlement. Gantz et Lapid ont invoqué cette manoeuvre de Netanyahu ainsi que les enquêtes le visant pour justifier leur alliance, ainsi que par leur sens profond des responsabilités nationales. Pour le déranger, Gantz a dénoncé Netanyahu en l’accusant d’être responsable du vent mauvais qui souffle dans nos rues. Avis partagé par son allié Lapid qui s’en est pris à l’alliance nouée entre le Likoud et des mouvements d’extrême droite, estimant que le premier ministre souhaitait faire entrer au parlement le racisme et la vio­lence.

En réponse, Netanyahu a accusé ses rivaux de vouloir constituer un bloc avec des dépu­tés arabes. « Un gouvernement Lapid-Gantz va créer très vite avec eux (les députés arabes) un Etat palestinien qui s’étendra jusqu’à la banlieue de Tel-Aviv. Un Etat palestinien menacerait notre existence », a assuré le premier ministre israélien. Selon les analystes, cette guerre verbale va s’acharner de plus en plus jusqu’à la fin de la campagne électorale.

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