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Sommet à trois à Sotchi

Maha Salem avec agences, Lundi, 18 février 2019

Réunis cette semaine en Russie, les présidents russe, iranien et turc ont salué le retrait annoncé des troupes améri­caines de Syrie, et ont appelé à un règlement politique dans ce pays en proie à la guerre civile depuis 2011.

Sommet à trois à Sotchi
Les présidents russe, iranien et turc à Sotchi. (Photo: AP)

Pour faire avancer le pro­cessus de paix en Syrie, les présidents russe Vladimir Poutine et ira­nien Hassan Rohani, alliés du régime de Damas, et turc Recep Tayyip Erdogan, soutien des rebelles syriens, se sont réunis pendant deux jours à Sotchi. Objectif: améliorer leur coordination pour trouver un règlement au conflit syrien. De fait, ce sont ces trois puissances qui ont aujourd’hui la haute main sur le dossier syrien, alors que la défaite de Daech est imminente et que Washington a annoncé le retrait de ses troupes de Syrie. Dans leur com­muniqué final, les trois présidents ont affirmé que le « retrait annoncé des troupes américaines de Syrie est un pas positif pour mettre fin à ce conflit », tout en promettant de ren­forcer leur coopération à cette fin.

Les discussions ont porté sur les effets du retrait américain des régions nord-est de la Syrie. « Notre point de vue commun est que la réa­lisation de cette étape serait un point positif qui aiderait à stabiliser la situation dans la région », a déclaré le président russe, Vladimir Poutine. Le retrait annoncé par le président américain, Donald Trump, concerne 2000 soldats des forces américaines stationnées en Syrie. Le sort de la province syrienne d’Idleb (nord-ouest), seule région syrienne toujours aux mains des rebelles, fait l’objet d’interrogations. Les trois dirigeants ont ainsi convenu de prendre des mesures concrètes pour stabiliser la situation dans la zone, qui fait depuis des semaines l’objet de frappes sporadiques. « Nous ne voulons pas que de nouvelles crises humanitaires, que de nouvelles catastrophes surviennent à Idleb ou ailleurs en Syrie », a affirmé le pré­sident turc Recep Tayyip Erdogan.

Partageant le même avis, le prési­dent iranien, Hassan Rohani, a esti­mé qu’« Idleb fait partie de la Syrie et il faut la nettoyer des terro­ristes », tout en précisant à l’atten­tion de la Turquie que la sécurité des pays voisins de la Syrie doit aussi être garantie. Pour défendre son allié turc, le président Poutine a déclaré : « Aujourd’hui, pratiquement sur l’ensemble du territoire syrien, le régime de cessez-le-feu est observé, le niveau des violences baisse pro­gressivement. Et c’est un résultat concret et positif de notre travail commun ».

Lors du sommet, Vladimir Poutine a souligné la nécessité pour Moscou, Ankara et Téhéran de se mettre d’accord sur les mesures visant à assurer une désescalade définitive à Idleb.

Coopération turquo-russe

Ainsi, la Russie et la Turquie avaient conclu un accord pour mener des patrouilles communes afin de contenir les groupes radi­caux à Idleb, sans donner plus de détails. Le dernier sommet entre les présidents iranien, turc et russe, organisé en septembre en Iran, avait fait apparaître au grand jour leurs divergences concernant le sort d’Idleb. Il avait fallu une nouvelle rencontre entre Poutine et Erdogan pour éviter l’assaut souhaité par le régime syrien. Une zone démilitari­sée russo-turque avait été créée dans cette enclave où cohabitent des fac­tions rebelles et qui échappe au contrôle des forces de Bachar Al-Assad. En vertu de l’accord rus­so-turc, tous les combattants radi­caux, notamment les djihadistes de Hayat Tahrir Al-Cham (HTS), domi­né par l’ex-branche d’Al-Qaëda, devaient se retirer de la zone. Mais le HTS a, depuis, renforcé son emprise et contrôle plus de 90% du territoire de l’enclave. En plus, Erdogan a également appelé au départ des combattants kurdes pré­sents dans le nord-est de la Syrie. Selon lui, l’intégrité territoriale de la Syrie ne pourra pas être assurée et la région rendue à ses vrais proprié­taires tant qu’ils seront dans la région. Ankara considère les milices kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) comme un groupe terroriste. Celles-ci contrôlent la ville stratégique de Minbej et les zones syriennes à l’est de l’Euphrate depuis qu’elles en ont exclu les dji­hadistes de Daech. Avec l’appui des combattants arabes des Forces Démocratiques Syriennes (FDS) et de la coalition menée par Washington, les YPG ont acculé les groupes djihadistes sur un territoire d’à peine plus d’un kilomètre carré sur le point de tomber. La Russie s’est imposée comme un acteur incontournable du conflit depuis le début de son intervention militaire en 2015 en soutien au régime de Bachar Al-Assad, qui contrôle désormais près des deux tiers du pays. Le processus d’Astana, lancé à l’initiative de Moscou avec l’Iran et la Turquie, a éclipsé les négociations parrainées par l’Onu, sans parvenir à un règlement définitif du conflit.

Transition politique

Le communiqué final de la confé­rence appelle à former le plus vite possible un comité chargé d’élabo­rer une nouvelle Constitution pour la Syrie en vue d’une transition poli­tique. A cet égard, l’émissaire de l’Onu pour la Syrie, Geir Pedersen, a indiqué qu’il espérait réunir dès que possible le Comité constitution­nel afin d’ouvrir la porte au proces­sus politique. « Et comme je l’ai dit, j’espère que ce sera alors le début de discussions sérieuses, qui pour­raient ouvrir la porte à un processus politique qui mènerait à une solu­tion négociée du conflit », a affirmé Pedersen. Selon le plan de l’Onu, le Comité constitutionnel doit com­prendre 150 membres: 50 choisis par le pouvoir, 50 par l’opposition et 50 par l’émissaire de l’Onu afin d’insérer dans la liste des représen­tants de la société civile. Damas s’y est opposé et récemment proposé, avec le soutien de la Russie, l’Iran et la Turquie, 17 changements de nom. Mais l’Onu a rejeté cette liste qui déséquilibre l’ensemble du comité .

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