Parallèlement aux protestations de l'opposition, des manifestations pro-Maduro ont éclaté dans les rues de Caracas, samedi 2 février.
(Photo:AP)
Depuis que le chef duparlement, Juan Guaido, s’est auto proclamé « président par intérim » du Venezuela, le 23 janvier dernier, face au président chaviste, Nicolas Maduro, qui s’accroche au pouvoir, la fracture s’approfondit au Venezuela. Signe de cette fracture, de larges manifestations pro et anti-régime ont éclaté de par le pays samedi 2 février. Un bras de fer entre l’opposition et le pouvoir qui s’est joué dans la rue à l’occasion des 20 ans de la révolution bolivarienne. Il y avait d’un côté les manifestations des partisans du président, qui veut prouver qu’il maintient son emprise sur le pays, de l’autre, celles de l’opposition qui ont réclamé le départ rapide de Maduroet ont appelél’armée de lui tournerle dos. N’ayant aucune intention defaire machine arrière, Juan Guaidoa proposé, face àses partisans, sonplan pour le sauvetage du pays dela crise économique, affirmant avoir eu des rencontres secrètes avec des militaires disposés à renoncer au soutien de son rival.
Mais pour Nicolas Maduro, pas question de quitter le pouvoir. Le président a tout de même fait des gestes destinés à contenir la crise, appelant à un dialogue rapide avec l’opposition et affirmant sa disposition à convoquer des législatives anticipées cette année au lieu de l’année prochaine. Mais il acaté goriquement rejetél’organisation de présidentielle anticipée comme le lui demandent les Etats-Unis et l’Europe. « Ce serait très bien d’organiser des législatives plustôt, cela constituerait une bonnesolution par le vote populaire. Maisnous n’acceptons les ultimatumsde personne dans le monde. Laprésidentielle a eu lieu, et si lesimpérialistes veulent une nouvelle élection, qu’ils attendent 2025 » a lancé Maduro. Passant à la politique du bâton, la Cour suprême vénézuélienne a approuvé l’ouverture d’une enquête contre Guaido, lui ainterdit de quitter le pays et a gelé tous ses comptes bancaires. « Nous sommes dans une dictature et il doity avoir une pression, et nous avons besoin de plus de sanctions de la part de l’Union Européenne (UE)et des Etats-Unis », a riposté le chef du parlement qui, ne comptant pas relâcher la pression, a appelé à de nouvelles manifestations le 12 février.
Chaque partie campe donc sur sa position. « Le bras de fer s’aggrave entre les deux présidents, chacun fort du soutien d’une partie du peuple et d’une partie de la communauté internationale. Pour l’heure,l’opposition mise sur un revirement de l’armée, jusque-là du côté de Maduro, car le destin du pays est désormais entre les mains de l’armée, ossature du régime. Mais on ne peut pas prévoir ce qui va se passer dans les jours à venir. Cependant, 3 scénarios sont possibles : le premier est que les manifestationspopulaires prennent de l’ampleurcontre Maduro et le régime recourtà la violence contre les manifestants,de quoi porter l’armée à lâcher le président. Le deuxième scénario est que les manifestations anti-Madurorestent d’une portée limitée, alors le président va survivre à la crise. Le troisième est que le président et l’opposition engagent un dialogue national sous la pression de l’armée et des pays intermédiaires comme la Russie », explique Dr Hicham Mourad, professeur de sciences politiques l’Universitédu Caire.
La communauté internationale divisée
A la division du Venezue la répondune division plus grande de la partde la communauté internationale .Alors que Juan Guaido est soutenu parles Etats-Unis, les pays d’Amérique latine et l’Europe, Maduro est soutenu par les pays qui ont des divergences profondes avec les Etats-Unis dont la Chine, la Russie, la Turquie, l’Iran et le Mexique.
Or, il est certain que la pression internationale contre Nicolas Maduro s’accentue. Lui adressant un coup dur, les députés du parlement européen se sont rangés cette semaine du côtédes Etats-Unis, adoptant une résolutionqui reconnaît Juan Guaido comme « président par intérim légitime » du Venezuela dans la résolution adoptée en session plénière à Bruxelles. Cettere conna issance de l’opposant vénézuélien s’exercera «jusqu’à la tenue d'une nouvelle élection présidentielle libre, transparente et crédible en vue de rétablir ladémocratie », ont-ils souligné. Les 28 avaient indiqué que l’UE prendrait « de nouvelles mesures » si une élection présidentielle n’étaitpas convoquée «dans les prochainsjours »au Venezuela. Dans ce même cadre, les Etats-Unis ontrépétéleur soutien indéfectible àGuaido, imposant des sanctions supplémentaires au Venezuela déjà en grave crise économique, affirmant que toutes les options sont sur la table. De là à s’imaginer que Washington est prêt à intervenir militairement au Venezuela, certainement pas. «Washington tente de brandir la menace d’une intervention militaire pour faire pression sur Maduro. Mais, en fait, c’est une option très lointaine. Il est très difficile que les Etats-Unis interviennent militairement au Venezuela, car la Russie va aussi intervenir pour protéger son allié, et cesera la guerre entre les deux grandespuissances », explique l’expert.De l’autre côté, ce sont la Russie etla Chine qui restent les deux alliés depoids du président chaviste. Malgré les tentatives de Guaido de gagner le soutien de ces deux pays, ces derniers ont affirmé cette semaine leur soutien indéfectible à Maduro en tant qu eprésident légitime du pays, Moscouré affirmant sa disposition de jouer le rôle d’intermédiaire entre le régime et l’opposition. Outre ces deux pays, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, n’a pas tardéde manifesterson soutien à Maduro. En fait, l’amitié entre les deux présidents est guidée par des « intérêts économiques et idéologiques face à l’impérialisme américain ». « Mon frère Maduro. Tiens bon. Nous sommes à tes côtés », a lancé Erdogan, provoquant la déception de Washington qui amenacé d’agir s’il juge que la Turquie viole les sanctions américaines contre le Venezuela. Le Venezuela est devenu, lui aussi, le théâtre des tiraillements internationaux .
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