Préparer le second sommet entre le leader nord-coréen, Kim Jong-Un, et son homologue américain, Donald Trump. Tel a été l’objectif de la récente visite de l’homme fort de Pyongyang en Chine, allié traditionnel et principal soutien économique de son pays. Lors de cette visite qui a pris fin jeudi 10 janvier, Kim Jong-un a promis à son homologue chinois, Xi Jinping, de faire en sorte que son deuxième sommet avec Trump débouche sur des « résultats » qui répondront aux attentes de la communauté internationale.
« La position de principe de Pyongyang visant àparvenir àune solution pacifique par le dialogue reste inchangée », a assuré Kim Jongun qui a pourtant lancé la semaine dernière un avertissement aux Etats- Unis dans son discours du Nouvel An, menaçant qu’il pourrait changer d’attitude et reprendre la politique d’escalade si Washington maintenait ses sanctions économiques contre Pyongyang. Un changement de ton qui menace le réchauffement spectaculaire des relations bilatérales depuis le sommet historique Trump- Kim Jong-un le 12 juin dernier.
Xi Jinping a fait savoir qu’il soutenait le leader nord-coréen dans ses tractations avec Washington, appelant Nord-Coréens et Américains à « faire un pas l’un vers l’autre » : « Une rare chance historique s’offre pour parvenir àun règlement politique dans la péninsule coréenne », a lancé M. Jinping qui doit se rendre en avril prochain en Corée du Nord pour poursuivre les tractations nucléaires en cours et les résultats du prochain sommet Kim Jong-un-Trump. De l’avis de nombreux experts, ce prochain sommet pourrait ne pas aboutir. « Si les deux pays ne font pas de progrès tangibles le plus vite possible, ce serait l’impasse et le nouveau sommet serait sans lendemain comme celui du 12 juin dernier. Depuis ce sommet historique, les discussions entre Pyongyang et Washington sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne sont dans l’impasse. Sceptique, Washington exige de Pyongyang le démantèlement de son arsenal nucléaire alors que la Corée du Nord refuse toute concession si les Etats-Unis n’en font aucune, et veut notamment des garanties sur la sécuritéde son régime et un allègement des sanctions internationales. Des positions disparates qui ont abouti àl’impasse », analyse Dr Hicham Mourad, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire.
La Chine joue la carte nord-coréenne
Dans une tentative de sauver son unique succès diplomatique sur la scène internationale, Donald Trump refuse de reconnaître son échec à réaliser une avancée dans le dossier nord-coréen et impute la responsabilité à la Chine. « Si les discussions n’avancent pas c’est la faute de la Chine », a-t-il affirmé, ajoutant avoir « une relation fantastique et chaleureuse » avec Kim Jong-Un. Selon Trump, Pékin entrave le processus diplomatique en cours en raison des différends commerciaux sino-américains : en juillet dernier, Washington a imposé des tarifs douaniers qui atteignent 36 milliards de dollars aux produits chinois, et la Chine a répondu pareillement. Là, s’impose une question : Pékin compte-t-il jouer la carte nord-coréenne pour faire pression sur Washington et obtenir des concessions commerciales ? Selon les experts, ce scénario est très possible.
La récente visite de Kim Jong-un à Pékin avait plusieurs objectifs pour les deux pays. Pékin tente d’obtenir des concessions commerciales de la part de Washington et en contrepartie, la Chine l’aiderait à résoudre la crise coréenne. Cette analyse a sa part de crédibilité surtout que la visite de Kim Jong-un en Chine est intervenue au second jour de discussions à Pékin entre négociateurs chinois et américains, qui visaient à résoudre la guerre commerciale entre les deux puissances. « Pékin a bien choisi le moment de cette visite. Cela montre qu’il veut jouer la carte de la Corée du Nord », affirme Dr Mourad.
Quant au côté nord-coréen, la visite de Kim Jong-un porte deux messages importants : prouver que Pyongyang n’est pas seul dans sa guerre contre les Etats-Unis et solliciter l’aide de la Chine afin d’obtenir l’allégement des sanctions internationales. Bref, le leader nordcoréen veut être réconforté par le soutien de Pékin face à Washington, prouver que la Chine reste un acteur incontournable dans la crise et qu’aucun accord entre Pyongyang et Washington ne pourrait voir le jour sans le consentement de Pékin.
Selon les experts, « la Chine a grand intérêt àrésoudre la crise coréenne car elle ne veut pas d’une guerre nucléaire àses frontières et ne veut pas non plus que les Etats-Unis saisissent l’occasion de cette crise pour maintenir leurs forces àses frontières. Autre intérêt : Pékin ne veut pas que son voisin communiste soit dotéde l’arme nucléaire : il est donc dans son intérêt de faire aboutir ce processus diplomatique » .
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