« Nous réaffirmons le caractère illégitime du deuxième mandat de Nicolas Maduro, qui doit débuter le 10 janvier ». Ces mots prononcés, samedi 5 janvier, par le nouveau président du parlement vénézuélien, Juan Guaido, ouvre un nouvel épisode dans le grave bras de fer engagé depuis plus d’un an, entre le président socialiste et le parlement, contrôlé par l’opposition. Accusé par ses détracteurs de mener une gestion économique catastrophique et d’être un « dictateur » accaparant tous les pouvoirs, Maduro a été réélu, le 20 mai 2018, pour un nouveau mandat de six ans, à l’issue d’une élection contestée et boycottée par les principaux partis d’opposition.
« A partir du 10 janvier, il usurpera la présidence, et cette Assemblée nationale sera en conséquence la seule représentation légitime du peuple », a déclaré Juan Guaido, qui s’est également engagé à mettre en place les conditions nécessaires à « un gouvernement de transition » et à « convoquer des élections libres ». Le responsable parlementaire a, par ailleurs, estimé que la chaîne de commandement militaire — principal soutien de Maduro — était « rompue ou usurpée » et a appelé les forces armées à soutenir les efforts pour « restaurer la démocratie » au Venezuela. Rejetant ce vote parlementaire, Nicolas Maduro a accusé le parlement d’usurper la souveraineté populaire, alors que le numéro 2 du pouvoir chaviste, Diosdado Cabello — président de la puissante assemblée constituante composée uniquement de partisans du pouvoir — a affirmé que Maduro serait assermenté devant la Cour suprême et que le parlement « manque de légitimité ».
Selon les experts, ce vote n’a toutefois qu’une portée symbolique car, depuis début 2016, la Cour suprême, réputée proche de l’exécutif, a déclaré nulles toutes les décisions adoptées par le parlement. L’assemblée parlementaire vénézuélienne — dépouillée de son pouvoir et de son autorité — avait échoué, en janvier 2017, à obtenir le départ anticipé du chef de l’Etat socialiste pour « manquement aux devoirs » de sa fonction. « Nos mains sont liées », a reconnu la députée vénézuélienne d’opposition, Delsa Solorzano.
Pressions internationales sur Maduro
Washington a exprimé son « soutien » au parlement vénézuélien, le qualifiant de dernière et « unique institution légitime et élue démocratiquement ». Rejetant l’intervention américaine dans les affaires de son pays, le président vénézuélien a accusé la Maison Blanche de vouloir le renverser avec l’aide des gouvernements colombien et brésilien. Outre les Etats-Unis, le Groupe de Lima — constitué du Canada et de 13 pays d’Amérique latine — ont annoncé, vendredi 4 janvier, qu’ils ne reconnaîtraient pas le deuxième mandat de Maduro, à l’issue d’une réunion dans la capitale du Pérou. A l’exception du Mexique, dirigé par le président de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador, les ministres des Affaires étrangères de ces pays ont demandé à Maduro de transférer ses pouvoirs à l’Assemblée nationale, seule institution d’opposition. Pour la première fois, les Etats-Unis, qui ne sont pas membres du Groupe de Lima, ont participé à cette réunion, le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, y étant associé par visioconférence. La réunion du Lima a eu lieu quelques jours après une rencontre entre Mike Pompeo et plusieurs hauts responsables sud-américains, dont le président colombien, Ivan Duque, et le chef de la diplomatie péruvienne, Nestor Popolizio, pour renforcer la pression sur Caracas. Elle se déroulait également dans la foulée de l’investiture du président d’extrême droite brésilien, Jair Bolsonaro, qui considère le gouvernement vénézuélien comme un régime dictatorial.
Malgré ces pressions internationales et le vote parlementaire, Nicolas Maduro entame son nouveau mandat le 10 janvier, soutenu par l’armée, colonne vertébrale du régime .
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