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Le FLN annonce la candidature de Bouteflika

Abir Taleb avec agences, Lundi, 29 octobre 2018

Le FLN, parti au pouvoir en Algérie, a affirmé que le président Abdelaziz Bouteflika briguera un 5e mandat à la présidentielle d’avril prochain.

C’est en pleine tourmente politique qu’a été annon­cée la candidature du pré­sident algérien, Abdelaziz Bouteflika, à la présidentielle prévue en 2019. C’est ce qu’a affirmé dimanche 29 octobre le patron du Front de Libération Nationale (FLN), Djamel Ouled Abbes, cité par l’agence de presse d’Etat APS. « Le président Bouteflika, également président du parti, est le candidat du FLN à l’élection présidentielle pré­vue en 2019 », a déclaré M. Ouled Abbes, réputé être un proche de lon­gue date du chef de l’Etat, lors d’une cérémonie en l’honneur du nouveau chef du groupe parlementaire du parti, Mohamed Bouabdallah. Selon lui, « cette candidature est une revendication de tous les cadres et militants du FLN sur l’ensemble du territoire national ». Le comité cen­tral (instance dirigeante) du FLN se réunira prochainement pour officia­liser cette candidature. En revanche, le président lui-même ne s’est tou­jours pas exprimé sur la question.

Pourtant, ces dernières semaines, l’incertitude autour d’une nouvelle candidature du chef de l’Etat a monopolisé ces derniers mois le débat politique en Algérie. Des rumeurs circulaient, selon lesquelles le président algérien ne briguerait pas un 5e mandat, notamment en raison de son état de santé. Car M. Bouteflika, âgé de 81 ans, est dimi­nué par les séquelles d’un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) dont il a été victime en 2013. Chef de l’Etat depuis 1999 et détenteur du record de longévité à la tête de l’Algérie, il ne fait que de rares apparitions, sur un fauteuil roulant, et ne s’exprime plus en public depuis son AVC. Sa santé fait l’objet de spéculations récurrentes.

Si sa nomination devient officielle, il ne fait aucun doute que Abdelaziz Bouteflika sera réélu. Outre son parti, le FLN, il a le soutien de plusieurs autres formations: le Rassemblement National Démocratique (RND) du premier ministre Ahmed Ouhayia, les islamistes du Rassemblement de l’Espoir de l’Algérie (TAJ), d’autres membres de la majorité présiden­tielle, la centrale syndicale UGTA, l’ex-syndicat unique, ou encore le Forum des Chefs d’Entreprises (FCE), principale organisation patro­nale.

En face, les opposants à un nou­veau mandat de M. Bouteflika restent dans l’immédiat peu audibles et sem­blent se résigner à ce qui leur apparaît inéluctable. Mais ils tentent tant bien que mal à se faire entendre. Le 13 octobre dernier, le mouvement Mouwatana (citoyenneté), a estimé, dans une déclaration rendue publique, que « l'élection présidentielle de 2019 peut être une opportunité pour un changement de régime sans vio­lence et sans déstabilisation pour le pays ». Dans cette déclaration, le mouvement déclare: « Le 5e mandat pour l’actuel président, illégal du point de vue constitutionnel et immo­ral au vu de l’état de santé de l’inté­ressé, ne peut que prolonger et com­plexifier la crise et n’être en aucun cas sa résolution. Le bilan pathétique des quatre mandats et le désastre général de l’état des lieux sont loin de plaider en faveur d’une quel­conque continuité ».

Imbroglio au parlement

A la polémique sur la tête de l’exé­cutif s’est ajoutée ces derniers jours une vraie crise à la tête du pouvoir législatif. L’Assemblée Populaire Nationale (APN) a élu mercredi 24 octobre son nouveau président, mais le sortant, en conflit ouvert avec la majorité parlementaire, se proclame légalement toujours en fonction, laissant craindre un possible imbro­glio institutionnel. Mouad Bouchareb, 47 ans, a été élu sans surprise président de l’Assemblée Populaire Nationale (APN), par 320 voix et une abstention. Il était jusqu’ici chef du groupe parlemen­taire du FLN, qui détient 161 des 462 sièges à la Chambre basse. Unique candidat, il était également soutenu par les 100 députés du RND et par ceux de deux autres partis de la majorité présidentielle.

Mais le président sortant, Saïd Bouhadja, 80 ans, lui-même membre du FLN, a martelé qu’il « reste et demeure le président légal et légi­time de l’APN » et dénoncé une « atteinte » à « l’Etat de droit », à « la séparation des pouvoirs » et au « respect des institutions ». Selon la Constitution algérienne, « le prési­dent de l’APN est élu pour la durée de la législature » et aucune procé­dure légale de destitution n’est pré­vue. Les députés de la majorité ont donc argué de « l’incapacité » de M. Bouhadja à « assurer ses fonctions, du fait de son désaccord avec les députés et son refus de démission­ner » pour constater « la vacance » du poste. En fait, Saïd Bouhadja était accusé notamment de « mauvaise gestion », et cinq partis de la majo­rité, dont le FLN et le RND, récla­ment en vain depuis fin septembre sa démission. Le 16 octobre, quelque 200 députés de la majorité ont même bloqué l’entrée du parlement et en ont cadenassé la porte, pour en empêcher l’accès à M. Bouhadja.

L’opposition, qui a assisté en spec­tateur à cette scène et à l’élection controversée du président de l’as­semblée, a dénoncé une lutte poli­tique entre clans du pouvoir et une atteinte aux institutions. Et, en réac­tion, l’un des partis de l’opposition, le Front des Forces Socialistes (FFS, 14 députés sur 462), a annoncé samedi 27 octobre avoir décidé de suspendre ses activités au sein du parlement algérien, dénonçant dans un communiqué « la mainmise du pouvoir exécutif sur le législatif, que les partis de l’allégeance et leurs supplétifs ont transformé en simple comité de soutien aux politiques défaillantes qui ont mis en péril l’avenir du pays ». « Depuis le début de la mandature, le FFS s’est démar­qué de l’ancien président de l’as­semblée et se démarquera de l’actuel président, tous les deux illégitimes », a ajouté ce parti.

Ces développements sont interve­nus quelques semaines à peine après une autre tourmente, cette fois au sein de l’institution militaire. Mi-octobre, cinq généraux algériens ont été limogés et placés en déten­tion provisoire pour des malversa­tions présumées.

Le général Menad Nouba, ex-com­mandant de la Gendarmerie natio­nale, les généraux Habib Chentouf, Saïd Bey et Abderrazak Chérif, anciens chefs de régions militaires, et le général Boudjemaâ Boudouaour, ex-directeur des finances au minis­tère de la Défense, ont comparu devant un juge d’instruction du tri­bunal militaire de Blida (50 km au sud d’Alger), selon ces sources. Ces cinq généraux avaient été mis à la retraite dans le cadre d’une vague de limogeages ayant touché ces trois derniers mois la haute hiérarchie militaire algérienne. Des limogeages qui ont suscité de nombreuses ques­tions à huit mois de la présidentielle de 2019 .

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