« Vivre ensemble dans la solidarité, le partage des valeurs humanistes et le respect de la diversité : Source de paix et de prospérité pour l’espace francophone ». Tel sera le thème du 17e Sommet de la Francophonie qui se tient à Erevan, la capitale arménienne, le jeudi 11 et le vendredi 12 octobre. « Nous saluons la décision de l’Organisation internationale de la francophonie de désigner notre pays comme organisatrice du sommet. L’Arménie a une attirance culturelle et historique pour la francophonie.
Pour nous, la Francophonie n’est pas une simple structure, elle est une communauté qui a joué un rôle singulier dans l’humanité », s’est enthousiasmé le président arménien, Serge Sarkissian, à la veille du sommet, dont le pays a adhéré à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en 2004 et qui s’est, depuis, lancé dans une opération de promotion de la langue française.
A Erevan, les chefs d’Etat et de gouvernement vont discuter de plusieurs sujets relatifs à la politique internationale, l’économie mondiale, la promotion de la langue et de la culture françaises, la coopération francophone, les droits de l’homme, l’égalité homme-femme et les libertés dans le monde.
La rencontre servira également à définir les nouvelles orientations de la francophonie de manière à assurer son rayonnement dans le monde. « Notre objectif est de mettre le français au service de la solidarité, du développement et du rapprochement des peuples par le dialogue permanent des civilisations », a affirmé la secrétaire générale de la Francophonie, rajoutant que le sommet d’Erevan va rendre hommage au célèbre chanteur Charles Aznavour — un des célèbres visages de la francophonie, dont la mort avait endeuillé le monde francophone le 1er octobre.
Parmi les dossiers chauds qui devraient être débattus lors de la rencontre figure la candidature de l’Arabie saoudite au sein de l’OIF en tant que membre observateur. Ce n’est pas la première fois que l’Arabie saoudite soumet une demande d’adhésion : lors du précédent sommet à Madagascar en 2016, la requête de la monarchie du Golfe était rejetée car les pays francophones — divisés sur la question — ont fini par rejeter la candidature de Riyad car, selon eux, les valeurs saoudiennes ne vont pas de pair avec celles de la Francophonie : inégalités hommes-femmes et peine de mort. Pourtant, Riyad n’a pas cédé le pas : il a renouvelé sa candidature et compte désormais sur le soutien du Maroc, du Sénégal, du Bénin et du Gabon qui oeuvrent pour son intégration.
Deux candidates
Outre le dilemme saoudien, les pays francophones comptent à Erevan choisir la nouvelle patronne de la Francophonie. Une tâche qui s’annonce plus ardue que jamais. Déjà, deux femmes s’affrontent : la Canadienne Michaëlle Jean, la secrétaire générale sortante soutenue par le Canada, et la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, soutenue par la France et l’Union africaine. Selon les observateurs, un consensus serait difficile à trouver pour les pays membres de l’OIF car la France et le Canada sont les deux puissances dominantes de l’organisation francophone et chacune est décidée à soutenir sa candidate jusqu’au bout.
Pour l’heure, la partie semble gagnée pour la candidate rwandaise. Lors de son récent sommet à Nouakchott, l’Union africaine— dirigée par le Rwanda cette année — a appelé les 29 pays du continent qui font aussi partie de l’OIF à voter pour la candidate africaine. Rappelant que le centre de gravité de la Francophonie se situe en Afrique, le président français a déclaré en mai dernier, en recevant à l’Elysée son homologue rwandais Paul Kagame, que dans le contexte actuel « une candidature africaine au poste de secrétaire générale de la Francophonie aurait beaucoup de sens ». Aux chances réduites, Michaëlle Jean est placée sur la sellette après les critiques de la France et du Québec pour sa mauvaise gestion financière de l’organisation francophone. Rejetant ces accusations, Mme Jean met pourtant en avant le bilan positif de ses actions, notamment en ce qui concerne les questions de l’égalité femmes-hommes et la promotion de la langue française.
A l’issue de la rencontre d’Erevan, le flambeau sera transmis à la Tunisie qui accueillera fin 2020 le prochain sommet de la Francophonie. A cette occasion, le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, conduira la délégation tunisienne. C’est pour la première fois depuis de longues décennies que la Tunisie sera représentée au niveau du président de la République au sommet de la Francophonie.
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