De la décision, le 12 mai, dépendront beaucoup de choses. S’il est une chose qui est sûre à l’approche de cette échéance donnée par le président américain, Donald Trump, aux Européens pour remédier aux « terribles lacunes » de l’accord sur le nucléaire iranien, c’est que la tension diplomatique, comme l’inquiétude, montent terriblement. Après les visites à Washington du président français, Emmanuel Macron, et de la chancelière allemande, Angela Merkel, c’était cette semaine au tour du ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, de discuter avec les Américains, pointant du doigt les questions qui dérangent avec l’Iran, en plus du nucléaire. « Les partenaires britanniques, américains et européens sont unis dans leurs efforts pour s’attaquer au type de comportement iranien qui rend la région du Moyen-Orient moins sûre — ses activités en ligne, son soutien à des groupes comme le Hezbollah et son dangereux programme de missiles », a souligné le ministre, cité dans un communiqué.
Les vues semblent se rapprocher donc. La solution, elle, non. Donald Trump fait planer le suspens et le doute, les Iraniens aussi. Avec des menaces et des contre-menace de faire voler en éclat ce pacte international, et de lourdes conséquences qui s’ensuivraient. Téhéran a de nouveau déclaré qu’il « ne restera pas » dans l’accord si les Etats-Unis en sortent. Côté américain, Donald Trump a encore une fois de plus qualifié le texte d’« horrible ». Et, cité par Reuters mais s’exprimant sous le sceau de l’anonymat, l’un des responsables de la Maison Blanche a déclaré qu’il n’était pas exclu que Trump prenne une décision qui s’apparenterait à une sorte de retrait « incomplet » de l’accord, sans préciser quelle forme ceci pourrait prendre, affirmant que le président américain avait déjà fait « l’essentiel du chemin le menant à un retrait de l’accord », tout en ajoutant qu’il « n’avait pas encore pris la décision ». Qui plus est, un deuxième responsable, lui aussi cité par Reuters, a relevé que les conseillers du président américain n’essayaient pas réellement de le dissuader de sortir de l’accord tant il semble déterminé à prendre cette voie ...
Bref, le pessimisme est de mise, sans que l’on puisse confirmer dans quelle direction iront les choses. Selon les analystes, plusieurs scénarios sont possibles. Le meilleur des scénarios serait que Donald Trump temporise, par exemple en reportant le délai de la prise de décision, et ce, pour ne pas fermer la porte au dialogue. Un autre consisterait à donner la chance à l’option diplomatique telle que présentée par le président français, Emmanuel Macron, soit une préservation de l’accord tout en ouvrant de nouvelles discussions avec l’Iran incluant les autres dossiers qui fâchent (missiles balistiques, rôle régional de Téhéran, l’après-accord de 2015). Mais cette hypothèse est sujette au doute, puisqu’elle est rejetée par Téhéran, et ne semble pas convaincre Washington. Quant au pire, ce serait le retrait pur et simple des Américains, une reprise des sanctions contre l’Iran, et pourquoi pas, un retrait de ce dernier également. Ce serait là le scénario catastrophe, avec le risque d’une reprise des activités nucléaires et d’une escalade des tensions dans la région. Le scénario d’un grand retour en arrière qui ne satisferait l’intérêt de personne. Sauf peut-être d’Israël …
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