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Israël montre ses griffes

Maha Salem avec agences, Lundi, 26 mars 2018

Après plus de dix ans, Israël a admis avoir attaqué et détruit un réacteur nucléaire présumé en Syrie. Une annonce qui vise essentiellement à menacer l'Iran.

Israël montre ses griffes
Israël a reconnu avoir frappé des cibles iraniennes en Syrie le 10 février dernier. (Photo : Reuters)

Il y a plus de dix ans, l’armée israélienne avait attaqué et détruit un présumé réacteur nucléaire secret chez son voisin — et ennemi— syrien, au cours d’une opération aérienne éclair. Et pendant toutes ces années, Israël n’avait pas reconnu cet acte. Une admission vient d’être annoncée par Tel-Aviv dans un timing délicat, de quoi poser des questions sur cette annonce. Pour les observateurs, il s’agit avant tout d’un avertissement adressé à l’Iran. « Il y a entre les deux pays des menaces réciproques, mais chaque camp veut, en fait, faire une démonstration de force, exercer des pressions, pas entrer en guerre », explique Dr Sameh Rached, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.

Il ne faisait guère de doute depuis longtemps qu’Israël était derrière l’audacieux raid en territoire syrien contre le site Al-Kibar, dans la province de Deir ez-Zor (est). Mais jusqu’à présent, la censure militaire empêchait la divulgation d’informations sur cette opération. « Dans la nuit du 5 au 6 septembre 2007, des appareils de l’armée de l’air israélienne ont frappé et détruit un réacteur nucléaire syrien en cours de développement. Le réacteur était sur le point d’être achevé. L’opération a permis de supprimer une menace existentielle émergente pour Israël et toute la région », dit l’armée dans un communiqué.

En assumant ouvertement pour la première fois la responsabilité de l’attaque, Israël a aussi publié des documents tout juste déclassifiés. Et a admis avoir frappé, le 10 février, des cibles iraniennes chez son voisin, après l’entrée d’un drone iranien dans l’espace israélien. Israël avait alors perdu, pour la première fois depuis 1982, un appareil au combat dans la confrontation, qui rappelle la volatilité d’une situation imprévisible.

Cette reconnaissance coïncide avec une multiplication de mises en garde de la part d’Israël contre le renforcement de la présence militaire iranienne dans la Syrie en guerre, et d’appels à corriger ou annuler l’accord conclu par les grandes puissances avec l’Iran sur les activités nucléaires de la République islamique. Pour satisfaire Israël, le président américain, Donald Trump, a donné jusqu’au 12 mai aux Européens pour remédier aux terribles lacunes de cet accord conclu en 2015.

Inquiétudes

Or, la possibilité d’une attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes a longtemps fait l’objet d’intenses spéculations. Pour inquiéter la communauté internationale, le ministre israélien chargé des services de renseignements, Yisrael Katz, n’a pas mâché ses mots, et a expliqué : « Israël ne permettrait jamais que l’arme nucléaire tombe dans les mains de ceux qui menacent son existence: la Syrie hier, l’Iran aujourd’hui ». Partageant le même avertissement, le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, a lui aussi menacé dans un communiqué : « La puissance de notre armée, de notre aviation et de nos capacités de renseignements s’est fortement renforcée par rapport à 2007. Cette équation, tout le monde au Moyen-Orient a intérêt à en tenir compte ».

Si Israël veille à rester à l’écart du conflit en Syrie, qui a éclaté en 2011, il a tout de même mené des dizaines de frappes ponctuelles contre des positions du régime ou des convois d’armes à destination du mouvement chiite libanais Hezbollah, l’un des ennemis d’Israël qui combat au côté du président syrien, Bachar Al-Assad. Dans ce conflit, Israël s’alarme surtout de la présence militaire grandissante en Syrie de l’Iran, autre allié du régime. Il accuse Téhéran de chercher à construire en Syrie et au Liban des usines de production de missiles à haute précision qui pourraient être utilisés contre Israël.

Le message est donc clair. En reconnaissant cette frappe qui date de plus de dix ans, Israël lance un avertissement aux Syriens, aux Iraniens, mais aussi à la communauté internationale pour qu’elle « agisse » contre Téhéran. L’actuel chef d’état-major israélien, le général Gadi Eisenkot, l’a d’ailleurs clairement dit: « Le message de l’attaque de 2007 contre le réacteur, c’est qu’Israël n’acceptera pas qu’on construise des installations susceptibles de constituer (pour lui) une menace existentielle. C’était le message de 1981 (avec Osirak), c’est le message de 2007, et le message pour l’avenir à nos ennemis » .

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