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Processus de paix : Horizons bouchés

Abir Taleb avec agences, Dimanche, 11 mars 2018

Alors que l'annonce du nouveau plan de paix israélo-palestinien peaufiné par Washington se fait attendre, Israël poursuit ses gestes de provocation. L'Autorité palestinienne tente de trouver une nouvelle voie.

Processus de paix  : Horizons bouchés
Les décisions de Trump provoquent souvent la colère des Palestiniens. (Photo:AFP)

Un Palestinien a été tué samedi 9 mars par des tirs de soldats israé­liens après des heurts entre colons israéliens et Palestiniens en Cisjordanie occupée. Selon des sources de sécu­rité palestiniennes, des affrontements avaient débuté près de Naplouse après que des colons eurent attaqué des Palestiniens, ensuite, l’armée israélienne est intervenue et a tiré en direction d’un groupe de Palestiniens. La veille, un autre Palestinien a été tué par des tirs de l’armée israé­lienne lors de heurts à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, une poudrière où quelque 800 juifs vivent, pour la plupart par conviction idéolo­gique, sous haute protection militaire parmi 200000 Palestiniens. Et les semaines à venir risquent de témoigner d’une escalade: des Palestiniens comptent planter des centaines de tentes le long de la frontière israélienne dans la bande de Gaza. Un mouvement prévu pour durer du 30 mars au 15 mai, deux dates significatives dans le calendrier palestinien. La première marque la « Journée de la terre », qui commé­more tous les ans la mort de 6 Arabes sans armes, tués lors de heurts avec les forces israé­liennes à l’occasion de manifestations contre des expropriations de 1976. La seconde date corres­pond à la « Nakba » de 1948, c’est-à-dire la création de l’Etat d’Israël en 1948. « Il s’agit d’un mouvement populaire, de nature pacifique et citoyenne », a dit à l’AFP un haut responsable du mouvement organisateur de cette initiative, Bassem Naïm. « Nous nous attendons à ce que l’occupation le réprime, mais elle seule portera toute la responsabilité », a-t-il ajouté.

En fait, depuis l’annonce, le 6 décembre 2017, de la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël, le climat est tendu dans les territoires occupés où au moins une trentaine de Palestiniens ont été tués dans des violences. Une crispation qui va grandissant. Depuis cette annonce en effet, les provocations à l’encontre des Palestiniens ne finissent pas. D’une part, du côté américain. Le président des Etats-Unis ne s’est pas contenté de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, il a ulcéré encore plus les Palestiniens en annonçant le 5 mars qu’il pourrait assister au transfert de l’am­bassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem en mai prochain. De l’autre, du côté israélien, qui multiplie les provocations. Ainsi, la Knesset, le parlement israélien, a adopté le 7 mars une loi visant à annuler le permis de séjour des Palestiniens de Jérusalem ayant soi-disant des liens avec les groupes qualifiés d’« organisation terroriste ». Or, cette qualification reste floue, et ouvre la voie à bien d’abus de la part des autori­tés israéliennes. Car avec cette loi, Israël ne fait que poursuivre— mais de manière beaucoup plus flagrante— ses politiques de judaïsation de Jérusalem, en vidant la ville de ses habitants palestiniens. Actuellement, près de 300000 Palestiniens vivent à Jérusalem-Est. Ils détien­nent des permis de résidence permanente déli­vrés par le ministère israélien de l’Intérieur, contrairement à ceux vivant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, qui, eux, détiennent des permis de résidence et des documents juridiques délivrés par l’Autorité palestinienne.

Les relations Tel-Aviv-Washington au beau fixe

Autant de gestes qui n’augurent rien de bon. Fort du soutien sans faille des Américains, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, se montre inflexible vis-à-vis des Palestiniens. « Nos relations n’ont jamais été aussi bonnes », a déclaré lundi 5 mars le président américain, parlant des relations israélo-américaines alors qu’il recevait Netanyahu. La veille, le vice-pré­sident, Mike Pence, avait décrit Donal Trump comme « le président le plus pro-Israël de l’his­toire des Etats-Unis », et déclaré que « l’Amé­rique est aux côtés d’Israël aujourd’hui, demain, et toujours ». Pourtant, Trump avait auparavant promis un nouveau plan de paix, qui devrait « satisfaire tout autant les Israéliens que les Palestiniens », selon la Maison Blanche. Mais le président américain s’est visiblement montré évasif— et prudent— face à Netanyahu, sur les moyens d’y parvenir. Aucun détail n’a donc filtré sur le plan de paix israélo-palestinien auquel travaille Washington depuis près d’un an, sous la direction de Jared Kishner, le gendre et conseiller du président, et du négociateur en chef américain pour le Proche-Orient, Jason Greenblatt. Ce plan, qui fait l’objet d’intenses spéculations, serait pourtant bouclé, selon le secrétaire d’Etat Rex Tillerson et des membres de l’Administration américaine. Il n’y aurait plus qu’à le mettre sur le papier, et que le président décide quand le présenter.

En attendant, Israël poursuit, tranquille, ses politiques empêchant à terme l’établissement d’un Etat palestinien. Les Palestiniens, eux, ten­tent de parvenir à un « nouveau programme politique », ce qui sera au menu des discussions du Conseil national palestinien, qui se réunira en avril prochain pour la première fois depuis plu­sieurs années. Et avant même qu’il ne soit rendu public, les doutes planent sur la faisabilité d’un tel plan. Car au Proche-Orient, les préoccupa­tions de Netanyahu tout comme celles de Trump sont ailleurs. Elles se portent vers l’Iran... .

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