
Les partisans de Nawaz Sharif ont célébré en grande pompe sa victoire.
(Photo: AP)
Victorieux, Nawaz Sharif, chef de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), a fait cette semaine un retour spectaculaire au pouvoir après des années d’exil et d’opposition, en remportant haut la main les législatives.
Premier ministre à deux reprises pendant les années 1990, M. Sharif a commencé dimanche 12 mai ses consultations en vue de former un gouvernement qui aura la lourde tâche de résoudre les problèmes économiques et sécuritaires du pays.
Selon la commission électorale, la participation au vote a atteint 60 %, le taux le plus élevé depuis 1977. Cette forte participation est un triomphe pour la démocratie dans une ambiance alourdie par une dizaine d’attaques talibanes qui ont fait 26 morts le jour du scrutin, portant à 150 le nombre de personnes tuées dans les violences liées à ces élections depuis un mois.
Les Pakistanais, las de la crise énergétique qui paralyse l’économie du pays et des attentats presque quotidiens, aspirent à un changement de régime qui serait le remède à tous leurs maux, analysent les experts.
D’après le dépouillement de plus de la moitié des bulletins, les télévisions locales ont pronostiqué lundi 13, pour le parti de Sharif, plus de 115 sièges sur les 272 députés élus. Suivent le Mouvement pour la justice (PTI) d’Imran Khan et le Parti du Peuple Pakistanais (PPP), au coude à coude, avec une trentaine de sièges.
Le PTI s’impose
La forte percée du PTI est due à l’enthousiasme suscité chez les jeunes et les classes moyennes par les promesses d’Imran Khan qui a juré de mettre fin à la corruption qui ronge le pays. Quant au PPP, à la tête de la coalition au pouvoir depuis cinq ans, il a connu une débâcle au point d’être presque rayé de la carte politique du pays en dehors de son fief de la province méridionale du Sind.
« Nous devons remercier Dieu d’avoir donné à la Ligue musulmane (PML-N) une autre chance de servir le Pakistan », a déclaré Sharif en annonçant sa victoire à ses supporteurs rassemblés à Lahore (est). Avec cette victoire, M. Sharif est le premier responsable pakistanais à devenir premier ministre une troisième fois. Ce retour aux affaires par la grande porte a le goût de la revanche pour Sharif, chassé du pouvoir par le coup d’Etat du général Musharraf en 1999 et qui partit en exil avant de revenir s’imposer en tant qu’opposant.
Ironie de l’histoire, Sharif va reprendre le pouvoir au moment où Musharraf est confiné par les autorités dans sa maison d’Islamabad. L’inverse de 1999, lorsque Musharraf déposa Sharif et le plaça en résidence surveillée. Le chef de la PML-N va ainsi succéder au PPP du président Asif Zardari, alourdi par son mauvais bilan sécuritaire et économique pendant cinq ans au pouvoir.
Plus de 86 millions de Pakistanais étaient appelés le 11 mai à voter pour choisir leurs 342 députés à l’Assemblée nationale et leurs représentants dans les quatre assemblées provinciales. Ce scrutin est considéré comme historique, car il va permettre à un gouvernement civil de passer la main à un autre après avoir terminé un mandat complet de cinq ans, une première dans ce pays créé en 1947 et à l’histoire jalonnée de coups d’Etat militaires.
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