La colonisation israélienne progresse à un rythme sans précédent.
(Photo : AFP)
C’est à la dernière minute qu’Israël a décidéde reporter un vote sur un projet de loi controversésur la colonisation. Un projet qui équivaudrait à une annexion de facto des colonies israéliennes autour de Jérusalem. L’annonce a étéfaite samedi 28 octobre par un responsable israélien. Le projet de loi, intitulé«loi sur le Grand Jérusalem », devait être votédimanche par un comitéministériel dans le but d’accélérer son examen àla Knesset (parlement). Selon le ministre israélien du Renseignement, Israël Katz, favorable au projet de loi, les colonies qui passeraient sous juridiction de Jérusalem représentent une population estimée à150 000 personnes.
Citépar l’AFP mais sous le couvert de l’anonymat, le responsable israélien a déclaréque le projet de loi avait besoin d’une «préparation diplomatique », sans donner davantage de détails. Il s’agit d’une allusion àla volontédu premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, de discuter d’abord du projet de loi avec la Maison Blanche, qui cherche àrelancer les pourparlers de paix israélo-palestiniens au point mort. En effet, l’Administration du président américain, Donald Trump, s’est dite opposée au projet de loi israélien. «Je pense qu’il est juste de dire que les Etats-Unis découragent les actions qui, selon eux, détourneront les concernés des efforts pour les négociations de paix », a ainsi déclaréle responsable américain, citépar l’AFP.
«Le projet de loi d’extension de Jérusalem est considéré comme tel par l’administration (américaine) ». Par ailleurs, le députéisraélien, David Bitan, chef de la coalition gouvernementale de M. Netanyahu, a reconnu dimanche àla radio militaire «une pression américaine ». Selon le quotidien israélien Haaretz, M. Netanyahu a affirmédimanche àses ministres que le projet de loi devait être discutéen amont avec des responsables américains. Pourtant, la position américaine reste floue. Tout en faisant part de sa volontéde parvenir àla paix, et tout en déclarant qu’une colonisation «effrénée »ne servait pas la paix, l’Administration Trump rejette toute exigence de gel de la colonisation. Plus tranchée, la position de l’Union européenne appelle Israël à«reconsidérer »ses décisions. Selon Bruxelles, la colonisation nuit àla «viabilité de la solution à deux Etats et à la perspective d’une paix durable ».
Un coup fatal àla solution àdeux Etats
Car la loi, si elle est votée, risque de provoquer une onde de choc. En effet, cette loi incorporerait àla municipalitéisraélienne de Jérusalem des colonies se trouvant au sud et àl’est de la ville, en Cisjordanie, territoire occupépar Israël depuis 50 ans. C’est donc un pas vers l’annexion unilatérale des colonies concernées, qui enterrerait la solution àdeux Etats, c’est-à-dire empêcherait de facto la création d’un Etat palestinien. D’oùl’indignation palestinienne, malgréle report du vote.
Ce texte vise àperpétuer l’occupation israélienne, «légaliser la présence des colons extrémistes juifs sur le sol palestinien et parachever la coupure totale »entre Jérusalem- Est, la partie palestinienne de Jérusalem et la Cisjordanie, a déclaréHanane Achraoui, une dirigeante de l’Organisation de libération de la Palestine. Selon elle, «ces agissements représentent la fin de la solution à deux Etats », c’est-àdire la création d’un Etat palestinien coexistant avec Israël. Les Palestiniens ont de quoi s’alarmer, d’autant plus que cette solution, référence de la communautéinternationale pour résoudre le conflit israélo-palestinien, paraît de plus en plus compromise, non seulement àcause de l’intransigeance israélienne, mais aussi en raison de la «mollesse »de la position de Washington, principal parrain du processus de paix, et le refus du président américain, Donald Trump, de s’engager en faveur de la solution àdeux Etats.
A cela s’ajoute le fait que les colonies autour de Jérusalem, dont certaines visées par la «loi sur le Grand Jérusalem »comme Maale Adoumim ou Goush Etzion, coupent Jérusalem-Est de la Cisjordanie et compromettent la construction d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale. Ainsi, non seulement la colonisation juive rogne les terres sur lesquelles les Palestiniens aspirent àformer un Etat indépendant, mais en fragmentant la continuitédes territoires. Pendant ce temps, Israël poursuit sa politique de colonisation. La semaine dernière, il a approuvéla construction de plus de 2 600 logements pour colons en Cisjordanie occupée, et de 176 au coeur d’un quartier palestinien de Jérusalem-Est. Et l’Etat hébreu ne compte pas, que la loi passe ou non : de l’aveu même du ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, jamais, la construction des colonies n’a étéaussi importante. «Nous travaillons à un rythme qui n’a pas d’équivalent depuis 2000. 3 000 logements sont actuellement en construction et 7 500 permis sont à différents stades de la procédure », a-t-il fièrement déclarélors d’une visite dans les colonies.
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