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Au Venezuela, une crise qui perdure

Lundi, 23 octobre 2017

Après sa défaite aux élections régionales, l'opposition, qui n'a recueilli que cinq postes de gouverneurs, a ouvert une nouvelle crise politique, en refusant de prêter serment devant l'Assemblée constituante.

Un nouveau bras de fer s’est engagé au Venezuela après la défaite de l’opposition face au camp du président socialiste, Nicolas Maduro, lors des élections régionales la semaine dernière. Sur les 23 régions, le Parti socialiste uni du Venezuela du président a raflé 18 postes de gouverneurs alors que l’opposition — fragili­sée par de profondes divisions — n’a recueilli que 5. Un résultat qui prouverait qu’une bonne partie du peuple soutient le président malgré la grave crise économique et politique qui secoue le pays. « La plupart des classes défavorisées soutiennent Maduro et sont sûres qu’il va sauver le pays de la crise économique qui le ronge à l’instar de son mentor Hugo Chavez. Le peuple n’a pas d’alternative : chaque jour il découvre que l’opposition reste plus déchirée que jamais et serait incapable de diriger le pays en cas de destitution de Maduro », explique ainsi Dr Moustapha Al-Sayed, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire.

Cela ne signifie pas pour autant que la bataille est gagnée pour Maduro. La crise politique est en effet loin d’être finie. Suite à ce vote, un bras de fer s’est engagé au Venezuela, les 5 gouver­neurs de l’opposition ayant boycotté la cérémo­nie de prestation de serment devant l’Assemblée constituante qui a confisqué en août dernier les prérogatives du parlement, la seule autorité contrôlée par les adversaires de Maduro. « Les 5 élus de l’opposition ne prêteront serment que devant Dieu et les conseils législatifs régio­naux », a indiqué la Table pour l’unité démocra­tique (MUD), la coalition qui rassemble les adversaires de Maduro. Or, ce dernier a prévenu que les gouverneurs de l’opposition ne pour­raient prendre leurs fonctions qu’après avoir prêté serment devant l’assemblée. « S’ils déci­dent de ne pas prendre leurs fonctions, les orga­nismes correspondants fonctionneront, mais il n’y aura pas de vide de pouvoir », a mis en garde le président sans plus de précision.

Face à cette impasse, l’opposition risque de perdre les 5 régions qu’elle contrôle. Mais si ces 5 gouverneurs sont destitués, il n’est pas clair encore s’il faudra ou non organiser de nouvelles élections dans ces régions, de quoi ouvrir une nouvelle phase du conflit.

Pressions internes et externes
Compliquant la crise, la MUD a dénoncé des irrégularités dans le processus électoral, écartant tout dialogue avec le gouvernement sans un audit indépendant sur la validité des élections régionales. Quoique divisée, l’opposition était parvenue à mobiliser les foules au printemps pour une vague de manifestations d’avril à juillet afin d’exiger le départ de Maduro. Les rues sont, depuis, revenues au calme, reflet d’un probable découragement populaire, et les adversaires du président ont semblé divisés, hésitant entre dia­logue et confrontation avec le pouvoir.

Outre l’opposition, les résultats du vote ont été mis en doute par les Etats-Unis, l’Union Européenne (UE) et une douzaine de pays d’Amérique latine qui ont condamné des élec­tions « ni libres ni justes ». Il y a deux semaines, les Etats-Unis ont imposé des sanctions écono­miques au régime Maduro alors que l’UE a récemment donné leur « accord de principe » à la mise en place de sanctions. Vendredi, le Canada a affirmé vouloir accroître la pression sur le régime Maduro, en annonçant qu’il sera l’hôte d’une réunion de pays de la région cher­chant une solution à la crise au Venezuela. Les ministres des Affaires étrangères d’une dizaine de pays d’Amérique latine et des Caraïbes vont se réunir jeudi prochain à Toronto pour accen­tuer la pression sur le président socialiste.

Il semble désormais évident que le président socialiste ne va jamais céder le pas quelles que soient les pressions internes ou externes. Outre le soutien de toutes les instances du pays, surtout l’armée, Maduro jouit du soutien de la Russie et de la Turquie, deux pays forts économiquement et militairement, de quoi rendre toute sanction contre son pays sans grand impact .

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