Le Conseil de sécurité s'est réuni en urgence les 12 et 15 septembre pour faire face aux provocations nord-coréennes. (Photo : AFP)
L’adoption par le Conseil de sécurité de l’Onu d’une huitième série de sanctions la semaine dernière contre la Corée du Nord n’a pas mis fin aux tirs de missiles balistiques par Pyongyang. Le régime nord-coréen a procédé, vendredi dernier, au tir d’un nouveau missile au-dessus du Japon. Selon les experts, ce missile a parcouru une distance de 3 700 kilomètres en passant au-dessus de la partie nord du Japon, avant de s’abîmer dans l’océan à quelque 2 000 kilomètres à l’est des côtes de l’île septentrionale nippone de Hokkaido.
Il s’agit du plus long vol d’un missile balistique nord-coréen, de quoi montrer que la Corée du Nord dispose de la portée suffisante d’atteindre l’île américaine de Guam que le leader nord-coréen, Kim Jong-Un, avait menacé de frapper. Kim Jong-Un a estimé samedi que son dernier tir d’un missile Hwasong-12 avait été un succès et avait permis d’augmenter les « capacités nucléaires militaires » de son pays, affirmant être proche de détenir l’arme nucléaire. « Le but est de faire en sorte que les dirigeants américains n’osent même plus envisager une option militaire contre la République populaire démocratique de Corée », a insisté le leader nord-coréen. Il n’est donc pas question pour Pyongyang d’arrêter son programme nucléaire.
Réunion du Conseil de sécurité
En réponse à ce défi, le Conseil de sécurité s’est réuni vendredi en urgence pour condamner fermement le dernier tir de missile nord-coréen jugé « hautement provocateur ». « Il s’agit d’acte scandaleux », a affirmé le conseil sans évoquer de nouvelles sanctions. « Je trouve que les sanctions enveniment de plus en plus la crise. Déjà, huit trains de sanctions du Conseil de sécurité n’ont pas amené la Corée du Nord à renoncer à son programme nucléaire. Pour la Corée du Nord, le nucléaire est un outil de chantage. Pyongyang a réussi à contourner les sanctions grâce au soutien de Pékin et de Moscou », explique Dr Norhane Al-Sayed, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire.
Les présidents russe, Vladimir Poutine, et français, Emmanuel Macron, ont appelé vendredi à des négociations directes pour « faire baisser les tensions » avec la Corée du Nord. La semaine dernière, la chancelière allemande, Angela Merkel, avait, elle aussi, proposé des négociations avec Pyongyang. Pour sa part, le président américain, Donald Trump, a enjoint la Chine et la Russie, deux alliées de Pyongyang, de faire pression sur leur voisin communiste, affirmant son intention de se rendre en Chine, au Japon et en Corée du Sud en novembre prochain — première visite du président américain en Asie — afin de débattre de la crise nord-coréenne. Trump rencontre cette semaine les dirigeants de la Corée du Sud et du Japon en marge de l’Assemblée générale de l’Onu pour évoquer la menace « dangereuse » et « urgente » posée par la Corée du Nord.
La semaine dernière, la Russie et la Chine avaient voté en faveur des sanctions du Conseil de sécurité de l’Onu, mais le projet d’embargo pétrolier total initialement présenté par les Etats-Unis a été revu nettement à la baisse pour obtenir l’aval de Pékin qui fournit à Pyongyang l’essentiel de son pétrole et dispose d’un droit de veto. « La Chine doit utiliser le levier de ses exportations de pétrole vers la Corée du Nord pour faire pression sur le régime de Pyongyang en vue d’une résolution diplomatique de la crise. La Chine fournit la majeure partie du pétrole de la Corée du Nord. La Russie aussi est le premier employeur de travailleurs forcés nord-coréens », a souligné le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson. Selon les experts, ni la Chine ni la Russie n’allaient permettre l’effondrement de leur voisin communiste. Pékin est horrifié par l’idée d’un effondrement de son voisin, qui pourrait déboucher sur une situation chaotique, un afflux de réfugiés et surtout une réunification de la péninsule sous les auspices des forces militaires américaines. Quant à Moscou, elle adopte une position anti-américaine en s’opposant aux sanctions et aux menaces militaires de Washington. La Russie est attachée au dialogue avec la Corée du Nord car le chef du Kremlin veut dessiner une image de négociateur hors pair et de rempart contre l’hégémonie américaine à quelques mois de la présidentielle de mars 2018. Elle veut s’imposer en tant que force de poids apte à résoudre les crises en Asie afin de réduire l’influence américaine dans la région. C’est en jouant sur ces divisions entre les superpuissances que la Corée du Nord oeuvre à développer son arsenal nucléaire.
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