« Il est temps que les Kurdes aient leur propre Etat ». C’est sans équivoque que le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a offert un rare soutien à l’indépendance kurde, déclarant à une délégation de 33 députés américains républicains en visite la semaine dernière en Israël qu’il était en faveur d’un Etat indépendant pour les « hommes courageux et pro-occidentaux qui partagent nos valeurs », comme l’a rapporté le Jérusalem Post. Et il n’est pas le seul. L’ancien ministre et député du Likoud Guidon Saar, qui est vu comme un héritier potentiel de Netanyahu, a exhorté Israël à soutenir l’indépendance du Kurdistan, déclarant au mois de juin dernier qu’« ils ont prouvé pendant des décennies être un partenaire stratégique fiable pour nous ».
Si ce n’est un secret pour personne que Tel-Aviv soutient les Kurdes, il est toutefois rare que les dirigeants israéliens l’affirment aussi ouvertement. D’habitude, ils le font plus discrètement pour éviter d’offenser la Turquie, elle aussi alliée d’Israël. La dernière fois que Netanyahu a publiquement soutenu les Kurdes, c’était en 2014. Il avait alors déclaré : « C’est à nous de soutenir l’aspiration des Kurdes à l’indépendance ».
Derrière cet appui israélien, le désir de limiter la puissance régionale aussi bien de la Turquie que celle de l’Iran — car un éventuel Etat kurde affaiblirait certainement ces deux pays qui abritent une minorité kurde —, de se faire un nouvel allié régional, mais aussi et surtout celui de se garantir d’être la plus importante puissance régionale.
Les Kurdes, par le biais de leurs médias, se sont évidemment réjouis de ce soutien israélien. Et pour prouver que ce n’est pas une démarche unilatérale de Benyamin Netanyahu, le site Kurdistan 24 n’a pas manqué de rappeler que l’année dernière, la ministre israélienne de la Justice, Ayelet Shaked, avait ouvertement appelé à l’établissement d’un Kurdistan indépendant qui serait un Etat allié d’Israël. L’ancien ministre Guidon Saar lui aussi avait souligné la proximité entre juifs et Kurdes, « minorités au Proche-Orient qui ont toujours entretenu des relations amicales ».
En fait, ce soutien ne date pas d’hier. Voilà plusieurs décennies déjà que les nationalistes kurdes s’inspirent d’Israël comme étant le modèle d’un Etat « différent » au Moyen-Orient, au beau milieu d’un environnement qui lui est hostile, et qui a réussi, contre vents et marée, à survivre et à s’imposer comme un Etat fort. Dans les années 1960, quelques années à peine après la création de l’Etat d’Israël, des agents du Mossad avaient été envoyés au nord de l’Iraq pour aider le leader Mustafa Barzani dans sa rébellion contre l’armée iraqienne. L’assistance était principalement dans le domaine sécuritaire et militaire, mais elle s’est élargie au fil des ans. Selon certains observateurs, Israël importerait les trois quarts de son pétrole du Kurdistan iraqien, une région riche en pétrole. L’or noir est en effet un enjeu d’envergure dans la question kurde. De quoi compliquer davantage la situation l
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